Le départ anticipé de Pita Ahki a surpris une partie des supporters toulousains. Initialement engagé jusqu’en 2026, le centre néo-zélandais sera finalement libéré avant la fin de la saison. Un choix rare pour un joueur aussi important dans le système d’Ugo Mola. Mais derrière cette décision, il y a avant tout une histoire de liens humains et de respect mutuel.

Un appel qui change tout

L’été dernier, l’entraîneur toulousain reçoit un message puis un appel d’Ahki. Rien d’habituel – au point qu’Ugo Mola comprend immédiatement que quelque chose se trame.

L’intéressé raconte via Midi Olympique :

« Fin juillet, j’ai un message et un appel de Pita, ce qui est assez rare. S’il t’appelle, c’est qu’il y a quelque chose de grave ou d’important. Quand je l’ai au téléphone, il me dit : “Est-ce qu’on peut prendre un peu de temps pour discuter avec Kayla et toi ?” »

Kayla, c’est l’épouse de Pita Ahki. Le couple est très proche de Jerome Kaino, ancien cadre du Stade Toulousain, et cette relation pèse dans la balance.

« Au regard de la relation que Jerome Kaino a avec eux, on les reçoit tous les deux. J’ai dû gérer un moment particulier. »

Une demande familiale impossible à ignorer

Face au duo, le message est clair. Les Ahki vivent un moment charnière et souhaitent envisager un retour en Nouvelle-Zélande. Mola comprend vite que ce n’est pas un caprice sportif mais une question de famille, presque vitale pour eux.

« Tu as en face de toi un couple impliqué dans la vie du club, un mec performant depuis des années, qui est un peu ton socle, la fiabilité incarnée… Là, ils craquent tous les deux et me disent : “Voilà, on a une opportunité, on comprendrait que tu ne nous laisses pas partir, mais c’est une occasion de rentrer chez nous.” »

Les filles du couple atteignent un âge clé pour leur scolarité, l’équilibre familial devient prioritaire :

« Les filles sont en bas âge, vont pouvoir basculer sur leur partie scolaire et on nous propose un contrat de deux ans aux Blues. On boucle la boucle. »

Un choix dicté par le respect

Sportivement, la perte est immense. Ahki reste l’un des meilleurs centres du championnat, un joueur que Mola considère comme indispensable. Mais la dimension humaine prend le dessus.

« Il y a alors une forme de “happy end” que tu ne peux pas leur refuser. On est en conquête. Quand le degré d’entente et de respect qu’il y a entre nous, si on avait souhaité que Pita reste, il serait resté. Mais ça semblait logique d’accepter par rapport à ce que l’on a apporté et la manière dont ça nous a été présenté. »

Un départ difficile à compenser

Pour Mola, ce départ forcé est un crève-cœur. Il le dit sans détour :

« Même si, sportivement, on sait qu’on libère un joueur essentiel de notre dispositif. Sur les deux dernières saisons, il a fait des choses incroyables. Il a été l’un des meilleurs à son poste. En France, c’est une évidence, mais pas que… »

Une page se tourne

Le Stade Toulousain perd un cadre, un leader silencieux, un joueur d’une régularité exceptionnelle. Mais l’histoire de Pita Ahki à Toulouse se conclut dans le respect, la compréhension et une forme d’harmonie rare dans le rugby professionnel.

Et si les Rouge et Noir auraient préféré prolonger cette aventure, ils ont surtout choisi de ne pas contrarier un homme et une famille qui ont toujours tout donné pour le club.