Le président de l’association de supporters des Fils de Besagne, Julien Perpère a tenu une conférence de presse en ce début de semaine pour évoquer la nouvelle saison ratée du Rugby Club Toulonnais.

Au cours de cet échange, le patron des Fils de Besagne a tiré la sonnette d’alarme et n’a pas fait de langue de bois.

Selon lui, la direction du club n’assume pas l’échec de ces trois dernières saisons et refusent de voir la réalité des choses.

Il pointe du doigt les nombreuses humiliations du Rugby Club Toulonnais cette saison sur les pelouses du Top 14 sans aucune réaction de la part des joueurs et précise que l’équipe ne peut pas continuer ainsi. Extrait:

« On n’a pas l’habitude de faire de conférence de presse chez les Fils de Besagne, mais la situation nous imposait d’en faire une. Je vais vous expliquer le communiqué que nous avons publié pour faire le bilan de la saison mais également des trois dernières saisons du RCT car maintenant, le staff technique est inchangé depuis trois ans maintenant.

Le RCT a fait un bilan hier en conférence de presse et pour nous, ce bilan est trop partiel. On ne peut pas, après cette humiliation vécue à Castres – et j’ai envie de dire combien de fois le RCT s’est fait humilier cette saison – on ne peut pas mettre un mouchoir et dire : on passe à la saison prochaine, ça ira mieux la saison prochaine.

A travers ce communiqué, on a voulu raconter ce qu’il s’est passé au cours des trois dernières saisons. Le constat est sans appel. On avait envie de croire que notre équipe pouvait se mobiliser sur une fin de saison et aller chercher la qualification. Malheureusement, on a eu que des défaites à l’extérieur, zéro points pris sur nos trois déplacements et on a été plutôt ridicules. »

Il n’accepte pas que le président du RCT, Bernard Lemaître oppose les supporters appartenant à un club de supporters à ceux qui ne font pas partie d’une association. Selon lui, il n’y a pas de gentils supporters et de méchants supporters comme Bernard Lemaître l’a laissé entendre. Extrait:

« Un point sur lequel j’avais envie de revenir, à savoir les déclarations de Bernard Lemaître. Nous ne sommes pas d’accord quand il oppose les supporters. Il n’y a pas de gentils clubs de supporters qui sont composés de gentils supporters et les autres qui sont des méchants. Cela, ça n’existe pas. Il y a une communauté RCT et dans cette communauté RCT, il y a les abonnés, certains sont dans des clubs de supporters et d’autres non. D’autres ne sont pas abonnés pour diverses raisons et ce n’est pas pour cela qu’ils ne sont pas autant passionnés par le RCT. Cela nous interpelle et c’est l’acte 2 des « pseudos supporters ». A l’époque, il y avait les « pseudos supporters » et les « gentils supporters ». Les gentils supporters, ce sont ceux qui vont agiter des drapeaux dans le stade. L’animation à Mayol est importante et ce n’est pas parce qu’on agite un drapeau dans le stade que l’on est des décérébrés et que nous ne pouvons pas réfléchir et avoir une réflexion sur notre club. »

Il ne comprend pas non plus pourquoi Patrice Collazo doit gérer le projet global du RCT allant de l’école de rugby à l’équipe première. Extrait:

« Bernard Lemaître parle de projet global avec Patrice Collazo. On adhère à ce projet. Le problème c’est qu’on ne sait pas où il va. Cela fait trois ans aujourd’hui qu’on nous promet des choses. Mais je suis interpellé quand Bernard Lemaître nous explique que Patrice Collazo est en charge du projet sportif qui va de l’école de rugby aux pros… D’abord, l’école de rugby est gérée par l’association RCT qui est une structure indépendante de la SASP et ce n’est donc pas à Patrice Collazo de s’occuper de l’école de rugby. Je pense surtout que Patrice Collazo a autre chose à faire que de s’occuper de l’école de rugby et notamment beaucoup à faire sur l’équipe première. »

Il craint que la direction du club soit réellement dans le déni et refuse d’assumer cet échec. Extrait:

