Jalil Narjissi réclame justice : « On ne peut pas avoir la paix avec un drame comme ça… il y a des gens qui mentent, qui se défaussent »

Jalil Narjissi réclame justice : « On ne peut pas avoir la paix avec un drame comme ça… il y a des gens qui mentent, qui se défaussent »

Le lundi 21 juillet 2025 à 21:00 par David Demri

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Cela fait désormais quasiment un an que le jeune rugbyman Medhi Narjissi a disparu, emporté par une vague en Afrique du Sud, alors qu’il était avec l’équipe de France U18.

Interrogé via La Dépêche, le papa de Medhi Narjissi, Jalil Narjissi a confirmé que sa famille était toujours autant dévastée.

Celui qui s’apprête à retourner en Afrique du Sud avec son épouse et sa fille affirme qu’il n’a toujours pas pu débuter son deuil. Extrait:

C’est un endroit maudit pour nous, mais c’est malheureusement le seul lieu qui nous reste pour lui. Medhi n’est jamais revenu à la maison. Nous n’avons rien pour nous recueillir. Nous n’avons pas commencé notre deuil parce que la vérité n’a pas encore été faite. Pour nous, c’est une obligation de nous rendre là-bas. Ça nous fait très mal, mais on est obligé de s’y rendre, pour notre fils.

Il affirme s’être déjà rendu sur la plage où s’est déroulé le drame. Extrait:

J’y ai jeté un collier que ma fille m’avait demandé de jeter pour son frère et je suis rentré dans l’eau jusqu’à la taille. J’ai failli me faire emporter. Le sable se dérobe sous les pieds. Ma femme et ma fille ont eu peur. C’est un endroit très dangereux, c’est indiqué sur tous les panneaux.

Il ne manque pas d’exprimer sa colère envers la Fédération Française de Rugby et les responsables de la disparition de son fils. Extrait:

Comment voulez-vous commencer le deuil quand vous n’avez pas récupéré votre fils alors que vous l’avez confié à une fédération ? Quand vous voyez qu’il n’est pas rentré à la maison ? Quand vous voyez les graves fautes qui ont été commises par les encadrants, par l’organisation de la FFR ? Aujourd’hui, il y a une procédure qui est en cours, qui est longue. Cela fait 11 mois que Mehdi a disparu et nous sommes toujours dans l’attente de réponses. Il y a des gens qui mentent, qui se défaussent. Tous ces encadrants sur la plage qui ne se sont pas opposés à cette mise à l’eau, qui n’ont pas porté secours à notre fils. Voilà, c’est toutes ces choses-là, toutes ces questions qui sont sans réponse, qui font que notre deuil est en suspens.

Il ne le cache plus : il va déposer plainte contre le prestataire, à savoir Frédéric Plachési. Extrait:

Oui, nous allons également déposer plainte contre le prestataire [Frédéric Plachési, ndlr]. C’est lui qui connaît les lieux, c’est à lui de s’opposer aux décisions dangereuses, c’était son obligation. Il encadre les équipes nationales françaises depuis plusieurs années, il a une obligation de sécurité. Même si les encadrants sont les premiers responsables, c’était à lui de s’opposer, physiquement et verbalement, à cette mise à l’eau. Il doit être entendu. Et nous, bien sûr, nous comptons l’attaquer en justice car il a sa responsabilité de ne pas s’être opposé à ça. Les enfants ne sont pas allés d’eux-mêmes dans l’eau. Ça a été organisé. Il y avait un prestataire qui encadrait la journée découverte. Ils étaient 25 dans l’eau. Il y en a un qui a disparu : notre fils. Imaginez s’ils avaient été 20 ou 25 à être emportés. Là, on n’en parlerait sûrement plus. Là, la justice irait peut-être aussi plus vite, même si elle fait le maximum.

Il l’affirme : la lutte judiciaire fait tenir le coup à la famille Narjissi. Extrait:

Notre famille est détruite, psychologiquement et physiquement. C’est la vérité pour Medhi qui nous anime. Pour qu’une tragédie comme ça n’arrive plus. C’est le minimum qu’on doit à Medhi. Medhi, c’est lui qui a perdu la vie. Et c’est notre famille qui a pris perpétuité. Aujourd’hui, on est tout seuls.

