Le rendez-vous était forcément entouré d’un cercle rouge. Arrivé à Toulon à l’intersaison, Mateo Garcia s’apprête à retrouver Union Bordeaux-Bègles, le club qui l’a vu grandir et s’installer chez les professionnels.

Cinq saisons sous le maillot girondin, des liens forts, des souvenirs nombreux… et une détermination intacte à l’heure de revenir à Chaban-Delmas.

Freiné par une blessure au genou durant la préparation estivale, l’ouvreur basque a longtemps rongé son frein. Mais les sensations reviennent. Sa prestation aboutie face à Bath en Champions Cup (45-34) a marqué un tournant : tranchant dans le jeu, précis face aux perches (8/9), juste dans l’occupation.

« Je sens que j’arrive à me libérer petit à petit. J’espère que c’est de bon augure. Ce sont des matchs excitants à préparer et à jouer », confie-t-il via Midi Olympique, le regard déjà tourné vers ce dimanche si particulier.

Associé pour la deuxième semaine consécutive à Baptiste Serin, autre ancien bordelais, Garcia ne cache pas l’émotion qui accompagnera son retour. « Je vais avoir toute la famille et de nombreux amis au stade. Je ne le cache pas, c’est un club qui sera toujours proche de mon cœur. J’ai tout appris là-bas. »

Passé des Crabos au monde professionnel en pleine période Covid, l’ouvreur garde une reconnaissance profonde envers ses anciens cadres.

« C’est là où j’ai développé ma vision de jeu, mes passes, mon jeu au pied. J’ai beaucoup appris sur l’aspect mental avec des mecs comme Max (Lucu), Rémi (Lamerat). Jeff (Poirot) a toujours été là quand ça a été plus dur. » Mais l’heure n’est pas à la nostalgie. « Je suis conscient qu’il n’y aura pas de cadeaux de la part de mes potes comme Nico (Depoortere), Loulou (Bielle-Biarrey), Pierre (Bochaton)… Je n’y vais pas pour en faire ! »

Connaisseur intime de l’UBB, Garcia assume aussi ce rôle discret d’éclaireur. « Il y a toujours des restes. J’ai apporté ma pierre à l’édifice sur la stratégie globale. Il faudra répondre devant. On sous-estime souvent leur dimension physique. Derrière, il y a toujours une part d’aléatoire avec leurs flèches sur les ailes ou encore Matthieu (Jalibert). »

Justement, le duel des ouvreurs sera scruté de près. « Il est très en forme. Je le connais par cœur, mais il a toujours quelque chose pour surprendre », glisse Garcia au sujet de Matthieu Jalibert. « Par mon poste, je sais que je vais être observé. »

Une pression supplémentaire alors que la concurrence s’intensifie à Toulon avec l’arrivée annoncée de Tomás Albornoz. « Le club veut rester ambitieux. Pierre (Mignoni) m’en a parlé honnêtement. La concurrence va me pousser à me dépasser. »

Entre attachement, revanche silencieuse et volonté de s’imposer dans un effectif dense, Mateo Garcia a toutes les raisons d’aborder ce retour à Bordeaux avec une motivation décuplée. Le syndrome de l’ex n’est jamais une science exacte. Mais dimanche, l’UBB sait qu’elle devra se méfier d’un joueur qui connaît la maison… et qui veut désormais y laisser son empreinte, côté adverse.