« On a vraiment l’impression que la direction du club est dans le déni. Le déni d’assumer. On n’est pas là pour demander la tête de quiconque. Par contre, le bilan doit être fait. Les conclusions de ces trois années doivent être tirés. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas. Voilà pourquoi on décide de faire le bilan. Cela ne va pas forcément plaire, mais on le fait. »

Dans la foulée, il affirme que les associations de supporters du RCT se rendent régulièrement au Campus RCT pour défendre les supporters et non pas pour manger des petits fours comme certains veulent le faire croire. Extrait:

Autre chose sur laquelle je souhaitais nous défendre : les supporters ont été attaqués. Alors oui, on a des relations avec le RCT, ce qui est normal quand on est un club de supporters. On a des échanges avec le club, on est reçus au Campus, mais pas pour manger les petits fours et pour cirer les pompes de la direction du club. Quand on y va c’est pour défendre les supporters dans la globalité. Certains aiment bien nous tacler sur les réseaux sociaux sur nos prises de positions, nous, on défend les supporters dans leur ensemble. Quand on défend une politique tarifaire des abonnements, c’est pour tous les abonnés. Ce n’est pas que pour les Fils de Besagne, c’est pour tout le monde. Donc le fait d’être reçu au club, ce n’est pas un privilège mais c’est un moyen de porter les supporters auprès de la direction du club. C’est dans cet état d’esprit que l’on va au Campus à chaque fois et que l’on y retournera dans les prochaines semaines. »

Julien Perpère demande donc à la direction du club d’assumer et comprend difficilement que Patrice Collazo puisse gérer le projet global du RCT. Extrait:

« Ce qu’on attend, c’est que les personnes en charge de la politique sportive assument l’échec de cette année. Aujourd’hui, cet échec n’est pas assumé. On nous explique par pleins de raisons que l’on a échoué, mais on n’assume pas. Déjà, on veut que ce soit assumé. Ensuite, c’est la première fois que nous avons un staff qui dit être là pour gérer un projet sportif global. Avant, on avait des managers qui s’occupaient uniquement de l’équipe première. L’association faisait le travail sur le reste et le faisait plutôt bien d’ailleurs. C’est la première fois que l’on entend que le manager va s’occuper de tout. Donc forcément, on va regarder : les Espoirs, c’est quatre matches gagnés en deux ans, c’est Olivier Beaudon qui s’en va, ce sont des remaniements qui sont difficilement compréhensibles. Alors parlons de ce projet global qui nous interpelle aujourd’hui.

Ensuite, à Toulon, les supporters doivent être au cœur de ce projet. Bernard Lemaître nous reçoit mensuellement, on a des échanges avec lui qui sont très courtois, et je n’ai aucun problème avec Bernard Lemaître. Mais il faut assumer et regarder la réalité en face, et ce n’est pas ce qui est fait. Les griefs il y en a plusieurs car c’est un projet sportif global donc il n’y a pas que l’équipe une qui est impactée. Malgré tout, on ne va pas se le cacher : l’équipe première doit être la locomotive de ce projet et l’équipe première est actuellement en panne. Elle est restée en gare.

Ce qui m’inquiète, c’est qu’aujourd’hui, mettre tout le projet sportif entre les mains d’un homme providentiel, ça m’inquiète un peu. Je pense que le RCT, il faut des gens compétents à différents points, à différents postes. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Aujourd’hui, quand on lit les déclarations Bernard Lemaître, on comprend que c’est Patrice Collazo qui a en charge un projet global. Donc oui, il a trop de pouvoirs. Cela ne peut pas être une seule personne qui porte à bout de bras tout le projet du Rugby Club Toulonnais. Ce n’est pas possible. Il faut du changement. Cela peut-être des ajustements dans le staff. Mais quand on prend 48 points à Castres, c’est qu’il y a un problème quelque part. Moi, je ne suis pas dans le vestiaire, mais il y a un problème. On pointe du doigt le problème et les conséquences. Le problème du club c’est qu’il pointe timidement le problème et il ne voit pas les conséquences. »

