Le XV de France a passé un samedi soir cauchemardesque

Le XV de France a passé un samedi soir cauchemardesque

Le dimanche 18 octobre 2015 à 10:44 par David Demri

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rougeLes hommes de Saint-André ont étalé, face à des All Blacks impériaux, la grande misère du rugby tricolore. La France est devenue une petite nation de ce sport.

Il est parfois des destins simples comme une partie de pile ou face. Pour les joueurs français, l’alternative était élémentaire : soit ils terminaient en héros, soit ils s’inscrivaient comme les plus gros losers de l’histoire du rugby français. Dans ce genre-là on doit reconnaître qu’ils n’ont pas fait les choses à moitié, battus neuf essais à un au terme d’un match qui tourna à la démonstration sitôt passé un dernier sursaut brutalement interrompu par un marron aussi superflu qu’inefficace de Louis Picamoles.

Pour agréger le ridicule à la médiocrité, les Français ajoutèrent même un tour de déshonneur houleux à une fin de match désabusée, où on avait depuis longtemps cessé de compter les essais pour s’émerveiller de l’immense savoir-faire des All Blacks quand rien ni personne n’est plus là pour leur donner la réplique.

Plus planétaire que le 61-10 encaissé au printemps 2007 avec une équipe de rechange, plus compromettant que la défaite de poules de 2011 (37-17), infiniment plus ridicule que le 58-14 sauvé en poules par de braves Namibiens, cette cuisante déroute est d’abord celle de tout le rugby français, si riche, si content de lui, si conventionnel qu’on finit par se demander s’il n’est pas un peu con tout court.

À part ça, bien sûr, c’est aussi la défaite de joueurs qui auraient pu faire le tour du monde en wattbike sans jamais se rapprocher ni de la classe athlétique, ni du niveau d’exigence de leurs adversaires du soir, et d’un staff qui n’aura pas été capable en quatre ans de créer ce collectif sans lequel, en rugby, le talent ne peut pas s’exprimer.

« Pour nous mettre quarante points, il faudra qu’ils soient vraiment, vraiment plus forts que nous », avait avancé, teigneux, Brice Dulin. Ou alors que les Bleus soient vraiment, vraiment plus nazes qu’ils ne voulaient le croire.

COMME LA GÉORGIE OU LA NAMIBIE, NOS FRÈRES DE MISÈRE

À la mi-temps, les All Blacks avaient déjà répondu à la question et renvoyé au terminus des prétentieux les jeunes écervelés qui avaient pu se croire, à force de se forger trois mois durant des biscottos d’airain, un destin de champions du monde. Ce fut d’autant plus cruel qu’en déchirant trois fois la défense tricolore pour franchir la barre astronomique des trois cents essais en Coupe du monde, les Néo-Zélandais avaient, par gourmandise, laissé au moins deux occasions nettes en route. Et si les champions du monde avaient fait l’honneur du premier « Kapa O Pango », le haka des grands jours, on eut rapidement la sensation que tout irait bientôt beaucoup, beaucoup trop vite pour les malheureux Tricolores.

Oh ! Pas tant au ras du sol ou même en défense, où Thierry Dusautoir, Bernard Le Roux et Morgan Parra se multipliaient, que dans l’exécution de chaque geste, dans la précision de chaque soutien, dans la promptitude de chaque vague offensive, la vivacité de chaque course. Ce fut vrai dès le coup d’envoi, où les All Blacks furent bien près de marquer, ce le fut dès la première intervention de Frédéric Michalak, brutalement rattrapé par la limite d’âge sur un coup de pied contré converti en essai par Brodie Retallick. Ainsi emmanchée, l’affaire n’allait pas tarder à tourner à la démonstration, d’autant plus que les Français subissaient également dans les airs, perdant tous les renvois et deux touches d’importance d’entrée.

Et puis, dans cette première demi-heure à cent mille à l’heure et sans la moindre mêlée, les All Blacks allaient aussi imposer la formidable qualité de leur jeu de passe pour les essais de Milner-Skudder et Savea, avant que ce dernier ne fracasse Nakaitaci et Spedding pour son doublé juste avant la mi-temps. Face à autant de talent et de solidarité dans le mouvement, la France n’avait que son courage et un certain sens du bricolage pour sauver l’honneur d’un essai de raccroc à la manière de la Géorgie ou de la Namibie, les humbles, les petits, nos frères de misère.

Source: lequipe.fr

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2 Commentaires

  1. marcociti 18 octobre 2015 at 10h- Répondre

    La Géorgie n’avait pas sa place aux 6 Nations après sa défaite face aux Blacks et sa courte victoire face à la Namibie. On a fait pire que la Namibie et la Géorgie face à la N-Z. On peut donc ouvrir le 6 Nations!

  2. bison25 19 octobre 2015 at 00h- Répondre

    J’AVAIS LE COEUR SERRE POUR EUX . Ils m’auront fait mal de les voir dans cet état . Surtout pour ceux , qui hier soir stoppaient définitivement leur carrière Internationale . Punaise , quelle tristesse !..