Raphaël Ibanez, figure emblématique du rugby français, n’est pas seulement le manager respecté du XV de France. Derrière ce visage connu des terrains se cache un homme marqué à jamais par un drame personnel, qu’il a enfin accepté de raconter.

C’est via Midi Olympique que Raphaël Ibanez a accepté de revenir sur un moment très délicat de sa vie.

En avril 2022, lors d’une sortie en kayak sur la rivière Deva, l’ancien capitaine des Bleus a assisté, impuissant, à la noyade de son meilleur ami, Fabrice Labarrière, ex-deuxième ligne de l’US Dax.

Un accident brutal : à peine installé dans son embarcation, Labarrière bascule, emporté par un courant puissant, coincé sous un amas de branches sous un rocher. Ibanez plonge sans hésiter, tente tout pour sauver son ami, tire à mains nues sur les souches, plonge encore et encore.

Mais rien n’y fait. « J’ai vu mon meilleur ami se noyer sous mes yeux », confie-t-il aujourd’hui, brisé. « J’ai failli aussi y rester. »

Il faudra attendre cinq heures pour que les secours espagnols extraient enfin le corps, à l’aide d’une grue.

Ce choc, Ibanez l’a porté seul, longtemps. Les nuits sans sommeil, les images qui tournent en boucle, la culpabilité et la peine qui l’envahissent.

Mais peu à peu, il a trouvé la force de chercher de l’aide. Il s’est tourné vers l’EMDR, une méthode thérapeutique conçue à l’origine pour les traumatismes de guerre. Et là, un souffle nouveau.

« J’ai été suivi, oui. Grâce à cette technique, j’ai revu des images de l’enfance, les moments de complicité avec mon copain Fabrice… J’ai ri, j’ai pleuré mais cette méthode m’a sauvé : avant ça, les cauchemars étaient fréquents. Je pensais à sa famille, à ses enfants et alors, la tristesse me submergeait par vagues. »

Aujourd’hui, même si la douleur reste ancrée, Ibanez a réussi à reprendre pied. « Les images, je ne les oublierai évidemment jamais. Mais de ce drame, je peux désormais en parler ; c’est déjà ça », souffle-t-il.

Plus qu’un témoignage, ce récit révèle un homme qui, au-delà des terrains, a dû mener son plus grand combat : celui contre ses propres fantômes.