Lorsqu’un journaliste lui indique qu’Ugo Mola a également connu des saisons difficiles à Toulouse avant que l’équipe de la Ville Rose ne retrouve son meilleur niveau, Raphaël Perpère rappelle que le RCT traverse une période difficile depuis plusieurs années maintenant. Extrait:

« Concernant le Stade-Toulousain, on n’a pas la même culture. Ugo Mola a fait un an de très mauvais résultats. Nous, nous en sommes à la troisième année. Alors l’année dernière, on termine notre saison sur un match contre le Stade-Français gagné à la 82ème minute, où le match était déjà très moyen. Voilà où on s’arrête l’année dernière. A Toulon, au-delà du résultat, finir 8ème ce n’est pas concevable. Mais on s’est fait humilier combien de fois cette année ? Rouler dessus sans réaction de nos joueurs. A Toulouse justement, à La Rochelle, à Bordeaux, à Montpellier, à Castres, à Lyon… Ce n’est pas concevable ! On a pris 40 points à chaque fois, on s’est fait maltraiter, malmener sans aucune réaction. C’est cela qui fait le plus mal aux supporters Toulonnais. Les supporters n’acceptent pas d’avoir une équipe qui recule et qui se fait marcher dessus. A Castres, notre équipe a sombré pendant 60 minutes sans aucune réaction. C’est un état d’esprit au-delà des résultats. Si on termine 8ème et que l’on s’était envoyé comme des chiens toute l’année… Mais je n’ai pas ce ressenti-là et nous n’avons pas ce ressenti-là aux Fils de Besagne. Ce ce qui nous pose problème.

On veut seulement que les gens assument leurs responsabilités. On ne peut pas faire la politique de l’autruche. On ne peut pas mettre un mouchoir sur ce qui a été vécu. Je ne demande pas à ce que Patrice Collazo s’en aille. Mais la conférence de presse de Bernard Lemaitre est décalée par rapport à la réalité. On a l’impression qu’ils sont sur la lune, qu’ils sont en orbite et qu’ils ne comprennent pas les attentes des supporters Toulonnais. Si on repart sur une campagne d’abonnements et une saison derrière sans avoir fait l’inventaire de ces trois dernières années, ça ne pourra pas marcher. Les supporters Toulonnais n’adhéreront pas au projet. Derrière, les gens ne vont plus venir à Mayol et derrière, c’est aussi l’âme du club qui va se perdre.

On a fait ce communiqué mardi. La saison s’est terminée samedi soir. Pendant 48 heures, on a appelé nos adhérents et on a échangé avec nos adhérents. L’objectif quand on fait un communiqué, c’est de porter une voix. Aujourd’hui, nos abonnés, pour certains ne se réabonneront pas. Ils ne se régalent pas. Ils n’ont pas envie de voir une équipe du RCT qui se fait rouler dessus sans réaction. On vient ensuite nous expliquer que c’est à cause des doublons, que c’est à cause du Covid, ou alors il ne fait pas beau. Il y a toujours une raison ! Alors oui, la campagne d’abonnements va être difficile et je crois que le club n’en a pas conscience. On appelle le club aussi à regarder la réalité en face car on a l’impression que ce n’est pas le cas aujourd’hui. »

Désormais, il espère que les associations de supporters seront reçues par la direction du club. Extrait:

« Bernard Lemaitre a dit qu’il allait nous recevoir la semaine prochaine. Je n’ai pas eu d’invitation pour le moment mais j’espère que l’on sera reçu pour échanger. On est dans un état d’esprit de faire ouvrir les yeux à la direction du club. »

D’ailleurs, il avoue craindre le pire pour la campagne d’abonnements qui va débuter la semaine prochaine. Extrait:

« On voit une campagne d’abonnements difficile, un Mayol qui sera difficile à remplir. Et je crois, une fronde des supporters qui va devenir grandissante. Car les trois saisons passées, l’impression que Bernard Lemaître n’écoute pas les supporters Toulonnais, fait qu’il y a des supporters Toulonnais dont on ne fait pas partie, qui se radicalisent et qui vont souhaiter que l’échec du RCT et de Patrice Collazo. Il va falloir que Bernard Lemaître réussisse à gérer le club avec cela. Cela va être très compliqué et difficile. Si les résultats ne sont pas là l’année prochaine, je pense que ça va prendre un autre virage. »

