Les confidences très touchantes de Drew Mitchell sur son après carrière délicate

Les confidences très touchantes de Drew Mitchell sur son après carrière délicate

Le samedi 13 mai 2023 à 9:52 par David Demri

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L’ancien ailier du Rugby Club Toulonnais, Drew Mitchell a mis un terme à sa carrière au mois de juin 2017.

Lors d’un entretien accordé au Midi Olympique, le joueur Australien a expliqué avoir ressenti l’envie d’arrêter sa carrière soudainement, au mois de mars 2017. Extrait:

« En mars 2017, j’ai eu un déclic ici même (il montre l’ancienne tribune de Berg). J’étais fatigué à la suite d’une réunion d’équipe. J’ai dit à Matt Giteau : « Mon pote, c’est fini. » Il m’a motivé pour aller à la musculation. Je lui ai répété : « Non, ce n’est pas ça, ce n’est pas fini pour aujourd’hui. Cela en est fini du rugby. » J’ai toujours voulu que l’arrêt soit évident. J’ai terminé plutôt en forme, sans une discussion avec mon agent pour savoir si j’allais encore avoir un contrat. »

Il faut dire que lors de la saison 2016 / 2017, Drew Mitchell a enchaîné les pépins physiques au niveau des adducteurs notamment.

Il se rappelle avoir reçu des infiltrations à de nombreuses reprises. Extrait:

« J’ai reçu six infiltrations vers l’entrejambe. J’étais usé mais avec le recul… Qu’est-ce que je l’ai aimé cette vie ! Le rugby m’a donné plus que ce que je lui ai donné. J’étais un privilégié. C’est pour ça que c’est si dur de faire la transition. »

Dans la foulée, il affirme que le rugby lui a terriblement manqué lorsqu’il a pris sa retraite sportive. Extrait:

« C’est encore difficile. Je pense que les choses qui me manquaient la première année sont différentes de celles qui me manquent maintenant, dans ma sixième année de retraite. Lorsque j’ai rangé les crampons, il me manquait ce pic d’adrénaline. Cette petite chose qui est en toi, lorsque tu te présentes devant la foule, que tu joues, que tu es confronté à un défi et que tu mets en pratique tes compétences et ton talent.

La première année, j’ai donc dû trouver quelque chose pour essayer de combler ce manque. En fait, c’est le temps qui a estompé cette chose. Plus récemment, j’ai l’impression que la structure, la routine et la poursuite de résultats me manquaient. J’ai eu l’opportunité de devenir consultant sur une chaîne australienne. Mais c’est un plus. C’est une passion, ce n’est pas un but. Ce n’est pas la vraie vie, ce sont deux nuits pendant le week-end. Comment puis-je occuper les autres jours de la semaine ? »

Il avoue s’être retrouvé perdu à une certaine période. Extrait:

« J’ai énormément profité au début, puis après… Quand tu n’as pas de but pendant un certain temps, tu es perdu. Les gens et les conseillers me disaient : « Drew, qu’est-ce qui vous passionne ? » Je répondais la même chose : « Je suis passionné de rugby et je ne peux plus le jouer à haut niveau. » »

Et pour cause, il s’est rapidement rendu compte que rien ne le passionnait autant que le rugby. Extrait:

« Tout ce que j’envisageais en termes de carrière, ce n’était pas au même niveau de passion que ce que je faisais avant. J’ai pris ça comme une énorme injustice, un coup de massue. Il est difficile de trouver un domaine qui vous passionne quand vous êtes l’un des rares chanceux dans ce monde à avoir pu vivre confortablement de votre passion. Et là, il y a eu les premières inquiétudes : est-ce que je vais trouver un but ? Qu’est-ce que je vais faire ? Comment vais-je gagner de l’argent ? »

Drew Mitchell ne cache pas être devenu dépressif ces dernières années. Extrait:

« Aujourd’hui, je n’ai pas peur de dire que j’ai été dépressif. Plus que ça encore, je ressentais une forte anxiété. Je souffre de la pathologie de l‘overthinking (une personne qui fait face à un torrent d’émotions et de pensées négatives qui persistent dans le cerveau, N.D.L.R.). Dans beaucoup de situations, je pense au pire et cela ne m’aide pas, même si je sens que je fais des progrès.

Je suis un mec émotif. Mais, je suis qui je suis, et il a fallu me découvrir sans le rugby. J’ai accepté que des choses m’affectent plus facilement que d’autres amis, même si je n’aime pas parler à leur place. Quand c’est trop difficile, que je sens le vide, je prends des médicaments pour gérer cette anxiété qui est en moi. Ça m’aide à garder l’équilibre pour ne pas tomber dans une spirale négative. L’anxiété est difficile à gérer car parfois, je vois les choses plus noires qu’elles ne le sont. »

Dans la foulée, Drew Mitchell se veut bienveillant avec les joueurs qui pourraient prochainement traverser un coup de moins bien. Extrait:

« Il y a toujours des moyens de voir la lumière. Depuis peu, je me suis mis à la méditation et j’en tire des bienfaits. Bien avant ma retraite, je savais que ça serait dur de vivre sans ce ballon. J’ai toujours été clair avec moi sur le fait que j’allais sûrement devoir recourir à un thérapeute pour m’aider à identifier le trou, à l’éviter et à m’en sortir. Il n’y a pas de honte à le faire, ni de honte à le dire. Comme sur le terrain, je m’arme d’outils pour m’aider dans les moments les plus difficiles de la vie. »

Drew Mitchell ne manque pas d’exprime tout son amour pour le Rugby Club Toulonnais et la période extrêmement belle qu’il a passé au RCT. Extrait:

« J’ai 39 ans d’immaturité (rires). Heureusement, Toulon m’a fait grandir. Mes proches me disent : « Tu es né et tu as grandi en Australie ». Je leur réponds : « Je suis né en Australie, mais j’ai grandi à Toulon. » Entre mes 29 ans et 33 ans, j’ai appris à me connaître et à découvrir qui j’étais. Je ne parlais pas la langue, bien sûr il y avait la famille Giteau et leur soutien, mais c’est là où j’ai commencé à me sentir à l’aise tout seul, à apprivoiser la solitude. Comment puis-je m’attendre à aimer quelqu’un si je n’aime pas ma propre compagnie ? Ce voyage a révélé des choses en moi sur les relations et les amitiés. J’ai progressé humainement grâce à cette ville, mais aussi grâce à cette bande de mecs (il montre Giteau, Wilkinson et Botha). Ce groupe de mecs me manque encore, et c’est ça qui sera impossible à reproduire dans la vie de tous les jours.

Les gens m’ont fait ressentir que j’étais resté un mec spécial. Je l’ai vu à leurs yeux. Ils m’ont remercié alors que c’est désormais à mon tour de dire merci pour ce qu’ils m’ont apporté en tant qu’homme. À Sydney au moment de renouer avec le monde réel dans mon job de commercial dans l’immobilier, dans le bus et apprêté dans mon costume, quand il y aura des moments de doute, tout ira bien en repensant à ces derniers bons souvenirs. »

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