Le point sur l’affaire judiciaire qui touche le Rugby Club Toulonnais

Le point sur l’affaire judiciaire qui touche le Rugby Club Toulonnais

Le mercredi 9 septembre 2015 à 11:34 par David Demri

11 Commentaires

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1-TOUXXQ507_DLA_ENTRAINEMENT_RCT31Le triple champion d’Europe doit faire face à des soupçons de dopage après une affaire d’escroquerie d’une pharmacie toulonnaise.

Sale temps sur la Rade. Comme révélé, hier matin par nos confrères de RTL, le RCT se retrouve au coeur d’une enquête visant l’ancienne pharmacie « officielle » du club. Le procureur de la République de Marseille Brice Robin indiquait, dans la journée, qu’une information judiciaire avait été ouverte après une notification de l’Agence française de lutte contre le dopage pour « non-respect de la réglementation du Code de la santé publique en matière de délivrance de médicaments ». Avant de préciser : « On est assez éloigné du dopage. » Dans cette enquête, l’AFLD s’appuie sur l’article L232-10 du Code du sport, lequel interdit à un tiers de procurer aux sportifs, sans raison médicale justifiée, une substance proscrite par la législation anti-dopage. « Un délit passible de sanctions pénales », rappelle Bruno Genevois, patron de l’instance. « Mais cela suppose d’établir des faits sur des éléments matériels. C’est l’affaire d’une procédure pénale et d’une enquête sous la direction du ministère public, et c’est normalement couvert par le secret de l’instruction. » Hier après-midi, RTL est allé plus loin dans ses révélations. Dans un article paru sur son site Internet, Élisabeth Fleury, journaliste du service police-justice de la station, réaffirmait que depuis le 27 mai, une juge spécialisée du pôle de santé publique de Marseille était bel et bien chargée d’enquêter sur des soupçons de dopage au RCT, citant des produits comme des antibiotiques, des antalgiques, des stéroïdes anabolisants, des hormones de croissance, des antirétroviraux ou des inhalateurs contre l’asthme.

Arnaque à la sécu ou trafic de produits ?

Selon nos informations, il s’agirait pour l’heure d’un trafic d’ordonnances délivrées par une trentaine de médecins, dont Pascale Lambrechts, qui intervient auprès du RCT. Ces médecins laissaient des ordonnances vierges dans cette officine pour gérer les urgences. Une pratique courante selon Mourad Boudjellal, patron du RCT, mais que l’on n’a retrouvé chez aucun des autres clubs du Top 14 sondés hier. À l’insu des médecins, le pharmacien aurait photocopié les ordonnances, facturé des médicaments qu’il ne vendait pas, et se serait fait rembourser ces fausses ventes par la Sécurité sociale. Il n’aurait pas été en possession des cartes Vitale des joueurs, mais simplement de leurs coordonnées. Ce pharmacien restait apparemment prudent, puisqu’il n’utilisait plus les numéros de Sécurité sociale des joueurs ayant quitté le club. Néanmoins, il apparaît étrange qu’un pharmacien, habitué à travailler avec de sportifs professionnels, ait facturé des médicaments contenant des produits potentiellement dopants, prenant le risque d’attirer l’attention. Cette escroquerie masque-t-elle une affaire de plus grande ampleur ? L’enquête le déterminera. En attendant, elle est gênante d’un point de vue déontologique pour le médecin du RCT, une ordonnance devant être délivrée en présence du patient, avec son nom, son prénom, et la date. Sinon, « c’est une faute professionnelle, assène un médecin du sport, habitué à travailler dans le rugby. Si l’ordre des médecins s’en saisit… » Pascale Lambrechts n’est pas sous contrat avec le RCT mais payée en honoraires. Elle n’est donc pas présente lors de tous les entraînements. Une situation précaire qui pourrait l’avoir amenée à laisser ces ordonnances vierges.

La défense de boudjellal est-elle crédible ?

