MUNSTER-TOULOUSE en entrée. Clermont-Leicester en plat de résistance. Toulon-Leinster en dessert. Cette saison, les quarts de finale de Coupe d’Europe proposent des affiches de gala. À ce niveau-là, c’est du jamais-vu. Les deux provinces irlandaises et les « Tigres » anglais ont déjà remporté sept trophées européens à eux trois, c’est deux de plus que les trois clubs français réunis. Show devant, donc. Avant l’effroi d’un coup de pompe en Top 14 ? Le risque est réel. Car s’il fut un temps où les gros bras du Championnat, nantis d’une confortable avance, pouvaient tranquillement gérer la fin de la saison régulière en s’accordant ici ou là une petite impasse pour reposer leurs cadres en vue des échéances européennes, ce n’est plus possible. Bien sûr, Toulon (2e) et Clermont (3e) devraient conserver leur place dans le top 6. Mais ni l’un ni l’autre ne sont assurés de finir aux deux premières places et ainsi d’éviter un match de barrage. Toulouse, lui, a pour l’instant réussi à sauver sa sixième place. Mais il devra probablement remporter ses trois derniers matches (contre Brive, Oyonnax et Grenoble) pour espérer une vingt et unième demi-finale de Championnat d’affilée.

Ce printemps qui démarre n’offrira donc aucun répit aux clubs français encore engagés sur les deux tableaux (voir par ailleurs). Les autres candidats au Bouclier de Brennus, Montpellier, le Racing ou Castres, doivent même se frotter les mains à l’idée de voir leurs adversaires (plus le Stade Français et Brive, qui joueront les Harlequins et Bath en Challenge), dépenser une folle énergie sur la scène européenne. Eux n’ont plus que le Championnat et auront du temps pour régénérer les troupes pendant que leurs meilleurs ennemis s’engageront dans un possible long tunnel de deux mois sans coupures, avec des matches couperets tous les week-ends.

NOVÈS : « LES JOUEURS NE SONT PAS DES MACHINES »

En théorie, bien sûr, Toulouse, Clermont et Toulon disposent d’un effectif suffisamment étoffé pour supporter ce cumul des compétitions. Sauf que la pratique n’a jamais confirmé la théorie. Le CO aurait-il été sacré la saison dernière s’il n’avait pas eu la « chance » d’affronter en demi-finales (Clermont) et finale (Toulon) deux équipes rincées par leur campagne européenne ? Pas sûr. Guy Novès, le manager général de Toulouse, dont l’équipe pourrait jouer neuf matches décisifs en neuf semaines si elle franchit tous les obstacles d’ici à la fin de saison, a toujours estimé qu’un doublé Coupe d’Europe-Championnat était impossible. Il le pense toujours. « La seule année où on l’a réussi (1996), les clubs anglais n’y participaient pas et les doublons n’existaient pas (et la finale se jouait en janvier). Castres est une magnifique équipe, elle mérite son titre de l’an dernier, mais l’équité sportive est-elle respectée lorsque le calendrier lui oppose en finale Toulon, qui a dû se farcir une finale européenne contre Clermont et une demi-finale du Championnat contre Toulouse juste avant ? Les joueurs ne sont pas des machines, mais des êtres humains. Pour moi, ce doublé est donc impossible, je le dis depuis toujours. Mais bon, je n’imaginais pas non plus qu’Usain Bolt arriverait un jour à courir le 100 m en 9 »58… »Toulouse, Clermont et Toulon joueront évidemment leur quart européen sans calcul. Au risque de le payer plus tard. Et en espérant que la nouvelle formule de la Coupe d’Europe, dont l’annonce ne devrait plus tarder, leur aménagera un calendrier plus conciliable avec les obligations d’un Top 14 de plus en plus indécis.

Source: lequipe.fr