Les confidences touchantes de Rabah Slimani sur sa dépression en pleine période de Covid

Les confidences touchantes de Rabah Slimani sur sa dépression en pleine période de Covid

Le dimanche 6 juillet 2025 à 12:36 par David Demri

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Le pilier droit international Français Rabah Slimani a remporté l’URC avec le Leinster.

Interrogé via L’équipe, ce-dernier a exprimé sa grande joie.

Il se rappelle qu’en fin de saison dernière, il pensait devoir arrêter le rugby.

Il vit finalement un rêve éveillé au Leinster. Extrait:

Putain, oui ! Il y a un an je me demandais si je n’allais pas arrêter le rugby. Après notre victoire en finale, beaucoup de choses enfouies sont sorties de moi. Les gars ne comprenaient pas. Je riais et je pleurais en même temps. J’avais une boule là (il montre sa gorge). Leo Cullen a été un coach extra, il m’a mis en confiance dès mon arrivée. Avant la finale, on a marché ensemble sur le terrain, il m’a dit : « Tu te rappelles il y a pile un an quand on s’est appelé en visio pour que tu rejoignes le Leinster ? » « Oui. » « Ben c’était pour ce match-là ! » Je ne pouvais pas le décevoir.

Il confirme avoir énormément progressé au Leinster. Extrait:

D’abord dans la rigueur. On s’entraîne sur le campus de l’UCD (University College of Dublin) et quand tu arrives le matin, ça te met dans des dispositions particulières. Les joueurs ont des cahiers pour prendre des notes, des iPads sur lesquels ils annotent les plans de jeu. À Clermont, Jono (Gibbes) – qui avait entraîné au Leinster – m’avait initié à ça et permis de réaliser que j’avais une mémoire écrite. Alors à 34 ans, j’ai recommencé avec un cahier à l’ancienne et un stylo.

Puis ma compagne Ornella m’a offert une Kindle dans laquelle chaque match avec le Leinster a son dossier. Et puis il y a aussi le travail perso après les entraînements. J’ai bossé ma technique de plaquage parce que je ne suis pas le meilleur dans ce domaine. Ou d’autres domaines comme les lifts (en touche). RG Snyman (double champion du monde sud-africain en 2019 et 2023) me sollicitait pour l’aider à travailler les coups d’envoi en me positionnant derrière lui pour le soulever.

Il explique avoir soulevé ce joueur de 130 kilos à bout de bras. Extrait:

C’est comme un arraché en haltérophilie en fait : tu dois gainer abdos et lombaires, utiliser tout le corps et finir pointe de pieds avec un maximum de hauteur. En mêlée, tu charges surtout dans les quadriceps, la nuque, les lombaires et les épaules. Quand tu pousses tous les mardis face à Andrew Porter, Cian Healy et Jack Boyle qui jouent pour l’équipe d’Irlande, tu progresses dans ta capacité d’adaptation : l’un va être frontal, l’autre va aller un peu plus en biais. D’autant que chaque mêlée est différente, tu peux en dominer une et te faire catapulter à la suivante. Au Leinster je poussais aux côtés des talonneurs Dan Sheehan et Ronan Kelleher.

Quand ils partaient en sélection, il y avait Gus McCarthy et John McKee qui ont un potentiel monstrueux. Aider ces deux jeunes m’a rendu fier et fait progresser. A mon poste il y avait Tadhg Furlong, Thomas Clarkson. Derrière nous, des 2e lignes du calibre Joe McCarthy, James Ryan et R.J. Snayman… Et puis encore la troisième ligne avec Josh van der Flier, Caelan Dorris, Jack Conan.

Il ne le cache pas : la pandémie du Covid lui a fait énormément de mal. Extrait:

C’est simple chaque matin à l’entraînement, t’as 80% de l’équipe d’Irlande. Mes potes en France hallucinaient quand je leur racontais. Je ne pouvais pas aller au Leinster et me rater. Cette expérience m’a relancé. J’en ai parlé récemment avec des membres du staff de l’équipe de France : le Covid m’avait tué. Je me suis effondré mentalement et j’ai fait une dépression. Revenir a été très compliqué pour moi.

Les trois premières semaines de confinement, j’étais « chaud patate ». J’avais demandé à l’ASM un rameur et un vélo, je m’étais commandé un sac de boxe. Je faisais du cardio sur ma terrasse. Mais quand on nous a annoncé qu’on allait encore être confinés, j’ai eu le sentiment que ça n’allait jamais s’arrêter. Quand tu as l’habitude d’aller au rugby tous les jours, de côtoyer tes coéquipiers et les gens du staff, rester chez toi, c’est violent.

Il a mis un an et demi à se remettre de cette phase de dépression. Extrait:

Un an et demi. C’est pour ça qu’être ici avec l’équipe de France est incroyable pour moi, j’ai même du mal à réaliser. Je n’avais plus porté le maillot Bleu depuis la Coupe du monde au Japon en 2019. J’avais connu l’équipe de France pendant six ans et je mesure vraiment ce que représente une sélection. Je sais aussi ce que c’est de ne plus être appelé du jour au lendemain, la frustration et l’incompréhension que ça engendre.

A 35 ans, Rabah Slimani indique vouloir profiter au maximum des Bleus, lors de cette Tournée en Nouvelle-Zélande. Extrait:

Je suis un vétéran, mais je ne me sens pas comme un vieux. Avec cette équipe de France, je vis pleinement chaque instant. Pendant la Marseillaise, je vais devoir faire le vide en essayant de fixer un point dans les gradins pour penser à autre chose et ne pas être submergé par l’émotion.

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