« Il faut savoir gagner salement » : les confidences cash d’Antoine Dupont

« Il faut savoir gagner salement » : les confidences cash d’Antoine Dupont

Le dimanche 20 juillet 2025 à 13:02 par David Demri

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Invité du podcast Sous le soleil de Platon (France Inter) animé par Charles Pépin le 17 juillet, Antoine Dupont s’est confié bien au-delà du terrain.

Le capitaine du XV de France et du Stade Toulousain y explore une vision du haut niveau où l’esthétique passe après l’efficacité, où l’adaptation prime sur le style — et où il faut parfois accepter de « gagner salement ».

La victoire d’abord, même sans fioritures

Dupont balaie l’idée qu’une grande équipe doit toujours briller. Pour lui, la performance est contextuelle : météo, adversaire, pression, format. Il cite l’exemple des champions du monde sud‑africains pour illustrer un rugby sans ornements mais terriblement rentable :

« Quand on regarde l’Afrique du Sud, sans doute la meilleure équipe du monde, c’est l’une des équipes qui fait le moins de passes […] Les équipes qui gagnent sont celles qui savent s’adapter à l’adversaire, aux conditions du terrain […] Par exemple avec l’équipe de France ou Toulouse, on arrive à gagner en étant amphibie. C’est-à-dire, sans être toujours esthétique… Il faut savoir gagner salement ».

S’entraîner pour mieux improviser

Le demi de mêlée explique que la liberté sur le terrain repose sur une énorme préparation en amont : répétitions de scénarios, anticipation des réponses possibles, réflexes de décision.

« C’est de l’entraînement, on essaye de nous plonger dans des actions de jeu que l’on pourrait retrouver, différents scénarios, on essaye d’avoir la meilleure réponse à ce qu’il se passe. C’est beaucoup d’entraînement afin de savoir et se faire confiance le jour J pour prendre la bonne décision sur le moment nécessaire, ce qui n’est pas toujours évident. »

Darwin sur pelouse : s’adapter ou perdre

Dans le rugby moderne, aucun match ne ressemble au précédent. Dupont résume l’exigence du très haut niveau en une formule inspirée de l’évolution :

« les meilleures équipes sont celles qui s’adaptent le mieux. La théorie de l’évolution ne date pas d’aujourd’hui et elle s’applique au sport ».

Le « beau » utile, pas décoratif

Questionné sur la place de l’esthétique, Dupont refuse l’opposition caricaturale entre jeu spectaculaire et jeu efficace. Il plaide pour une beauté qui sert le résultat — sinon, elle reste vaine pour les compétiteurs.

« L’idéal c’est la beauté efficace. Parce que la beauté unique n’intéresse pas hormis au spectateur. Mais il y a quand même des gestes très esthétiques et utiles. Mais il faut garder surtout en tête l’efficacité et l’efficience. Si on perd en jouant bien, on va gagner le cœur des gens, mais pas le notre. Un très grand compétiteur ne se contentera jamais d’un très grand « beau » match, s’il est perdu. »

La cicatrice de 2023… et l’exemple Springbok

La Coupe du monde perdue à domicile reste un souvenir vif : « a fait très mal et reste douloureuse », concède-t-il. Mais Dupont en retient surtout l’exemplarité des Sud‑Africains, capables d’allier puissance, discipline et poursuite sans relâche.

« Les Sud-Africains, certes, dominent tout le monde physiquement, mais ils ont quand même de très beaux joueurs de rugby. Ils ont un état d’esprit admirable sur l’intensité qu’ils fournissent. S’ils se font franchir, les 15 mecs vont courir pour rattraper les coups. Ils ne lâchent jamais rien sur chaque zone d’affrontement. »

Revenir plus fort : la blessure comme travail caché

Loin des projecteurs, la reconstruction physique suit son cours. Dupont détaille le quotidien invisible qui prépare le retour au sommet :

« J’en suis à cette période de regain musculaire, retrouver mes amplitudes, enlever les inhibitions, ce n’est que du travail en salle avec les kinés. Pas le plus fun, mais primordial. »

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