Le témoignage poignant de l’international Italien Maxime Mbanda, ambulancier volontaire à Parme

Le témoignage poignant de l’international Italien Maxime Mbanda, ambulancier volontaire à Parme

20 mars 2020 - 15:17

10 Commentaires

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De la troisième ligne sur les terrains à la ligne de front face au coronavirus, l’international italien Maxime Mbanda, ambulancier volontaire à Parme, est au cœur du combat face à la maladie et témoigne d’une réalité effrayante.

Samedi dernier, Mbanda aurait dû affronter l’Angleterre devant 60 000 personnes à Rome pour une 21e sélection en équipe d’Italie, un match qui comme tant d’autres a été reporté. À la place, masque sur le visage et combinaison de protection intégrale, il enchaînait une quatrième journée en tant qu’ambulancier aux côtés des volontaires de la Croix Jaune de Parme, en Émilie-Romagne, l’une des zones les plus touchées par l’épidémie de coronavirus.

« Quand tout a été annulé avec le rugby, je me suis demandé comment je pouvais aider, même sans compétence médicale », a-t-il raconté à l’AFP. J’ai trouvé la Croix Jaune, qui avait un service de transport de médicaments et d’aliments pour les personnes âgées. » Mais après une journée à livrer des masques, de la nourriture et des prescriptions médicales, la force physique du troisième-ligne du Zebre Rugby, le club de Parme, a été mise à profit là où elle était encore plus utile, « sur le front, au cœur du problème ».

« Je me suis retrouvé à transférer des patients positifs d’un hôpital de la région à un autre. J’aide avec la civière ou s’il y a des patients à porter depuis un fauteuil roulant. Je tiens aussi l’oxygène », explique-t-il. Et ce dont il témoigne, c’est d’une situation d’urgence absolue, où « 95 % des structures hospitalières sont consacrées aux malades du coronavirus ».

« Si les gens voyaient ce que je vois dans les hôpitaux, il n’y aurait plus la queue devant les supermarchés. Ils y réfléchiraient à deux, trois ou quatre fois avant de sortir de chez eux, même pour aller courir, assure le champion de 26 ans. Ce que je vois, ce sont des gens de tous les âges, sous respirateur, sous oxygène, des médecins et des infirmiers qui font des gardes de 20 ou 22 heures, qui ne dorment pas une minute de la journée et qui essaient juste de se reposer un peu le jour d’après », ajoute-t-il.

Une situation de crise ? « Je voudrais pouvoir dire que la situation ici est à la limite. Mais j’ai peur de devoir dire que ça n’est déjà plus le cas. » Sans aucune expérience médicale, mais soutenu par sa compagne et par son père chirurgien à Milan, « lui aussi en première ligne », le rugbyman doit aussi se faire psychologue au contact de patients installés « dans des services où l’ordre du jour, c’est la mort ».

« Quand tu vois leur regard… Même s’ils ne peuvent pas parler, ils communiquent avec les yeux et ils te disent des choses que tu ne peux pas imaginer », raconte-t-il. « Ils entendent les alarmes, les médecins et infirmiers qui courent d’un service à l’autre. La première personne que j’ai sortie de l’hôpital m’a raconté qu’il était arrivé depuis trois heures quand son voisin de lit est mort. Et pendant la nuit, deux autres femmes sont mortes dans sa chambre. Il n’avait jamais vu personne mourir », ajoute-t-il.

Alors il faut se comporter avec ces patients « comme s’ils étaient des proches ou des parents ». « Mais la chose terrible, c’est qu’à chaque fois que tu les touches, une simple caresse dans l’ambulance pour les réconforter, tu dois immédiatement te désinfecter les mains », regrette le N.8 du Zebre.

Lui est prudent mais va-de-l’avant. « J’ai commencé il y a huit jours, sans jour de pause et avec des rotations de 12 ou 13 heures. Mais face à ce que je vois dans les salles de maladies infectieuses, je me dis que je ne peux pas être fatigué, assure-t-il, persuadé que d’autres pourraient aider. La peur c’est normal. Mais il y a des petites choses qui peuvent être faites en sécurité et qui offriraient une demi-heure ou une heure de repos à ceux qui sont en première ligne. Pour eux, une heure c’est fondamental. »

Habitué avec l’équipe d’Italie à chasser et plaquer des adversaires plus forts, Mbanda en tout cas, ne renoncera pas. « Tant que j’aurai des forces, je continuerai. Je suis là et je reste là. Tant qu’il y a urgence, je reste là. »

