Samedi soir au Stade de France, face aux doubles champions du monde sud-africains, une nouvelle charnière tricolore s’apprête à prendre le pouvoir.

Romain Ntamack et Nolann Le Garrec débuteront pour la première fois ensemble sous le maillot du XV de France. Un duo inédit mais prometteur, symbole du renouveau offensif que souhaite impulser Fabien Galthié.

Un duo sans passé… mais pas sans repères

Ni l’un ni l’autre n’étaient sur la pelouse lors du quart de finale de la Coupe du monde 2023, perdu d’un souffle (28-29) face à ces mêmes Springboks. L’un soignait une blessure au genou, l’autre n’avait pas été retenu. Pourtant, tous deux ont vécu le traumatisme à distance.

« Certes, on n’était pas présent lors de ce quart de finale, mais le traumatisme a été bien au-delà des joueurs qui faisaient partie des 23 ce jour-là », confie aujourd’hui Romain Ntamack, revenu à son meilleur niveau après plus d’un an de convalescence.

Jusqu’ici, les deux hommes n’avaient partagé qu’une poignée de minutes ensemble : une vingtaine face au pays de Galles et à l’Écosse lors du dernier Tournoi des Six Nations. Mais samedi, le staff leur confiera les clés du jeu dès le coup d’envoi, un test grandeur nature face au rouleau compresseur sud-africain.

Complémentaires par nature

Tout semble indiquer que la mayonnaise pourrait vite prendre.

« Avec Nolann, on se connaît depuis pas mal de temps, on a souvent été ensemble sur les rassemblements. Les automatismes se trouvent donc assez facilement. En tout cas, je prends beaucoup de plaisir à jouer à ses côtés », glisse Ntamack, aussi serein que concentré.

Le Garrec renvoie le compliment :

« C’est plutôt agréable d’évoluer avec Romain. On essaie de trouver une bonne connexion ensemble, mais aussi avec le reste de l’équipe, parce que notre rôle sera forcément de bien faire jouer cette équipe. Côté rugby, on est plutôt alignés, on a la même vision du jeu. »

Leur vision commune ? Celle d’un rugby de mouvement, fluide, alternant entre jeu au pied intelligent et attaques à grande vitesse. Là où Ntamack éclaire le jeu par sa lecture et ses passes millimétrées, Le Garrec l’électrise par ses jaillissements et son flair. Un équilibre entre rigueur et instinct qui séduit déjà le staff.

Deux joueurs à pleine puissance

Romain Ntamack (26 ans, 40 sélections) affiche un large sourire depuis son retour à 100 %.

« C’est vrai que ça faisait un moment que je n’avais pas attaqué une tournée d’automne en étant à 100 % de mes capacités. Aujourd’hui, c’est le cas, donc je prends ça avec beaucoup d’envie, comme un gosse qui porterait le maillot de l’équipe de France pour la première fois. »

À ses côtés, Nolann Le Garrec (23 ans, 13 sélections) vit lui aussi une période faste. Transféré cet été du Racing 92 à La Rochelle, le jeune demi de mêlée a su s’imposer dans son nouveau club tout en s’affirmant chez les Bleus.

« J’ai eu la chance de commencer les trois tests en Nouvelle-Zélande. J’ai beaucoup appris dans ce contexte, à l’extérieur, à ce niveau de jeu. Cela m’a fait gagner en confiance et en maturité. »

Préparation minutieuse face au défi sud-africain

Cette semaine à Marcoussis, la charnière a beaucoup travaillé les ballons hauts et les sorties de camp, deux secteurs clés face aux Boks.

Le Garrec, épaulé par Antoine Dupont, a multiplié les chandelles pendant que Ntamack s’appliquait à sécuriser les réceptions avec Ramos, Penaud et Bielle-Biarrey.

« On sait que les Sud-Africains utilisent beaucoup le jeu au pied, que ce soit par le 9 ou le 10. On essaie donc de couvrir ce fond du terrain pour ensuite exploiter les ballons de récupération du mieux possible », explique le Rochelais via L’équipe.

Samedi, cette paire inédite aura fort à faire pour contenir la pression sud-africaine et animer le jeu français. Mais si la greffe prend, la France pourrait bien tenir là sa charnière d’avenir.