Les confidences poignantes de Jade Ulutule : « Mon quotidien ressemble plutôt à celui d’un retraité de 70 ans »

Les confidences poignantes de Jade Ulutule : « Mon quotidien ressemble plutôt à celui d’un retraité de 70 ans »

Le jeudi 5 juin 2025 à 16:59 par David Demri

1 Commentaire

Publicité

Un an après avoir dû mettre un terme brutal à sa carrière à cause de commotions cérébrales, Jade Ulutule, ancienne figure du rugby féminin français, livre un témoignage poignant via L’équipe.

Présente ce jeudi à Paris lors du Grenelle des commotions, l’ancienne internationale française à 7 et à XV a décrit sans détour un quotidien bouleversé et une reconstruction fragile.

Une vie à 32 ans qui ressemble à celle d’un septuagénaire

À seulement 32 ans, Jade Ulutule se retrouve dans un état que rien ne laissait présager il y a encore quelques mois. « Je suis en arrêt maladie, à l’heure actuelle j’essaie d’avoir le quotidien le plus normal possible. Mais il ressemble plutôt à celui d’un retraité de 70 ans. Donc, c’est compliqué. Ce n’est pas ce qu’on espère quand on a 32 ans et qu’on est encore jeune », confie-t-elle.

Privée des Jeux Olympiques de Paris, l’ex-internationale à 7 et à XV vit désormais au rythme de symptômes persistants : « J’ai toujours des maux de tête, comme une petite oppression dans le crâne (…) j’ai aussi des insomnies entre 3 heures et 5 heures du matin que j’essaie de réguler ». Même les écrans, autrefois anodins, sont devenus une source d’épuisement. « J’adore le sport, en ce moment il y a Roland-Garros, mais je ne regarde pas », regrette-t-elle.

Des rêves mis entre parenthèses et une réinsertion difficile

Ce choc physique a aussi des répercussions psychologiques. « J’ai envie de faire plein de choses potentiellement dans cette vie et je revois un peu à la baisse les objectifs, les envies que je pouvais avoir », admet-elle.

Et si l’ancienne capitaine des Bleues reconnaît avoir été « informée et formée sur les protocoles », elle admet aussi que les ambitions sportives prennent souvent le pas sur la prudence : « On ferme un peu les yeux en se disant que les symptômes à long terme arrivent aux autres ».

En seulement un an, Ulutule a cumulé trois commotions, dont deux en l’espace de quinze jours. Un signal d’alarme trop souvent minimisé dans le sport de haut niveau.

Un sentiment d’abandon une fois les crampons raccrochés

Lorsque la carrière s’arrête brutalement, c’est aussi tout un cadre qui disparaît. « On sort du système, d’un accompagnement (…) c’est vrai qu’on peut avoir ce sentiment d’être un peu livré à soi-même », explique-t-elle. Suivie désormais par un médecin en Bretagne, elle évoque une routine ponctuée de bilans mensuels, mais marquée par l’isolement : « Il y a des hauts et des bas et on se sent parfois un peu seule, un peu isolée ».

Dans ce contexte, elle plaide pour un meilleur encadrement psychologique des athlètes touchés : « Inciter à être suivi peut aider. Je le fais et ça m’aide énormément ».

Un avenir encore flou, mais des petites victoires comme boussole

Si Jade Ulutule continue de croire en la reconstruction, l’horizon reste incertain. « En ce moment, c’est compliqué. Je doute un peu (…) Je n’envisage pas du tout de pouvoir aller travailler tous les jours en entreprise et faire un 8h-17h. Pour l’instant, ça paraît insurmontable », admet-elle, lucide mais combative.

Alors elle avance, pas à pas : « J’essaie plutôt de viser des petites étapes, comme refaire de la course à pied sans avoir de symptômes ».

Publicité

1 Commentaire

  1. JP2683 6 juin 2025 at 00h- Répondre

    Courage madame .