Jack Willis, figure emblématique du Stade Toulousain et star anglaise du Top 14, se retrouve aujourd’hui au cœur d’un dilemme délicat : celui de devoir, peut-être, choisir entre une finale de championnat avec son club français et une sélection prestigieuse avec les Lions britanniques et irlandais pour leur prochaine tournée en Australie.

Pour Benjamin Kayser, ancien international français devenu consultant respecté outre-Manche, cette question ne se pose même pas dans l’esprit des clubs et joueurs français.

Il s’est confié via Rugby Pass :

« Les Lions, c’est compliqué. Ce n’est pas un truc français, c’est impossible à comprendre pour les clubs et les joueurs ici », affirme-t-il sans détour. Demander à Jack Willis de dire à son entraîneur Ugo Mola qu’il veut privilégier les Lions au détriment d’une finale de Top 14 est, selon lui, irréaliste.

Kayser pousse l’image plus loin :

« C’est comme demander à un joueur : ‘Tu préfères ta mère ou ton père ?’ C’est exactement ça ».

Il se rappelle du cas de Nathan Hines, Écossais passé par Clermont, qui avait dû trancher sans savoir si son club atteindrait la finale. « Il a choisi les Lions, et Perpignan a gagné la finale cette année-là sans lui », note-t-il.

Malgré tout, Kayser estime que Willis mérite pleinement de vivre cette aventure mythique.

« Jack doit absolument jouer avec les Lions. Dans le cas contraire, les seuls à être contents seront les Australiens, qui n’auront pas à l’affronter », confie-t-il. Mais il nuance aussitôt : « C’est tout simplement impossible pour les clubs et les joueurs français d’envisager cela ».

À Toulouse, Jack Willis a su conquérir les cœurs. « Il est adoré à Toulouse, c’est un joueur sensationnel. Voir un étranger capitaine à Toulouse, c’est rare. Le dernier, c’était Jerome Kaino, double champion du monde », souligne Kayser.

Il salue aussi le parcours du joueur, qui a osé quitter l’Angleterre pour se développer en France :

« Il a pris le risque de quitter l’Angleterre pour se développer, et ça a payé. Il a l’air vraiment heureux, toujours le sourire, champion de France et d’Europe, un joueur de classe mondiale. Il s’est totalement fondu dans la culture, parle un très bon français, ses enfants seront de vrais petits Toulousains. C’est une belle histoire ».

En somme, pour un Anglais, revêtir le maillot des Lions reste un rêve ultime. Mais dans le rugby français, le Top 14 demeure la priorité absolue, illustrant les différences de culture entre deux mondes passionnés.