Bordeaux n’a pas seulement perdu un match face à Pau. Le club girondin a surtout perdu ses nerfs. Et cette soirée l’a montré : quand l’UBB se laisse envahir par sa frustration, tout s’effondre autour — le jeu, la discipline… et même la relation avec l’arbitre.

Car très vite, une ambiance lourde s’est installée dans le vestiaire bordelais. Yannick Bru et Jefferson Poirot l’ont résumé avec les mêmes mots : « Il y a de la colère, de la frustration. »

Ce sentiment a explosé après le coup de sifflet final, tant les joueurs ont eu le sentiment de ne jamais être en phase avec les décisions arbitrales, notamment au niveau des rucks.

L’un des points qui agacent : Pau n’a concédé aucune pénalité en deuxième période comme le précise Midi Olympique. De quoi alimenter un vrai malaise côté bordelais. Mais Bru et Poirot le savent : la frustration n’explique pas tout.

Des émotions qui font dérailler le match

Jefferson Poirot n’a pas cherché à se cacher :

« J’ai deux ou trois images en tête où j’ai le ballon dans les mains mais je ne suis pas récompensé. »

Mais il a surtout tenu à reconnaître l’essentiel :

« On a manqué de sérénité et à un moment on s’est mis l’arbitre à dos. On est tombé dans quelque chose qui n’est pas bon parce qu’on vient râler, on est sur la frustration des décisions et on n’est plus trop lucides sur ce qu’on fait sur le terrain. »

Cette perte de lucidité, on l’a vue. À force de contester, parler, réclamer, l’UBB a fini par faire déborder le vase. Rohan Janse van Rensburg en est l’exemple parfait : sanctionné pour avoir demandé une faute… un geste de trop pour un M. Gasnier clairement excédé.

Le casse-tête des ballons hauts

Ce dérapage émotionnel s’explique aussi par un autre constat : Bordeaux a été surclassé dans les airs. Outrageusement dominée sur les ballons hauts, l’UBB a passé la soirée à subir les chandelles d’Axel Desperes, parfaitement exploitées par Grandidier-Nkanang et Arfeuil.

Yannick Bru s’est montré cash :

« On n’a pas su récupérer quelques munitions malgré le travail de la semaine. Je n’ai pas envie de me réfugier derrière des excuses de faibles. C’est vrai qu’on avait aligné deux ailiers plutôt petits sur ce match pour différentes raisons. Ils avaient été performants sur ce secteur par le passé. »

À cela s’ajoutent un Jalibert en manque d’inspiration, aucune capacité à gratter des ballons, des touches perdues au pire moment et un déficit de puissance après la sortie de Marko Gazzotti… Un cocktail qui rend la défaite difficile à contester.

Une défaite frustrante, mais pas inquiétante

Le plus ironique ? En marquant en fin de match, Bordeaux aurait même pu repartir avec le bonus offensif. De quoi accentuer encore un peu plus l’agacement général.

Poirot en convenait :

« C’est peut-être une leçon d’efficacité. »

Et Yannick Bru l’a confirmé :

« Non. Ce n’est pas parce qu’on a perdu qu’on a été nuls. »