À Marcel-Deflandre, les rencontres ne ressemblent plus à de simples événements sportifs. Dimanche 4 janvier 2026, lors de la réception de Toulon, le Stade Rochelais célébrera un anniversaire que peu de clubs dans le monde peuvent revendiquer : 112 matchs consécutifs de Top 14 à guichets fermés, soit une décennie sans une seule place disponible en championnat.

Alors que de nombreux stades peinent parfois à faire le plein, La Rochelle remplit le sien chaque week-end comme une évidence. Acheter un billet au dernier moment n’est plus une option ; c’est une histoire que les plus jeunes n’ont même jamais connue. Les habitués se souviennent encore des guichets en bois. Aujourd’hui, ce sont 18 000 places vendues en ligne et des milliers de supporters sur liste d’attente.

1 799 680 spectateurs en dix ans : une ferveur disproportionnée par rapport à la taille de la ville

Depuis janvier 2016, près de 1,8 million de personnes sont entrées à Deflandre pour un match de Top 14.Un chiffre vertigineux lorsque l’on se rappelle que La Rochelle compte environ 80 000 habitants.

Oscar Jegou, troisième ligne formé au club, se souvient de ses premières années :

« Le premier guichets fermés, personne ne pensait que ça durerait dix ans. »

Après dix ans d’histoire, lui en parle les yeux brillants.

Pourquoi La Rochelle attire autant ? Une réponse simple : sentiment d’appartenance

Reda Wardi décrit cette folle ferveur :

« Plein de joueurs viennent pour cette ferveur. En ville, les gens sont discrets, mais le jour de match, ils sont à fond. »

La fidélité est telle que cette saison, 99,5 % des abonnés ont renouvelé leur place. Abandonner son abonnement est perçu comme un risque, presque un regret assuré.

Un supporter résume la pensée générale via Midi Olympique :

« Revendre mon abonnement ? Jamais. Mon fils non plus. Ceux qui l’ont fait le regrettent encore. »

Un stade agrandi trois fois, mais toujours trop petit

Avec ses 18 000 sièges, Deflandre est plein avant même d’ouvrir ses portes. Les tribunes ont été agrandies, les virages repensés, les infrastructures modernisées… mais l’offre reste insuffisante au regard de la demande.

Le Stade Rochelais évolue avec une force que peu de clubs connaissent : une ferveur populaire constante, même dans les périodes plus difficiles.

Face à Bayonne, la dernière fois, Deflandre a évidemment affiché complet. Victoire, communion, chants, joueurs dans la Bodega après le match… une scène qui reflète ce que La Rochelle est devenue : un club où le lien supporters-équipe est aussi fort que le jeu produit sur la pelouse.

Dix ans après, la série continue. Et tout indique qu’elle n’est pas prête de s’arrêter

L’histoire a commencé le 2 janvier 2016. Dix ans plus tard, le club va encore jouer à guichets fermés.

La question n’est plus de savoir si Deflandre se remplira, mais plutôt combien de temps ce phénomène peut encore durer.

Une décennie est déjà écrite. La suivante semble prête à s’ouvrir.