Les très beaux souvenirs de Matthias Halagahu : « Mon premier match en pro, j’entre et je joue à côté d’Eben Etzebeth… »
Les très beaux souvenirs de Matthias Halagahu : « Mon premier match en pro, j’entre et je joue à côté d’Eben Etzebeth… »
Le vendredi 18 juillet 2025 à 13:33 par David Demri
3 Commentaires
Publicité
Pour sa première grande virée internationale, Matthias Halagahu enchaîne les minutes avec le XV de France… à un poste qu’il occupe rarement en club.
À Toulon, le deuxième-ligne se présente presque toujours avec le numéro 4 dans le dos. En sélection, le staff tricolore l’a glissé côté droit de la cage, en 5, face aux All Blacks.
Un déplacement qui en dit long sur la polyvalence en construction d’un jeune gabarit (1,97 m, 121 kg) nourri aux conseils des géants du poste.
Toulon : formé auprès des maîtres
Dès ses premiers pas chez les pros, Halagahu a eu des modèles XXL pour apprendre plus vite que la moyenne.
Via L’équipe, il se rappelle de son premier match avec le Rugby Club Toulonnais, chez les professionnels. Extrait:
« Mon premier match en pro, j’entre et je joue à côté d’Eben Etzebeth qui est peut-être le meilleur à notre poste. J’ai joué aussi avec Alun Wyn Jones (158 sélections). Et aujourd’hui, je m’inspire de David Ribbans que je mets dans le top 3 mondial des deuxièmes-lignes. Il pousse à droite, il est dense, il annonce en touche et il a une énorme activité. Je ne vois pas beaucoup de joueurs qui sont capables d’avoir toute cette palette-là. Franchement, c’est impressionnant. »
Ces mentors ont façonné son regard sur le métier : qualité de déplacement, précision en touche, endurance sur la durée d’un match et science des zones de contact. Observateur avide, il a longtemps absorbé leurs routines comme du papier buvard.
Un 4 de club devenu 5 chez les Bleus
Les chiffres parlent : en plusieurs dizaines de titularisations toulonnaises, Halagahu n’a presque jamais démarré avec le numéro 5.
L’histoire est inverse sous le maillot bleu où ses deux premières capes, en Nouvelle-Zélande (Wellington puis Hamilton), l’ont installé côté droit. Nouvelle expérience, nouvelles responsabilités : lecture des alignements adverses, timings de saut, liaisons en mêlée avec l’autre lock et les avants de première ligne.
Objectif double compétence
Le principal intéressé ne se raconte pas d’histoires. « Je ne suis pas quelqu’un qui a des super pouvoirs mais je veux être le plus complet possible… À Toulon, avec des gars comme Ribbans ou Brian Alainu’uese, on m’utilise plutôt en 4. Mais ce que je voudrais, c’est pouvoir être l’un comme l’autre. Pouvoir aussi annoncer en touche comme j’ai déjà pu le faire en club. Pour jouer 5, je sens que je vais devoir progresser physiquement parce que je ne suis pas aussi puissant que Meafou ou Taofifenua quand il faut porter le ballon et peser sur la ligne d’avantage. »
Être interchangeable 4/5, c’est augmenter sa valeur pour les sélections longues durées – tournées, Coupes du monde – où chaque combinaison compte. Cela suppose du volume musculaire utile, des repères tactiques des deux côtés du bloc et un mental prêt à varier les rôles d’un match à l’autre.
Buvard d’expériences : ce qu’il a pris aux légendes
Le quotidien partagé avec Eben Etzebeth et Alun Wyn Jones a été un accélérateur foudroyant. « Je regardais beaucoup comment ils préparaient leur match pendant la semaine. Ils font attention à leur corps, font beaucoup de gainage, beaucoup de travail en salle. Les côtoyer, ç’a été un accélérateur de fou pour ma progression. Alun Wyn m’a appris sur la touche, les ballons portés. Eben, lui, m’avait donné très tôt un conseil super précieux en me voyant nettoyer un ruck. Il m’avait dit : « OK, super, tu tapes fort dans le ruck pour sortir le mec (le soutien offensif) mais si tu fais ça deux, trois, quatre fois, tu vas perdre une énergie de dingue. En fait, pour moi, là, tu as déjà perdu ton ruck. Au niveau international, tu laisseras trop d’énergie à répéter ça. Il faut que tu arrives avant ce mec dans le ruck, que ça soit lui qui travaille pour te sortir, lui qui se fatigue. »
Du très haut niveau condensé en quelques phrases : arriver tôt, économiser l’essence, obliger l’adversaire à dépenser la sienne. Un mantra à garder au moment d’affronter les All Blacks.
Pourquoi cela compte maintenant
Être aligné en 5 sur cette tournée d’été n’est pas un simple ajustement de feuille de match. Pour le staff de France, chaque test en terre kiwi sert de laboratoire : évaluer qui peut permuter, qui peut appeler la touche, qui encaisse l’intensité. Halagahu coche déjà plusieurs cases – mobilité, curiosité, bagage technique – et s’offre une formation accélérée en plein ouragan.
Samedi, une nouvelle titularisation face aux All Blacks lui offre l’occasion de valider ses progrès et de montrer qu’un 4 toulonnais peut devenir un 5 crédible à l’international. Caméléon en devenir.
Publicité
3 Commentaires
1m97??? Il a encore grandit à son âge ? Il ne fait pas 1m93 ou 94???
121 kilos, il commence à être lourd mais cela ne se voit effectivement quand il porte le ballon, par contre il s’envoie bien pour plaquer et nettoyer
1.94 ça ira bien…Il me l’a dit lui même l’an passé. M’étonnerait qu’il ait pris 3 cm depuis.
En se suspendant par les pieds la tête en bas, 2 heures le matin et 2 heures le soir, il est tout à fait possible de prendre 3 centimètres. Je pense que c’est ce qu’il a fait, d’où ses progrès en touche.