AFP

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10 Commentaires

  1. mazoil 20 mars 2020 à 15h- Répondre

    Brave homme qui nous met en face de la réalité

  2. Jean Miche Muche 20 mars 2020 à 15h- Répondre

    C’est terrible.
    Oui je sais c’est pas l’endroit pour faire de la politique mais:
    – Qui peut imaginer sur les millions de personnes s’étant déplacées pour voter aucune n’ait été contaminée, statistiquement parlant c’est juste IMPOSSIBLE.
    – Comment peut-on, une semaine avant de les avoir envoyés voter, leur conseiller de sortir et d’aller au théâtre?
    – Où sont les masques?
    – Pourquoi trouve t’on des milliards d’un coup alors que l’hôpital crie à l’agonie depuis des années?
    – Quel ministre a proposé à François Hollande de supprimer 22000 postes?
    – Qui a fait gazer les manifestants des CHU (je parle pas des gilets jaunes) il y a 2 semaines?

    Je rappelle que le PDG de Lactalis a fait une garde à vue en Décembre + une mise en examen car il a intoxiqué 35 nouveaux nés, dont aucun est mort.
    Nous sommes à la veille de la plus grand crise sanitaire et mortifère que la France a connu depuis 1920, tous les chiffres concernant les contaminés sont faux, comme le sont ceux venant de Chine.

    Ces gens doivent payer, et pas dans les urnes mais dans un tribunal… je répète ILS DOIVENT PAYER LE PRIX FORT.

    En attendant la fin de ce triste épisode, prenez soin de vous et de vos proches.. et surtout pensez aux victimes, aux
    soignants et n’oubliez pas qui sont les responsables : qu’ils paient.

    • Lou Papet 20 mars 2020 à 16h- Répondre

      Non, ce n’est pas vraiment l’endroit où parler politique…mais…tout ce que tu écris est tellement vrai : 😉

      • Jean Miche Muche 20 mars 2020 à 16h- Répondre

        Je m’en excuse le plus sincèrement qui soit, jamais je ne l’aurais fait en tant normal.. mais qu’est-ce qui est normal et pas normal en ce moment, telle est la question car c’est du grand n’importe quoi, je pouvais pas me taire j’ai presque envie de sortir pour le crier haut et fort tellement c’est grave, tellement c’est flagrant, tellement je suis en colère. Encore désolé, bon courage à toi.

  3. oulaoula 20 mars 2020 à 16h- Répondre

    Merci pour ce témoignage ..

  4. Jfs 20 mars 2020 à 16h- Répondre

    Bravo à ce joueur c’est très honorable de sa part et je suis heureux en tant qu’ambulancier, qu’une personne médiatisée puisse se rendre compte et toucher du doigt notre quotidien. Bravo à lui geste très noble que d’aider son prochain.

  5. Ðrakkar 20 mars 2020 à 16h- Répondre

    Voila un bel exemple de courage et d’abnégation.
    Petite précision à Jean Miche, en 1957 la «grippe asiatique» à tué 100 000 personnes en France et 2 millions dans le monde.
    En 1968 «grippe de Hongkong» tue 30 000 personnes en France et 1 million dans le monde. A l’époque, ni les médias ni les pouvoirs publics ne s’en étaient émus.

    • Jean Miche Muche 20 mars 2020 à 17h- Répondre

      Y en a qui disent que la grippe saisonnière tue 12000/an en France et pourtant on confine pas la terre entière… là si c’est le cas c’est qu’on a à faire à quelque chose de bien plus important. Les américains tablent sur une présence de 18mois du covid-19 sur leur territoire, les Allemands tablent sur 40 à 70% de la population touchée. Des jeunes de -40ans meurent maintenant, le virus a muté. Regardez les chiffres de l’Italie, on suit le même chemin, à ce rythme là on va parler en millions tous pays confondus d’ici 2mois.

    • Eddy 20 mars 2020 à 17h- Répondre

      Bravo à Maxime Mbanda.
      Complètement d’accord avec toi Drakkar.
      C’est sûr que l’on peut atteindre entre 100 et 200 milles morts en France .
      Mais le pire n’est jamais sur.
      Soyons prudents et respectueux des consignes, même si le nouvel autoritarisme tend à masquer le manque d’anticipation précédent.
      Le maintient des élections est à ce point complètement incompréhensible, tout comme le déplacement des supporters de la Juventus alors que la Lombardie était déjà confinée.
      Le manque de masques, de moyens….
      Nous allons changer de modèle, contraints et forces, et il était grand temps, l’individualisme et le consumérisme poussé à l’extrême ont trouvé leurs limites .
      Nous nous relèverons plus forts et plus solidaires.
      Si seulement cela pouvait avoir un effet sur la connerie de l’impact des réseaux sociaux, mais la c’est malheureusement pas gagné.

  6. GeGe 21 mars 2020 à 05h- Répondre

    Respect au joueur Mbanda