Grégory Patat s’enflamme puis peste : « Malgré la saison qu’on a faite, on n’a pas beaucoup parlé de nous… »
Grégory Patat s’enflamme puis peste : « Malgré la saison qu’on a faite, on n’a pas beaucoup parlé de nous… »
Le mercredi 11 juin 2025 à 13:19 par David Demri
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Ce n’était pas écrit, pas même envisagé. Et pourtant, au moment d’aborder les phases finales, l’Aviron bayonnais s’avance, solidement campé à la quatrième place du Top 14, avec un barrage à domicile et des ambitions décomplexées.
Loin d’un miracle ou d’une série de circonstances favorables, cette réussite repose sur un socle bien plus profond : une équipe soudée, un travail minutieux et une philosophie collective portée par un staff discret mais redoutablement efficace.
Une montée en puissance inattendue
Le scénario était clair au début de saison : viser le Top 8 pour goûter à la Champions Cup. Un objectif modeste, réaliste, que le club basque a rapidement dépassé. Dès la première moitié du championnat, l’idée de la qualification directe s’est imposée. Et semaine après semaine, Bayonne a consolidé sa position jusqu’à faire de Jean-Dauger une place forte du rugby français.
« Je serais un menteur si j’avais dit qu’en début de saison, on aurait fini quatrième », admet sans détour Joris Segonds via Midi Olympique. « En tout cas, c’est beau. Le Top 14 c’est quelque chose de dur. C’est un marathon. Chaque semaine est une remise en question. Il n’y a plus de match facile que ce soit à la maison ou à l’extérieur. C’est beau de montrer ce visage-là car très peu de personnes croyaient en nous. Et en plus, bien des gens disaient que Bayonne allait sortir à tout moment du top 6, limite qu’on faisait un peu tache. Ce qu’on a montré face à Toulon, c’est quand même beau ! »
Une forteresse nommée Jean-Dauger
Dans un championnat où l’homogénéité règne, rester invaincu à domicile relève de l’exploit. Bayonne y est parvenu, et plus encore : le club a même brillé lors de ses délocalisations à Anoeta, dominant Pau et La Rochelle. Une stabilité précieuse que peu d’équipes ont su entretenir cette saison.
La victoire face à Toulon, dans un ultime match sous tension, a illustré la capacité des Basques à réagir dans l’adversité. « Ce groupe aime aussi se faire peur », glisse Grégory Patat. « Il a attendu le dernier moment pour glaner ce point qui lui manquait. »
Pas de coup de mou, mais de la constance
Quand tant d’autres formations ont connu des hauts et des bas, l’Aviron, lui, a fait preuve de régularité. Pas de longues séries noires, juste quelques revers rapidement effacés par des rebonds maîtrisés.
« On a su gagner les matchs quand il le fallait », souligne Patat. « Le pire scénario a été deux défaites à l’extérieur d’affilée. (…) On est quand même une équipe solide qui sait encaisser des scénarios et qui est candidate potentielle au Brennus. »
Un collectif uni, cimenté par l’amitié
Derrière cette mécanique bien huilée, un moteur humain. Le vestiaire bayonnais vit bien, et cela change tout. Guillaume Rouet, l’un des piliers du club, ne cache pas son plaisir : « On a un super groupe. Je me régale cette année. (…) On est vraiment une bande de potes. Ça se ressent sur le terrain. » Joris Segonds confirme : « C’est bête à dire mais je pense qu’on a un groupe incroyable, qui vit très bien. (…) Même les jours off, on est ensemble. Ça joue énormément. »
Cette cohésion ne doit rien au hasard. Elle est le fruit du travail du staff en place depuis trois saisons. Une stabilité rare qui permet à chacun de s’exprimer.
