Que Jonny Wilkinson ne s’en veuille surtout pas, il n’y est pas pour grand-chose dans la défaite toulonnaise. Applaudi par le public d’Armandie avant la rencontre, flashé telle une star de rock lors de sa première tentative face aux poteaux (d’ailleurs ratée de peu), le demi d’ouverture anglais n’a pas manqué sa mise en bouche avant le « Crunch » (Angleterre-France dans le Tournoi des Six-Nations, samedi prochain à 18 heures), négociée par son club auprès du sélectionneur Martin Johnson.

Déjà privé de la doublure Felipe Contepomi, le staff varois se voyait mal aligner le peu convaincant Tim May comme le week-end passé face aux Brivistes. Mais depuis hier soir, on sait que si le RCT n’avance pas très vite en ce moment, ce n’est pas seulement à cause de son n°10 car « Wilko » a terriblement joué juste face aux Lot-et-Garonnais.

Agen, le bon souvenir

Bien sûr, sa prestation ne mérite pas les gros titres comme au match aller où il avait dansé devant ces mêmes promus (41-10), inscrivant ses deux essais de la saison, en offrant d’autres et provoquant l’exclusion temporaire de l’Irlandais O’Sullivan, obligé de l’attraper par la gorge pour l’arrêter.

Pas de bras en l’air hier, ni de caviars pour les copains, mais une farouche activité en défense et au soutien pendant la totalité du match, comme pour se défouler après ses 37 pauvres minutes disputées en deux rencontres lors du Tournoi (1). Il en faudra d’ailleurs davantage pour que le champion du monde 2003 perde la justesse de son pied gauche (3/4), précieux comme l’envie dans un sport de combat.

Coquin ?

Wilkinson aurait pu être décisif juste avant la pause lorsque l’ailier du SUA Saïmoni Vaka, voulant récupérer sa chandelle, le bouscula dans les airs. Pas bien méchant, ni réellement dangereux, mais l’Anglais resta longuement allongé, immobile et peut-être coquin. Assez pour persuader l’arbitre : carton jaune pour Vaka.

Même à 15 contre 14, les attaques toulonnaises, bien lancées par Wilkinson, se heurtaient vite au mur local. Petit coup de pied dans le dos, sautées, remise intérieure à l’aveugle pour Kefu, la vedette du RCT donnait du rythme, vite rompu par des coéquipiers manquant de tranchant et d’imagination.

Et quand il restait cinq mètres pour marquer un essai, l’ouvreur venait s’arracher au ras, stoppé à quelques centimètres, mais permettant ensuite à Henjak de finir le travail (66e). Pas de quoi ramener sourire et bonus défensif sur la Rade, mais assez pour rassurer Martin Johnson sur la forme de son « Wilko » national qui a regagné les vestiaires en trottinant. Comme si quelque chose l’attendait.