Les jeunes jouent de plus en plus tôt en Top 14 : « Je ne vais pas attendre qu’ils aient 27 ans avant de les faire jouer ! »
Les jeunes jouent de plus en plus tôt en Top 14 : « Je ne vais pas attendre qu’ils aient 27 ans avant de les faire jouer ! »
Le samedi 11 octobre 2025 à 17:36 par David Demri
1 Commentaire
Publicité
Le Top 14 n’a jamais été aussi jeune. Cette saison, les clubs de l’élite font de plus en plus confiance aux moins de 20 ans, une génération déjà bien préparée, formée pour répondre aux exigences du très haut niveau.
À seulement 18 ans, Valentin Hutteau, demi de mêlée venu de Massy, a disputé les cinq premières journées de championnat avec Bordeaux-Bègles. À Clermont, Léo Michaux, né lui aussi en 2007, a goûté à ses premières minutes face au Racing 92 (défaite 43-31).
« Maintenant, beaucoup de jeunes sortent dans beaucoup de clubs. Plus personne n’a peur de faire jouer des jeunes. Alléluia car certains leur trouvaient tous les défauts de la terre il y a encore quelque temps », se réjouit Ugo Mola, l’entraîneur du Stade Toulousain, via L’équipe.
Une jeunesse opportuniste et décomplexée
Ces jeunes talents n’ont pas encore le statut de titulaires indiscutables, mais ils profitent des blessures ou des absences d’internationaux pour s’installer dans la rotation. Louka Guilhot (19 ans, Castres), Axel Guillaud (19 ans, Clermont) ou encore Lucas Andjisseramatchi (La Rochelle) ont tous profité de fenêtres favorables pour se montrer.
« Il y a une réalité économique aussi, avec le salary-cap et les JIFF, analyse Xavier Sadourny, coach du CO. À une époque, le numéro 3 au poste aurait été un joueur étranger, aujourd’hui, c’est un jeune. »
Cette évolution structurelle permet aux clubs de donner leur chance à une génération issue d’un vivier exceptionnel, celle des Bleuets sacrés champions du monde en 2018, 2019 et 2023, puis finalistes en 2024.
Des joueurs mieux préparés
« Les centres de formation travaillent de mieux en mieux, les jeunes se préparent de mieux en mieux. Ils s’entraînent tous les jours, plus que les professionnels, avec beaucoup de physique, beaucoup de musculation », poursuit Sadourny.
Même constat pour Sébastien Tillous-Borde, manager de Montauban, qui voit émerger des joueurs déjà prêts :
« Ils sont prêts plus tôt. Ces jeunes dont je vous parle, ils s’entraînent avec les professionnels depuis plus de quatre mois. »
À 16, 17 ou 18 ans, beaucoup réclament même à s’entraîner avec le groupe pro pour accélérer leur progression. « J’ai quatre ou cinq jeunes nés en 2006 qui sont avec moi depuis le 21 juillet et la reprise… » confie Sadourny.
Le bon moment pour les lancer
Mais encore faut-il savoir les intégrer sans les brûler. « Le manager doit sentir le bon moment, doit sentir quand le jeune est prêt aussi bien mentalement que psychologiquement. Mais en général, ce sont plutôt des trois quarts. Pour les première ligne, il faut un peu plus de maturité, on le sait », nuance Tillous-Borde.
Une prudence que Patrice Collazo partage, même s’il n’hésite pas à miser sur la jeunesse au Racing 92. Le technicien francilien a lancé Yanis Basse (talonneur) et Édouard Jabea-Njocke (pilier), tous deux nés en 2006.
« Je ne vais pas attendre qu’ils aient 27 ans avant de les faire jouer. S’ils sont là, c’est qu’ils le méritent. On a une stratégie pour développer ces jeunes, une vision à court, moyen et long terme. »
Le coach raconte avoir sorti Jabea-Njocke à la 70e minute contre l’UBB : « Les conditions n’étaient pas réunies pour que je le laisse, Romain Taofifenua venait de se faire expulser, et je peux vous assurer qu’il stabilise beaucoup de choses en mêlée. Ce n’est pas une punition, c’est l’apprentissage. »
Un équilibre à trouver
Entre apprentissage et performance, les entraîneurs doivent doser. « Être 24e, ça permet d’être au plus proche des gars plus expérimentés, de voir comment ils bossent, s’échauffent », ajoute Collazo. Avant de renvoyer certains en Espoirs pour continuer à progresser : « Pour qu’il redevienne dominant en mêlée. »
La nouvelle génération frappe déjà à la porte. Décomplexée, affûtée, ambitieuse, elle incarne un futur radieux pour le rugby français — et un présent déjà bien tangible sur les pelouses du Top 14.
Publicité
1 Commentaire
Et nous on résigne withe