Le président de Provale s’agace : « On demande aux joueurs de faire attention à leur casque, à leurs chaussettes. Et bientôt leur slip ? »

Le président de Provale s’agace : « On demande aux joueurs de faire attention à leur casque, à leurs chaussettes. Et bientôt leur slip ? »

Le mercredi 3 septembre 2025 à 9:27 par David Demri

4 Commentaires

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L’été a été marqué par de vives tensions entre les instances du rugby français et les joueurs autour du contrôle du salary cap.

Au cœur du bras de fer : l’obligation de transparence sur la rémunération des rugbymen.

Président de Provale, le syndicat des joueurs professionnels, Malik Hamadache est revenu sur ce dossier sensible via Midi Olympique.

Si les discussions semblent désormais plus sereines, il reconnaît que le départ fut houleux : les joueurs s’étaient fortement opposés à la nature et à l’ampleur des informations qui leur étaient demandées.

Après plusieurs semaines de crispation, le dialogue a fini par reprendre. Les négociations se poursuivent, avec l’ambition de trouver un équilibre entre les impératifs de contrôle financier de la LNR et la protection des droits individuels des joueurs.

Il évoque les négociations menées avec la LNR. Extrait:

On a fait une proposition de texte, avec nos juristes et en accord avec tous nos correspondants dans les clubs professionnels. Nous sommes en attente du retour de la LNR. C’est une discussion qui est ouverte, qui n’est pas encore finie mais elle se déroule dans un climat sain, apaisé et cordial. Dès qu’on a fait savoir notre opposition au projet initial, la réponse apportée par le président de la Ligue allait dans ce sens, celui de la volonté d’échanger et de concilier. Il reste désormais un bon accord pour tout le monde.

Il explique pourquoi il n’était pas du tout favorable au projet initial. Extrait:

Il fallait tout ouvrir, tout montrer. Ça, ce n’est pas acceptable. Qu’on demande à un joueur d’ouvrir tous les comptes de toutes ses sociétés, qu’on veuille aller fouiller dans une SCI pour éplucher tous les comptes et même ceux des associés, c’est non. Il y a un principe de vie privée à respecter. Il y a aussi un cadre réglementaire, qui est celui du droit du travail. Joueur de rugby professionnel, c’est un contrat de travail classique, un CDD basique et normé par le code du travail.

Il ne manque pas de pester. Extrait:

On demande aux joueurs de faire attention à leur casque, à leurs chaussettes. Et bientôt leur slip ? On leur demande d’être exemplaires sur le terrain mais aussi en dehors, où plus aucun écart ne leur est autorisé sans qu’il y ait des répercussions sur leur carrière.

Si un mec veut se teindre les cheveux en rose, il ne pourra pas se promener dans son village sans que cela déclenche une vague de commentaires. Il ne peut jamais déconnecter et dès qu’il fait un pas de côté, il fait le tour des réseaux sociaux. Et désormais, on leur demande de se mettre à poil sur leurs revenus ? Quel autre salarié accepterait ça ? Clairement, pour nous, c’est non. Il y a un ras-le-bol des joueurs. À un moment, ils aimeraient bien qu’on les laisse simplement jouer au rugby.  Il y a des limites. Je le répète, ce sont avant tout des salariés et ils ont droit, comme tout le monde, à se défendre et à faire respecter leur vie privée.

Notre Ligue fait un formidable travail de valorisation de notre rugby. Elle a créé un équilibre économique qui n’est pas parfait, certes, avec certains clubs en difficulté, mais qui a permis le développement exponentiel de nos deux championnats professionnels. C’est un travail remarquable qui, à moyen terme, valorise aussi les joueurs. C’est cela qu’il faudrait mettre en valeur, plutôt que de toujours penser que les autres font mieux, ailleurs.

Il confirme que les joueurs songeaient réellement à faire grève. Extrait:

C’était très concret. Et j’entends ce discours, que Provale a soufflé sur les braises et attisé la colère, qu’on a fait du syndicalisme à deux balles : c’est absolument faux ! À ce sujet comme pour les autres, nous avons simplement travaillé en transparence avec les joueurs. Avec nos juristes, nous leur avons exposé la situation et les discussions en cours autour de la mise en transparence de leur rémunération. Les remontées de nos correspondants dans tous les clubs étaient très claires, très fermes : « les institutions ne nous écoutent jamais et s’ils passent en force, cette fois, on va à la grève. »

Ils y ont réellement songé. Leur ras-le-bol était concret et une réelle solidarité a émergé. Le rôle de Provale a simplement été de porter leur message, pas de l’initier. Ils ont validé toutes nos propositions de texte et toutes nos positions de négociation, en pleine connaissance du dossier. Dans cette affaire, Provale n’a fait que soutenir la position des joueurs et moi, en tant que président, mon rôle était d’aller à la bataille pour eux. Quand ils m’ont dit qu’ils étaient prêts à aller à la grève, ce n’était pas une blague. Provale a donc fait son travail, rien de plus. Ceux qui nous dénigrent ne comprennent rien de cela.

Il se dit soulagé de la bonne entente entre Provale et la LNR. Extrait:

Il y a une très bonne entente avec la nouvelle équipe dirigeante de la Ligue et son président, Yann Roubert. Il y a une réelle écoute et des relations de travail saines. Nous travaillons également bien avec Tech XV (syndicat des entraîneurs) et l’UCPR (Union des clubs professionnels de rugby), les autres syndicats. Tout cela a permis d’avancer, dans une négociation apaisée et constructive. Voilà pourquoi le conflit n’est pas allé plus loin. Tout le monde a préféré la conciliation au bras de fer. Je m’en félicite. La Ligue a pris en considération la voix des joueurs.

La position de Provale n’est pas de dire : « on va faire péter le salary cap ». Au contraire, je crois qu’il est essentiel à notre rugby, à son équilibre et à la réussite de son écosystème économique. On sait qu’il y a des abus et des choses qui ne sont pas traçables, dans les transactions. Tout le monde le regrette et c’est bien la preuve qu’il faut un contrôle à ce salary cap. Mais il ne peut pas toujours se faire au détriment des joueurs, de leurs libertés et de leur vie privée.

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4 Commentaires

  1. GéGé 3 septembre 2025 at 11h- Répondre

    il a raison

  2. ber0683 3 septembre 2025 at 12h- Répondre

    Tout à fait d’accord …..sauf que certains joueurs ne se contentent pas de simplement jouer au rugby mais adorent quand même avoir les projecteurs people braqués sur eux et faire le buzz comme on dit de nos jours………n’est ce pas….

  3. Batigol 3 septembre 2025 at 13h- Répondre

    Je trouve quand même de l’hypocrisie, on est pas c*ontre le salary cap mais si Jacky paie un mec dans une de ses filiales à Dubai (ou le stade à Tahiti) c’est la vie privée du joueur !
    Il dit que les joueurs sont des travailleurs normaux mais qui est payé par son employeur et aussi par une filiale du propriétaire dans un pays fiscalement lointain ? Perso ça ne m’est jamais arrivé !!

  4. Danslaverte 3 septembre 2025 at 14h- Répondre

    A leur slip…euhhhhh… pas tous alors