À quelques jours du premier affrontement contre le XV de France, le staff néo-zélandais refuse toute forme de relâchement. Si la presse locale parle d’une France « affaiblie », Scott Robertson et ses adjoints prennent les Bleus très au sérieux.

En Nouvelle-Zélande, l’ambiance pourrait presque prêter à la légèreté. Face à une équipe de France privée de nombreux cadres, certains médias locaux n’hésitent pas à parler d’une tournée « au rabais ». Mais au sein du staff des All Blacks, l’analyse est tout autre. Et c’est un message de vigilance qui est martelé en interne.

Robertson : « Les Français ne sont jamais aussi dangereux que quand on les sous-estime »

Scott Robertson, en poste depuis un an à la tête de la sélection néo-zélandaise, sait que l’euphorie du public ne doit pas gagner le vestiaire. Pour le technicien, chaque match contre les Bleus est un combat à part.

Il s’est confié via L’équipe. Extrait:

« Une chose est certaine avec les Français, c’est qu’ils ont de la profondeur d’effectif et beaucoup de ressources. Fabien Galthié a bâti cette profondeur au cours des six dernières années avec ce groupe, avec tous ces jeunes joueurs talentueux qui arrivent. »

Et lorsque certains s’amusent à souligner les nombreuses absences dans le groupe français, Robertson préfère en sourire. « Le rugby français est en bonne forme. Les Français ne sont jamais aussi dangereux que quand on les sous-estime, non ? C’est assez drôle que vous (la presse) racontiez qu’ils sont diminués, qu’ils manquent de joueurs… Après, ils se révoltent et nous, on va se retrouver face à une équipe de France féroce. »

« Ils viennent sans pression, et c’est ce qui les rend dangereux »

Le message est clair : ne surtout pas croire à un match facile. Pour préparer ses hommes, le sélectionneur mise sur un état d’esprit lucide. « La première chose importante c’est la prise de conscience que les Français viennent chez nous sans pression et libérés. Et qu’en plus ils ont cette capacité de bien jouer au rugby. » Et d’ajouter : « Le plus important de notre côté c’est de leur montrer du respect par notre préparation, de comprendre leurs forces. Bien sûr, aussi, nous appuyer sur le fait que nous sommes ensemble depuis un an, que notre cohésion est forte, et que nous avons confiance en nous. »

Jason Ryan : « Guillaume Marchand est très bon ballon en main »

Dans l’ombre, ses adjoints peaufinent l’analyse du XV de France. Jason Ryan, en charge des avants, connaît parfaitement les pensionnaires du Top 14. « J’adore le Top 14 », glisse-t-il d’entrée, avant de mettre un coup de projecteur sur certains joueurs clés. « Je ne vais pas tout vous dire mais, par exemple, le talonneur Guillaume Marchand (LOU)… C’est un très bon joueur : mobile, il porte le ballon avec dynamisme. Il commence à avoir une bonne expérience du jeu. À nous de lui appliquer la pression nécessaire en touche pour perturber ses lancers. »

Jason Holland : « Ils peuvent te punir sur la moindre erreur »

Même constat chez Jason Holland, responsable des lignes arrières, qui surveille de près les talents tricolores. « On y voit des matches de grande qualité et des joueurs d’un excellent niveau. En plus là, les Français présents seront hyper motivés d’affronter les All Blacks. » Et lorsqu’il évoque certains cadres comme Gaël Fickou, l’enthousiasme est palpable : « Si, en plus, tu rajoutes des joueurs tels que Gaël Fickou dans leur effectif, je ne doute pas qu’ils peuvent se montrer redoutables. Ils aiment ce style de jeu intuitif. Si tu perds la balle, tu peux être certain qu’ils essayeront de te punir et ce, quels que soient leurs joueurs sur le terrain. »

Si l’affiche du premier test semble déséquilibrée sur le papier, les All Blacks, eux, n’ont visiblement pas l’intention de la prendre à la légère. Car une chose est sûre : face à des Français libérés et revanchards, le moindre excès de confiance pourrait coûter cher.