La LNR veut détruire la R360 et menace de l’attaquer devant la justice !
La LNR veut détruire la R360 et menace de l’attaquer devant la justice !
Le lundi 27 octobre 2025 à 23:42 par David Demri
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L’idée fait fantasmer certains investisseurs depuis des années : créer une ligue mondiale privée rassemblant les plus grands noms du rugby, sur le modèle de la Formule 1. Baptisé R360, le projet promet des salaires mirobolants, un calendrier réduit et des matches dans les plus grands stades du globe.
Mais à mesure qu’il se précise, il provoque un véritable séisme politique au sein du rugby mondial.
Un concept révolutionnaire… et explosif
R360 ambitionne de réunir 300 des meilleurs joueurs et joueuses de la planète au sein de franchises internationales, indépendantes de toute fédération ou club. Pas de villes, mais des marques : le concept repose sur un tour itinérant, avec des étapes prévues à Paris, Barcelone, Los Angeles, Munich, Hong Kong ou Dubaï.
Le format ? Une douzaine d’événements par saison au lancement, puis seize en régime de croisière. En clair, un rugby “premium”, spectaculaire et mondialisé, destiné à séduire sponsors et diffuseurs.
Mais derrière le vernis marketing, les inquiétudes se multiplient. Ce nouveau circuit pourrait venir percuter le calendrier des compétitions historiques — Tournoi des Six Nations, Rugby Championship, Champions Cup, voire Coupe du monde des clubs — et assécher les championnats domestiques.
La LNR monte au front
C’est la Ligue nationale de rugby (LNR) française qui a ouvert les hostilités.
Dans deux courriers envoyés à la World Rugby et aux dirigeants de l’AOTG, la société fondée par l’ancien international anglais Mike Tindall, la LNR accuse le projet d’entretenir une “concurrence déloyale” :
« Vos initiatives risquent de déstabiliser l’écosystème du rugby professionnel et de profiter des investissements consentis depuis des décennies par les clubs et leurs partenaires », tacle la Ligue comme le révèle L’équipe.
Elle exige des éclaircissements : origine des financements, cadre juridique, statut des joueurs, conformité réglementaire, modèle économique et sportif… Autant de points restés flous. Extrait:
« Nous sommes déjà amenés à constater que les déclarations publiques et les actions de votre société sont susceptibles de déstabiliser les différents acteurs du Top 14 _ clubs, joueurs, personnel, spectateurs et partenaires économiques _ et qu’elles reviennent à vous placer dans une position où vous pourriez profiter gratuitement et de manière parasitaire des investissements réalisés depuis plusieurs décennies par les clubs et les différentes parties prenantes de notre Ligue et leurs partenaires. Nous nous réservons donc le droit de porter cette situation à l’attention des autorités compétentes et tribunaux. Nous considérons que cette situation relève notamment de la concurrence déloyale. »
La fédération mondiale sommée de trancher
En parallèle, la LNR interpelle World Rugby, soupçonnée de ne pas encadrer suffisamment l’émergence de compétitions privées. Le projet R360 devait être examiné en septembre à Dublin, mais ses promoteurs ont demandé un report à juin 2026, le temps de finaliser leur dossier.
La Ligue réclame désormais que la fédération mondiale établisse des critères transparents, objectifs et non discriminatoires pour toute initiative de ce type, à l’image de ceux imposés par l’UEFA après le scandale de la Super Ligue en football.
Un test décisif pour le futur du rugby mondial
R360 n’en est encore qu’à l’état de concept, mais son ambition interroge : peut-on construire un rugby global sans les fédérations ? Les clubs, attachés à leur ancrage local, y voient une menace pour leur survie économique.
D’autres y lisent au contraire une opportunité de moderniser un sport encore très fragmenté.
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Sans valider le projet R360, on peut quand même s’inquiéter que chaque année qui passe semble enfoncer un peu plus le rugby pro dans l’abime. Car cette histoire met aussi en lumière que le système économique actuel du rugby union est voué à l’échec.
En Angleterre les clubs mettent la clé sous la porte les uns après les autres (Wasps, Irish, Worcester, et Newcastle a bien failli y passer sans Red Bull). La ligue Galloise va aussi supprimer un club (probablement les Dragons).
Et en France on a quoi, 10 clubs du Top 14 en net déficit chaque année ? Qui au passage, n’a de Top 14 que le nom, le principe d’une ligue fermée est critiqué par tous sauf qu’on est quasiment déjà sur une ligue fermée depuis des années où le promu redescend sous 1 à 2 ans et le barragiste survit car trop fort pour l’équipe de D2. Ces places en première division ont été « achetées » grâce à des propriétaires/mécènes solides, c’est indéniable. Le fossé avec la ProD2 est déjà trop grand. Seuls des investissements massifs peuvent rebattre les cartes (Peut-être Provence ou Nissa ?), mais c’est tout.
L’autre problème c’est que les joueurs veulent de plus en plus d’argent. Et le salary cap empêche cela, surtout après avoir durci (et ses angles morts mis en lumière suite aux années Boudjellal). Ajoute à ça un calendrier démentiel, et on comprend aisément qu’une initiative comme R360 puisse en séduire un grand nombre – d’ailleurs on a jamais entendu critiqué la ligue japonaise au niveau des salaires offerts qui sont comparables à ce qu’on a en France ?
Au passage on oublie que cela ne concerne pas que le vivier de joueurs du XV mais aussi du XIII. L’exode ne serait pas si massif que ça puisque divisé par 2.
Bref, on a pas fini d’ entendre parler de cette affaire car ce sont bien les joueurs qui ont le pouvoir entre leurs mains. S’ils cèdent aux sirènes, il y aura effet boule de neige. J’ai du mal à croire que les menaces de bannissement des équipes nationales leur fasse si peur – et même je ne suis pas sûr que ça soit légal. Et va-t-on vraiment croire que la FFR se priverait par exemple d’un héros national comme Dupont juste parce qu’il part jouer 1-2 ans dans cette ligue ? Il est bien parti jouer au 7 et on s’en est relevé.