La superbe histoire de Gaëtan Barlot qui a failli arrêter le rugby : « Je touchais 200 € à cette époque et on discutait pour savoir si… »
La superbe histoire de Gaëtan Barlot qui a failli arrêter le rugby : « Je touchais 200 € à cette époque et on discutait pour savoir si… »
Le mardi 15 juillet 2025 à 0:26 par David Demri
2 Commentaires
Publicité
L’histoire de Gaëtan Barlot ressemble à ces romans du rugby français où la volonté, le travail et l’amour du jeu réécrivent le destin.
Samedi, à Wellington, le talonneur a connu un moment inoubliable : il a porté pour la première fois le brassard de capitaine du XV de France, devenant ainsi le 100ᵉ joueur à endosser ce rôle dans l’histoire des Bleus.
Il s’est confié via L’équipe.
« J’ai pensé à toutes les bonnes années, à toutes les personnes qui m’ont permis d’en arriver là. »
Un hommage chargé d’émotion pour celui qui, huit ans plus tôt, doutait même de sa place dans le rugby professionnel. « Il y a huit ans jour pour jour, j’étais dans le bureau du coach de Colomiers et on discutait pour savoir si j’allais en Fédérale ou si je m’accrochais en Espoirs alors que c’était compliqué. Et là, je deviens capitaine de l’équipe de France… »
La sincérité de ces mots dit tout de son chemin de croix. À 20 ans, il vivait avec 200 euros par mois, sans contrat, avec l’idée d’abandonner ses rêves pour trouver un emploi à côté. « Je touchais 200 € à cette époque et je me disais : « Qu’est-ce que je vais faire l’année prochaine ? » Parce que 200 €, pour vivre… J’ai dit à mon coach que j’allais aller en Fédérale pour pouvoir travailler à côté. »
Heureusement, son entraîneur de l’époque, Fabien Berneau, l’incite à tenir bon : « Il m’a dit : « Non, vraiment, accroche-toi ! Tu peux le faire ! » »
Triple journée, vie de labeur, mais une passion intacte. « J’ai été technicien de laboratoire pendant un an à Toulouse, au centre de recherche sur les analyses de sang, d’urine. De 8 heures à midi, j’étais au centre de formation, et de 14 heures à 18 heures, au labo. Puis le soir, je retournais en Espoirs pour disputer les matches le week-end. »
Ce courage finit par payer. Il intègre la Pro D2, puis le Top 14 sous l’impulsion de Pierre-Henry Broncan à Castres. Un parcours atypique, semé d’embûches. Une blessure grave aux cervicales, un statut médical classé G2, mais une force de caractère qui impressionne.
« Gaëtan est un taiseux, un fils d’agriculteur. Ce n’est pas un expansif, mais c’est un courageux, un garçon qui a été opéré des cervicales et qui doit signer une décharge pour jouer au rugby, il est classé G2. »
Barlot, c’est aussi une générosité rare. Il pense à ceux qui l’ont aidé, comme à ceux qu’il pourrait aider à son tour. « Je suis arrivé comme jeune joueur. En première ligne, c’est toujours un peu difficile, mais il m’a donné beaucoup de confiance. »
Il se souvient de ses éducateurs, de ses parents : « Ils t’emmènent à l’école de rugby, ils ont fait tellement de trajets. Maintenant que j’ai des enfants, je m’en rends compte. Et quand je gagnais 200 €, ils m’aidaient financièrement. Même pour eux, c’est une grande fierté. »
Il ne s’en cache pas : le rugby est une obsession joyeuse. « En vrai, c’est ma passion, j’adore ça. Je parle ici à des mecs qui sont moins rugby que moi. Mais toute ma famille vit rugby, mon cousin a 21 ans et entraîne. Il me demande des conseils, quand je peux je file un coup de main. Je me régale. Et petit, j’aurais aimé qu’un gars comme ça vienne me coacher. »
Désormais à Bordeaux-Bègles, l’ex-joueur de Castres mesure la portée de ce capitanat. « Je ne suis pas le plus capé sur cette tournée, mais cela me touche et c’est une récompense. À chaque fois que j’ai porté ce maillot, j’ai tout donné. »
Publicité
2 Commentaires
Bienvenue à l’UBB Gaétan ! Avec L Marti , Y Bru et son staff, il n’y aura plus de problème ou de souci d’intendance. La seule obsession ne devra être que la performance rugbystique en cohérence avec les titulaires du poste, à savoir M Lamothe et Sa.
Un joueur révélé au CO qui a changé avec succès sa politique de recrutement en 2010.
Si on recrutait surtout des stars étrangères sans résultats probants dans les années 1990 et 2000 (et le Brennus volé à Grenoble a encore davantage écorné l’image du club), on recrute des espoirs régionaux depuis 2010 avec les résultats que tout le monde sait (2 nouveaux Brennus).
Un grand bravo à Gaëtan pour son parcours.