En spécialiste des médias, Mourad Boudjellal a convoqué une conférence de presse, dès 11 heures hier matin, pour livrer sa version des faits : « Il s’agit d’une escroquerie aux caisses d’assurance-maladie à partir de fausses prescriptions ou de détournement d’ordonnances ou de cartes Vitale, par des pharmaciens qui étaient dédiés au club. Ils ne travaillent plus avec nous depuis plus d’un an, puisque nous étions au courant de cette histoire depuis quelque temps. Cela ne concerne pas que le club, mais une trentaine d’entités morales. Je m’étonne donc des informations qui sont sorties ce matin visant à accuser le RCT et ses joueurs de dopage organisé. » Contacté, Bruno Genevois, le patron de l’AFLD, s’est fendu d’un rappel qui apportait, en filigrane, de l’eau au moulin de Boudjellal : « Dans cette affaire, sur laquelle je ne me prononce évidemment pas, il faut accorder plus de crédit à ce que dit le procureur de la République sur les éléments de faits et sur l’ampleur du phénomène. » Lequel, rappelons-le, disait plus tôt qu’« on est assez éloigné du dopage ». Genevois ajoute : « Il prend ses responsabilités. Quant aux déclarations autres, vous les enregistrez, mais dans la hiérarchie du caractère fiable des informations, je trouve que les propos du procureur doivent être mis en avant et privilégiés. »

Laporte est-il visé ?

Fraîchement entré en campagne pour la présidence de la Fédération française de rugby, Bernard Laporte est-il victime d’une tentative de déstabilisation ? La rumeur s’est rapidement diffusée dans la journée, relayée par Mourad Boudjellal en personne : « Je pense qu’on a intérêt aujourd’hui à salir l’image du RCT ou à nuire à quelqu’un. Ce sont des suppositions, je n’ai pas de certitudes là-dessus, mais c’est quand même bizarre qu’un dossier sorte sous cette forme-là. » Laporte était à Toulon hier pour mener deux séances, vidéo le matin et un entraînement l’après-midi. Même si le timing des révélations alimente l’idée d’un complot, l’hypothèse d’un coup monté tient plus du fantasme. D’abord parce que la justice a commencé à travailler sur ce dossier avant que l’ancien secrétaire d’État aux Sports ne dévoile ses ambitions, ensuite parce que personne à la FFR n’a intérêt à voir éclater une affaire dans laquelle les noms d’internationaux français pourraient apparaître (ceux qui jouent au RCT) neuf jours avant la Coupe du monde. Par ailleurs, le président varois lui-même était au courant depuis un an de l’ouverture d’une enquête. Il était préparé à ces divulgations et s’était même renseigné auprès du parquet quant aux recours dont il disposait. Ce dernier lui avait alors demandé de ne pas bouger. L’ex-éditeur de bande dessinée réfléchit aujourd’hui à se porter partie civile pour avoir accès au dossier. Il ne s’interdit pas non plus de porter plainte contre RTL pour atteinte à l’image du RCT.

Source: lequipe.fr – RENAUD BOUREL avec ALEX BARDOT et ARNAUD REQUENNA

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11 Commentaires

  1. pitoumacfly 9 septembre 2015 at 11h- Répondre

    Voila du papier clair et concis propre pas comme une certaine personne que l’on connait maintenant …

  2. RALFIN 9 septembre 2015 at 12h- Répondre

    OUI CLAIREMENT,bien ecrit avec un resume clair et precis des informations reelles qu on a,sans parti pris,sans complaisance

  3. Chris7583 9 septembre 2015 at 12h- Répondre

    Un « papier clair » qui laisse quand même pas mal planer le doute…
    « e pratique courante selon Mourad Boudjellal, patron du RCT, mais que l’on n’a retrouvé chez aucun des autres clubs du Top 14 sondés hier. »
    Forcément ils ne vont pas le dire vu la merde que cela remue… Sont cons parfois ces journalistes…
    Bref rien de bien nouveau….

