Alors que notre Pilou-Pilou s’apprête à enflammer les travées de Mayol, nous nous sommes penchés sur les homonymes du chant des supporters. Revue d’effectif

N’en déplaise aux habitués de Mayol, les « terribles guerriers du Pilou » ne sont pas seuls au monde. « Vous n’avez pas le monopole du Pilou », aurait pu s’exclamer qui-vous-savez devant notre « théâtre des rêves ». Car si le Toulonnais Marcel Bodrero est l’auteur du chant de supporters le plus fameux de l’ovalie hexagonale, il n’a pas non plus inventé le terme et ses cinq lettres, déjà largement usités aux quatre coins de France.

Pas loin d’ici d’abord. Pour nos voisins niçois (voir encadré), le Pilou est un jeu où il n’est nulle question de « femmes échevelées ». Ou alors entre deux jongles. Encore plus près du stade, Gilbert Bécaud, le mocco, a coécrit en 1959 le titre « Pilou Pilou He » sans que l’on sache si le pays « qu’a un joli nom » a un quelconque rapport avec Toulon.

Le Pilou et ses terribles guerriers kanaks

D’ailleurs, difficile de savoir si avec ses « grands cocotiers blancs » inventés dans les années 40, Marcel Bodrero évoquait bien la capitale du Var. Cet ancien joueur du RCT a été professeur de sport à Dumont d’Urville, nom du lycée… mais surtout d’un explorateur ayant œuvré (entre autres) dans le Pacifique Sud. De là à en déduire que notre compositeur faisait plus référence à l’Océanie qu’à la rade, il n’y a qu’un pas. Un pas franchi allègrement par certains exégètes : en Nouvelle-Calédonie, il y a des cocotiers et il y a… le Pilou. Voire le Pilou-Pilou, ça dépend des jours et des ethnologues. Là-bas, c’est une danse traditionnelle kanak, qui raconte les naissances, les mariages et les préparatifs guerriers !

Marcel Bodrero a cependant coupé court à ses considérations exotiques en confiant un jour que les paroles de son œuvre ne faisaient que mentionner « la « pile » : ce qu’on pouvait filer aux élèves à l’époque et, surtout, ce qu’on veut filer aux adversaires. »

La définition du dictionnaire renvoie, elle, au latin pilosus. Soit : « couvert de poils, velu. » Et plus près d’Yves-du-Manoir que de Félix Mayol. De cette racine est apparu le seul pilou reconnu des académiciens : le tissu de laine ou de coton pelucheux (n.m.) duquel on fait des pyjamas douillets.

Un hamster insupportable

Mais quittons les mystères des origines pour nous intéresser à ceux qui les animent. Il y a tous ces surnoms d’abord, des Philippe, Pierre ou Pierre-Louis, dont l’un des plus illustres représentants – dit aussi PLP pour vous, lecteurs – n’est autre qu’un de nos brillants confrères gratte-papier.

Sans surprise ni transition, nous retrouvons également la trace d’un Pilou désignant un vin rouge complexe, AOC Côtes du Roussillon. C’est aussi dans cette région que sont situés les montagnes « Pilou de Montpeyrous » et « Pilou de la Serre ». Toujours dans le Roussillon, nombreux sont les rues, chemin ou plages qui portent cette signature catalane.

À l’international, la palme de la popularité revient à « Pilou le hamster » et ses 40 000 références sur « Google ». Excusez du peu. Cette application pour smartphone propose d’intégrer à votre fond d’écran un rongeur adaptant la course dans sa roue à l’autonomie de votre batterie. « Pilou le hamster » est aussi une sonnerie de portable horripilante capable d’effrayer le quintal et demi d’un pilier géorgien.

Côté artistique enfin, on notera la médiatisation grandissante du duo electro corse des Petits Pilous et… du sosie officiel de Patrick Sébastien. Le chanteur Narbonnais vient même de sortir son premier CD, « Fiesta sans modération ». Pilou, à quand une chansonnette à Mayol ?

Vainqueurs de la Pilou-Pilou Hakademy, organisée par Var-matin en partenariat avec le RCT et les Fadas, les Carnoulettes auront le privilège de lancer, ce soir à Mayol, leur version du Pilou-Pilou à la mi-temps du match RCT-Saracens.

Source: varmatin.com