En cas de nouvelle saison difficile, il craint que certaines actions ne soit adoptées pour faire réagir la direction du club. Extrait:

« Il y a plusieurs leviers qui sont sur la table comme le boycott d’une campagne d’abonnements et on l’a déjà fait dans l’histoire des Fils de Besagne à une époque. Ce n’est pas notre volonté, mais bien sûr qu’il peut y avoir un boycott ou des actions au stade, des rassemblements organisés. Tout le monde voit tout ce que l’on peut faire. Et on n’a pas envie d’en arriver là. Par contre, on a envie que le club nous écoute et mesure la colère des supporters. Car de dire que tous ceux qui écrivent sur les réseaux sociaux sont de mauvais supporters et on ne les écoute pas, ce n’est pas comme cela que ça va avancer. Il faut les intégrer car ce sont des supporters du RCT comme nous et comme d’autres. Nous, on a un visage et ils savent où nous trouver. Mais les autres, ils ont le droit aussi d’être écoutés. Et dans une période où on n’a pas le droit d’aller au stade, ça passe beaucoup par internet et les réseaux sociaux. Ce n’est pas pour cela qu’il faut les stigmatiser. »

Il constate également que peu d’associations de supporters ont communiqué suite à l’échec du RCT. Extrait:

« Je ne vais pas parler pour les autres clubs de supporters. Mais ce qui est certain, c’est qu’il y a eu peu de prises de positions de la part des autres clubs de supporters. C’est un constat. Les Z’Acrau ont fait un communiqué. C’est leur position. Nous, on est dans un bilan et eux plutôt dans un ressenti. Mais à part eux, personne d’autre ne s’est exprimé. L’union sacrée chez les clubs de supporters a toujours été difficile à obtenir. Et sur ce coup-là, ce sera encore compliqué de l’avoir. Il y a des prises de positions qui sont à l’opposé de la notre et je le sais. Chacun est libre de dire ce qu’il a envie de dire. »

Questionné sur l’appel à la police pour dénoncer la présence d’un trop grand nombre de supporters Castrais au Stade Pierre Fabre, Julien Perpère explique que le RCT est en train de perdre son identité. Extrait:

« Concernant la décision de Bernard Lemaître de prévenir la police à Castres en raison de la présence de supporters dans le stade, je pense que ce n’est pas Toulon. De pleurnicher car il y a 2 000 ou 3 000 supporters dans le stade, ce n’est pas Toulon. Samedi, c’était sur le terrain qu’il fallait être présent. Savoir combien il y avait de personnes dans les tribunes… Je m’en fous complètement personnellement. Ce n’est pas Toulon. Et la délation, je n’adhère pas trop à ces pratiques. Je pense que le RCT est en train de perdre son identité depuis plusieurs années. 48 heures après une humiliation, on en est en train de discuter pour savoir s’il y avait 2 000 ou 3 000 personnes dans le stade… Je crois qu’on se trompe complètement, on n’écoute pas assez les supporters et je pense que le club perd son identité. En tout cas, je pense que la direction du club se cherche un peu et cherche dans quel sens le club doit aller. »

Pour conclure, Julien Perpère confirme que Bernard Lemaître échange beaucoup avec les associations de supporters, plus que ce que le faisait Mourad Boudjellal à l’époque. Extrait:

« Après, c’est vrai que nous avons beaucoup plus de dialogue avec Bernard Lemaître qu’avec Mourad Boudjellal. Il n’y a aucun souci là-dessus. Mais nous avons des gens face à nous qui ne comprennent pas les Toulonnais. Ils ne comprennent ce qu’est le Rugby Club Toulonnais. Il va falloir qu’ils évoluent là-dessus car ça devenir ingérable pour le club. On est là pour leur dire ce qu’est le club. Puis Patrice Collazo connaît le club et c’est à lui de montrer un peu la voie de ce qu’est le RCT, tout simplement. »