Les commotions cérébrales, un mal invisible au cœur des débats : « La commotion est difficilement évitable »

Les commotions cérébrales, un mal invisible au cœur des débats : « La commotion est difficilement évitable »

Le mercredi 4 juin 2025 à 17:53 par David Demri

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Ce mercredi matin, à l’initiative du syndicat des joueurs Provale, le rugby français s’est penché sérieusement sur un sujet aussi sensible que préoccupant : celui des commotions cérébrales.

Médecins, responsables fédéraux et joueurs étaient réunis pour un grenelle dédié à cette blessure souvent invisible, mais dont les conséquences peuvent être dévastatrices. Parmi les voix fortes de la matinée : celle de Paul Willemse, deuxième ligne du MHR, à l’arrêt depuis octobre 2024.

L’international tricolore a témoigné avec franchise de son calvaire neurologique. Extrait :

« Je suis toujours très sensible aux bruits forts, j’ai été longtemps sensible à la lumière également. La dernière commotion que j’ai subie était la sixième en deux ans, c’était un choc tête contre tête et maintenant, c’est clair, j’ai une fragilité. »

La troisième ligne du XV de France, Romane Ménager, a également évoqué la difficulté de revenir à la compétition après de multiples commotions. Extrait :

« Au total, j’ai subi neuf commotions, la dernière sur un geste assez anodin. J’ai mis quatre mois à revenir, mais dès que je prenais un impact, je ne me sentais toujours pas bien. J’ai atteint un seuil de tolérance, il faut prendre le temps de récupérer. »

Pour Paul Willemse, les commotions cérébrales sont d’autant plus complexes qu’elles ne se voient pas, et qu’elles vont à l’encontre de l’instinct du joueur. Extrait :

« Ce n’est pas comme une blessure à la jambe, on ne l’accepte pas aussi facilement. Tu dois écouter les médecins, alors que ton corps te dit que tout va bien. Je me suis toujours dit que si je peux me relever, je joue, d’autant que mon rôle sur le terrain est de mettre des impacts. »

Le Montpelliérain plaide pour des temps de repos plus longs après une commotion. Extrait :

« Il faut laisser davantage de récupérations, laisser plus de temps, sept jours ça ne suffit pas pour moi. Ça doit être vu comme une des blessures les plus graves pour un joueur. Ce n’est pas le cas pour l’instant. »

Le neurologue Jean-François Chermann rappelle l’importance de la prise de conscience individuelle. Extrait :

« Le plus important, c’est que le joueur prenne conscience de la gravité. Même parmi ceux qui sont sensibilisés sur la question, certains refusent de sortir quand ça leur arrive. Il y a une culpabilité chez le joueur. Souvent il a déjà mal à l’épaule, au genou, donc le mal de tête passe après… »

Le président de la commission médicale de la LNR reste lucide sur les limites du sport. Extrait :

« La commotion est difficilement évitable. La priorité absolue, c’est la détection de la première commotion cérébrale. »

Le rugby professionnel investit : médecins vidéo pour repérer les chocs en temps réel, protège-dents connectés (obligatoires en Top 14 depuis novembre) pour mesurer les impacts. Déjà 33 alertes ont été déclenchées en quelques mois, dont neuf commotions avérées.

Avec moins de moyens, mais davantage de prévention réglementaire. Le carton bleu permet à un arbitre de sortir un joueur suspecté de commotion. À partir de la saison prochaine, un joueur amateur sorti pour suspicion devra observer 21 jours de repos.

L’initiative de Provale a permis de libérer la parole et d’alerter les instances. Si des avancées sont notables, les témoignages des joueurs rappellent l’urgence de considérer les commotions comme des blessures majeures, pas comme de simples « bobos de contact ».

Via RMC Sport

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1 Commentaire

  1. Toulouse 5 juin 2025 at 06h- Répondre

    C’est le pb de la pratique de ce sport. C’est pour cette raison que j’ai fait arrêté le rugby à mon fils. Le jour où on emmène sont enfant de 5 ans aux urgences, ça fait réfléchir…