  4. jak84 9 septembre 2015 at 12h- Répondre

    Sur le dernier point (en précisant que je ne suis pas vraiment partisan de la théorie de l’attaque contre Laporte), l’argument disant que c’est peu crédible parce que la justice enquête depuis longtemps est un très mauvais argument.
    MB ne dit pas que l’enquête a été diligentée pour nuire à BL, il dit que la déformation des faits (d’après lui) et la fuite vers la presse ont été organisés dans cette optique.
    Ce n’est pas la justice qui a dévoilé cette histoire, mais une journaliste.
    La position de MB c’est que quelqu’un au courant de cette enquête en cours depuis déjà longtemps a délibérément choisi de filer un tuyau à une journaliste dans un timing permettant de nuire à BL (et toujours d’après MB a volontairement déformer l’affaire pour).
    Donc dire que c’est peu crédible « D’abord parce que la justice a commencé à travailler sur ce dossier avant que l’ancien secrétaire d’État aux Sports ne dévoile ses ambitions » ne tient pas.
    Par contre la deuxième partie « ensuite parce que personne à la FFR n’a intérêt à voir éclater une affaire dans laquelle les noms d’internationaux français pourraient apparaître (ceux qui jouent au RCT) neuf jours avant la Coupe du monde. » me semble beaucoup plus convaincante.

  5. I Am Spartacus 9 septembre 2015 at 12h- Répondre

    Avec du recul, MB ne doit pas oublier qu’au sein même de la grande famille du RCT, il y a un paquet d’abrutis qui seraient prêts à tout pour le déstabiliser y compris salir le club qu’ils prétendent aimer… Toulon est un village, l’histoire du pharmacien a circulé, donc si on parle d’informateur mystérieux, il y a quand même de bonnes chances qu’il soit assez proche du club… C’est la base du coup foireux !!!

    • jak84 9 septembre 2015 at 14h- Répondre

      En effet, cette hypothèse me semble bien plus crédible.

  6. Maksoud 9 septembre 2015 at 12h- Répondre

    Je confirme qu il doit bien s agir d une arnaque a la sécu ayant un ami médecin qui a été victime de la même arnaque avec ses ordonnances par apparament le même pharmacien je suis sur que il n y a pas de dopage au Rct

  7. LeLuc 9 septembre 2015 at 12h- Répondre

    En résumé:
    – le procureur ne parle pas de dopage.
    – l’ALFD ne parle pas de dopage et renvoie vers le procureur.
    – une journaliste accuse.

    Et de là, on passe les 3/4 de l’article à tourner autour du dopage, donc à privilégier la position d’une fouteuse de merde plutôt que des officiels qui bossent sur l’affaire depusi 4 mois.

  8. mopy 9 septembre 2015 at 14h- Répondre

    Une question toute bête. Pourquoi le Club RCT et les joueurs n’ont pas porté plainte contre le pharmacien, pour faux (il semble que beaucoup d’ordonnances étaient des photocopies ) ? Par contre la doctoresse du club a du soucis à se faire. Il en va de même pour tous les autres médecins qui ont eu le même problème.

    • Mikelambre 9 septembre 2015 at 14h- Répondre

      Ben moi je soutiens a fond le doc

  9. laronde 9 septembre 2015 at 20h- Répondre

    La pratique de faire des ordonnances au « cas où » est assez courante dans pas mal de cas, par exemple dans les maisons de retraite, et certainement dans beaucoup de clubs sportifs, car les médecins ne sont pas toujours présents pour faire une ordonnance lorsque le médicament est nécessaire. Car le pharmacien ne doit délivrer un médicament (antalgique, antibiotique…) que s’il a une ordonnance d’un médecin. Mais le risque est d’avoir affaire à un pharmacien marron qui va détourner à son profit une ordonnance « en blanc » rédigée à l’avance par le médecin. Je pense que ce type d’ordonnance est rédigée dans la plupart des clubs, et il m’étonne que tous sauf le RCT réfutent cette pratique.