Un an après le décès tragique de leur fils, Jalil et Valérie Narjissi vont retrouver la terre sud-africaine. Ce retour douloureux sur la plage où Medhi, jeune espoir du rugby français, a perdu la vie, s’annonce lourd de symboles… mais aussi de questions encore sans réponses.

Le 7 août 2024, Medhi Narjissi, âgé de 18 ans, était emporté par les vagues lors d’un séjour avec l’équipe de France U18 en Afrique du Sud. Depuis, le temps n’a pas apaisé la douleur de ses parents, ni comblé les zones d’ombre autour des circonstances du drame.

En plus de se recueillir sur les lieux, Jalil et Valérie devraient être entendus par les autorités locales dans le cadre d’une enquête publique toujours en cours.

La responsabilité du voyagiste au cœur des interrogations

Pour les avocats de la famille Narjissi, ce déplacement a aussi pour but d’exiger des explications.

« Il paraît qu’une enquête est en cours là-bas, bien que je n’en connaisse ni les termes ni les limites exactes », explique Me Édouard Martial via La Dépêche. « Jalil Narjissi et son épouse Valérie se rendront en Afrique du Sud (…). J’espère qu’ils pourront être auditionnés dans le cadre de cette enquête publique […] pour que le rôle de Frédéric Plachési, le voyagiste à Pretoria qui a organisé le séjour de l’équipe de France U18, soit clarifié. »

La famille souhaite en effet porter plainte contre l’organisateur du séjour, estimant que ses responsabilités doivent être éclaircies. « C’est notre objectif », confirme Me Victor Casellas. « Nous estimons que le voyagiste a des responsabilités dans les événements du 7 août en raison de ses obligations et de ses compétences. »

Une fédération sous pression, un contrat introuvable

Ce qui pose également problème, c’est l’opacité autour du contrat liant ce voyagiste à la Fédération. « La Fédération française de rugby ne nous a jamais communiqué le contrat de prestation qui engage la société chargée de l’accueil et de l’organisation du stage sur place », regrette Me Martial. « Ce voyagiste-là […] il semblerait qu’il se soit toujours opposé à un bain, sous quelque forme que ce soit, dans l’océan et sur la plage de Dias Beach. Et ça, on voudrait le savoir. »

Si aucun volet judiciaire n’est encore ouvert en Afrique du Sud, la plainte envisagée pourrait être le déclencheur. Elle viendrait s’ajouter à la procédure pénale française, où deux cadres de la délégation sont déjà mis en examen pour homicide involontaire : le préparateur physique, à l’origine de l’activité dans l’océan, et le manager de la sélection.

Une plainte visée vers la présidence de la FFR ?

Le dossier pourrait ne pas en rester là. L’avocat de la famille pointe également vers les plus hautes sphères de la Fédération : « À la lecture des conclusions du rapport du ministère de la Jeunesse et des Sports, nous espérons que cette procédure s’étendra également à Florian Grill, le président de la Fédération française de rugby », affirme Me Martial. « Nous estimons que la Fédération, en tant que personne morale, a manqué à ses devoirs lors de la constitution du groupe et de l’envoi de mineurs en Afrique du Sud dans des conditions déplorables. »

Alors que l’émotion reste intacte un an après, cette nouvelle étape judiciaire pourrait marquer un tournant dans la quête de vérité menée par la famille de Medhi Narjissi.