En 2009, Toulon bouleversait le Top 14 en recrutant Jonny Wilkinson. Retour sur les dessous d’un transfert improbable, entre blessures, rebondissements inattendus et vision de génie signée Mourad Boudjellal.

En 2009, une opération presque impossible a marqué un tournant dans l’histoire du Top 14. Toulon, fraîchement remonté dans l’élite, a signé l’un des plus grands noms du rugby mondial : Jonny Wilkinson.

Derrière cette signature, un enchaînement d’intuitions, de négociations secrètes, d’imprévus mémorables… et un président animé d’une foi inébranlable : Mourad Boudjellal.

Cette semaine, Midi Olympique dévoile les coulisses du recrutement de Jonny Wilkinson.

À l’époque, Wilkinson sort d’une série de blessures et peu de clubs croient encore à son retour au plus haut niveau. Plusieurs formations du Top 14 déclinent, y compris des poids lourds comme Toulouse ou Clermont.

Seuls Bayonne et Toulon acceptent d’ouvrir la porte.

À ce moment-là, l’ancien agent du joueur, Laurent Quaglia, se souvient de l’amorce du dossier :

« Je travaillais avec des joueurs de Newcastle, ce qui m’a permis de le rencontrer. Après quelques échanges, son père et lui me disent qu’ils veulent tenter l’expérience en France. Le premier club à qui j’en parle, c’est au Racing 92, entraîné par Pierre Berbizier à l’époque. Sauf que Jonny ne voulait pas rencontrer de clubs avant que la saison, sa dernière en Premiership, ne démarre. »

La première prise de contact avec Toulon semble alors purement protocolaire. « Je pense qu’ils sont venus par politesse », admet Boudjellal. Pourtant, dès les premiers échanges, quelque chose change. « C’était complètement fou de vouloir le faire venir. Mais quand j’ai su qu’il était sur le marché, j’ai foncé », raconte l’ancien président.

Il mise sur l’aura du joueur autant que sur le symbole. « Soit il peut encore jouer, et c’est le meilleur joueur du monde qui vient chez nous, soit l’assurance maladie le paiera. Dans les deux cas, c’est une bonne affaire. »

Un déjeuner face à la mer, une météo maussade, un rendez-vous discret… puis un moment gênant. Lors d’un match entre Toulon et Perpignan, Wilkinson accepte de se rendre au stade. La promesse d’une loge discrète tourne court. « On s’arrête au milieu de la foule… Jonny se retrouve avec les supporters, qui le reconnaissent bien évidemment », se souvient Quaglia.

Une mise en lumière non souhaitée qui refroidit l’ouvreur anglais.

Malgré cet épisode, Boudjellal ne lâche rien. Quelques jours plus tard, un contrat atterrit dans la boîte mail de Wilkinson. À la surprise générale, le clan Wilkinson poursuit les échanges. « Mourad a rajouté certaines choses comme une voiture pour sa femme, des billets d’avion pour son père… Je n’ai rien eu à faire (rires) », confie l’agent.

Le 8 mai 2009, la nouvelle tombe : Jonny Wilkinson signe officiellement au RCT, le même jour où le club assure son maintien en Top 14.

Avant toute annonce publique, une ultime étape attend le champion du monde : la visite médicale. « Ça a duré quatre heures. Ils lui ont tout fait, tout vérifié », révèle Quaglia. Ce feu vert médical marquera le début d’une épopée exceptionnelle.

Cinq saisons plus tard, Wilkinson quitte la scène en légende. 141 matchs, 1881 points, six finales, trois titres… et une place éternelle dans le cœur des supporters varois. L’histoire d’un pari fou, devenu un coup de maître.