Dans la foulée, Grégory Patat estime que son équipe n’a pas connu de trou d’air comme les autres équipes du Top 14. Extrait:
« On a su gagner les matchs quand il le fallait, continue le manager. J’insiste, vous avez vu le nombre de trous d’air qu’ont vécus certaines équipes ? Nous, on ne l’a jamais connu. Le pire scénario a été deux défaites à l’extérieur d’affilée. On est quand même une équipe solide qui sait encaisser des scénarios et qui est candidate potentielle au Brennus. »
Et en effet, Bayonne s’est montré constant tout au long de la saison. C’est d’ailleurs la seule équipe qui est invaincue à domicile, cette saison.
« Est-ce qu’il faut faire du buzz pour être reconnu ? C’est peut-être le rugby business qui veut cela. Moi, je sais que, dans mon staff, il y a une complémentarité de compétences et ça fonctionne. L’ego est très bien placé chez nous et les paroles que l’on livre aux joueurs sont faciles. Il n’y a pas de double discours dans notre bureau. Cela fait la force de notre staff. », explique Grégory Patat.
Un effectif plus dense, mieux préparé
Cette saison, Bayonne a bénéficié d’un groupe étoffé, capable de supporter les rotations et de maintenir l’intensité. « On a plus de longueur de banc », insiste Patat. « Il y a eu pas mal de rotations. (…) Même si les contenus n’étaient pas toujours super, on a su gagner les matchs quand il le fallait. »
Le club s’est même offert un beau parcours européen, atteignant les huitièmes de finale du Challenge Cup — un bonus qui en dit long sur la profondeur de l’effectif.
Un outsider crédible
Il y a encore un an, personne n’aurait osé imaginer Bayonne en lice pour le Brennus. Mais aujourd’hui, le discours a changé. Sans fanfare ni excès, l’Aviron avance avec des certitudes et une confiance tranquille. Même si les projecteurs ne se braquent pas toujours sur eux, l’intérieur du vestiaire, lui, sait ce qu’il vaut.
« Je trouve que malgré la saison qu’on a faite, on n’a pas beaucoup parlé de nous », regrette Patat. « Beaucoup pensent que, Bayonne quatrième, c’est une normalité. Quand on voit la difficulté de ce championnat, c’est incroyable d’en être arrivé là. On n’a pas encore d’histoire en commun. L’objectif était de finir dans le top 8. On s’est nourri des ambitions générées par les résultats. Même si on ne voulait pas que cette quatrième place nous mette la pression sur ce dernier match, on aurait été forcément frustrés de ne pas en avoir un autre ici. Je nous ai trouvés très costaud durant toute la saison malgré quelques mauvais résultats à l’extérieur, rattrapés néanmoins le week-end d’après à la maison.
On a toujours su rebondir. Dans la vie, on te fixe des objectifs et, souvent, quand tu y réponds, on te demande toujours plus. C’est la réalité de notre milieu. Mais c’est bon pour nous aussi, on doit se remettre en question et trouver la bonne stratégie qui va faire gagner. Mais même si ça se passe bien, tu te mets la pression toi-même. Ça a été dur dans le fait que le championnat a été, cette année, homogène, fou… Et ce n’est pas fini. »
1992 – 2024 : le quart de finale, enfin
Trente-deux ans. Il aura fallu patienter trois décennies pour revoir Bayonne à ce stade du Top 14. Une attente terminée, mais peut-être pas une fin d’histoire. Grégory Patat n’élude pas la pression, mais il assume la trajectoire.
« Dans la vie, on te fixe des objectifs et, souvent, quand tu y réponds, on te demande toujours plus. (…) Mais c’est bon pour nous aussi. »
Bayonne, éternel poil à gratter, s’avance sans bruit, mais avec des certitudes. Et si le silence était la meilleure des stratégies pour décrocher l’impossible ?
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3 Commentaires
Cette année là, les premiers des 4 poules (Bordeaux, Agen, Toulouse et Narbonne) avaient déjà tous été éliminés en 8e lol.
En 1992 Toulon champion pour la 3ème fois
Bayonne fais une super saison , consistante … on va voir samedi s’ils n’ont pas les genoux qui tremblent , première qualification depuis 2 siècles donc grosse pression sur les épaules à domicile . L’ASM s’est moins fort mais on a plus aucune pression maintenant ..on va voir
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