Il exprime sa grande grande souffrance et sa colère. Extrait:

Mais mettez-vous à notre place. Notre fils de 17 ans a disparu. Ils ont organisé une session de récupération musculaire dans un endroit qui est interdit, qui est dangereux. Il y a des panneaux d’indication partout. Ils étaient neuf sur la plage, neuf à cautionner. Personne ne s’y est opposé… Il y a des panneaux, il y a des vagues de 3 à 5 mètres. Personne n’a porté secours à notre fils. Sauf le jeune Oscar Boutez qui était son copain et qui a failli mourir. Si ça avait été leur enfant, est-ce qu’ils l’auraient laissé se faire emporter ? Est-ce qu’ils peuvent se regarder dans une glace quand ils éduquent leurs enfants ? Ces personnes-là ont joué avec la vie de notre fils. Ils ont une responsabilité. Ça ne nous ramènera pas notre fils, mais, bien évidemment, ces gens-là doivent être radiés d’encadrement. Notre énervement, notre colère, notre souffrance sont légitimes. Quel parent, quel père, quelle mère, quelle sœur ne serait pas en colère ?

Il le crie haut et fort : il ne s’agit pas d’un simple accident. Extrait:

Ce n’est pas un accident. C’est l’accumulation des graves fautes d’encadrement, de responsabilité, d’organisation. Au plus haut niveau. Vous découvrez le rapport du ministère, les erreurs accablantes, la gestion et l’organisation catastrophiques de la FFR, ainsi que les graves manquements des encadrants. Ce ne sont pas juste deux personnes mises en examen. Il y a des responsabilités au plus haut niveau qui doivent être mises en avant. Et quand je lis que le président de la Fédération se permet de dire « ne vous trompez pas de combat ». Quand j’entends les mensonges qui sont dits. D’affirmer qu’on a été accompagnés, qu’il a pleuré à nos côtés, c’est gravissime. C’est grave de se permettre de mentir sur des événements pareils. Et tous ces gens autour qui cautionnent… Quand j’entends que la fédération dit qu’ils ont mis des choses en place pour nous. Non, c’est faux.

Il raconte la forte médiatisation de la disparition de son fils. Extrait:

Notre fils ne doit pas être oublié. Il y a une catastrophe qui a été commise, des fautes graves qui ont été commises. Bien sûr que c’est difficile pour nous de voir notre fils être médiatisé pour sa perte. Avant tout ça, on parlait de lui par rapport à ce qu’il faisait sur le terrain, à son épanouissement… Et aujourd’hui, on parle de lui que pour sa disparition. Ça a été provoqué par la négligence, par des adultes responsables, par une fédération qui n’a pas mis tout en œuvre pour l’encadrement de mineurs, n’a pas respecté les règles. Aujourd’hui, toutes ces fautes ont conduit à ce drame, à cette catastrophe. Et c’est important que les gens le sachent. Il ne faut pas mentir sur le dos de notre fils.

La paix, on ne la retrouvera jamais. On a perdu notre fils. Nous, on a pris perpète et les responsables se défaussent. Il faut qu’ils assument leur responsabilité, et que la justice continue à faire son travail du mieux qu’elle peut. Mais la paix, on ne l’aura jamais. On ne peut pas avoir la paix avec un drame comme ça.

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2 Commentaires

  1. Mayol 83 21 juillet 2025 at 23h- Répondre

    Le rugby !!
    Jadis on disait que c’était un sport de voyous joué par des gentlemen !
    Aujourd’hui c’est un sport dirigé par des escrocs, des voleurs et des moins que rien.
    Écoeurant de voir notre sport favori dans les mains de tels personnages…

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    • ber0683 22 juillet 2025 at 12h- Répondre

      Tout à fait Mayol 83……quant on voit les réactions de Grill par rapport à cette tragédie on ne peut qu’ être écoeuré……