Il n’était pas censé être au cœur de la soirée. Et pourtant, c’est bien Levani Botia qui a marqué de son empreinte la 12e journée de Top 14. Entré bien plus tôt que prévu face à l’Aviron Bayonnais, le troisième ligne fidjien du Stade Rochelaisa livré une nouvelle prestation XXL, dans la continuité d’un début de saison impressionnant.

Le scénario aurait pourtant dû être tout autre. Samedi, à Deflandre, Botia devait se contenter d’un rôle de finisseur, une trentaine de minutes au maximum. Mais le sort en a décidé autrement.

Dès le coup d’envoi, son jeune coéquipier Matthias Haddad était contraint de quitter la pelouse, victime d’une commotion. En un instant, le plan initial volait en éclats.

Propulsé prématurément dans l’arène, Botia a alors endossé le costume du patron. Une activité dévorante, des deux côtés du ballon : 13 courses, 2 défenseurs battus, 2 ballons grattés, 1 offload, et un essai à la clé. Suffisant pour transformer un simple remplacement en démonstration d’autorité.

Deux jours plus tôt, le capitaine rochelais Grégory Alldritt résumait parfaitement le phénomène : « Il est imprévisible ». Un qualificatif qui colle à merveille à ce joueur hors normes, capable de surgir partout, tout le temps.

À bientôt 37 ans — Botia les aura en mars 2026 — Alldritt rappelait toutefois la nécessité de le ménager : « Il faut en prendre soin, car il ne peut pas faire 80 minutes tous les week-ends. »

Samedi pourtant, le Fidjien a donné l’étrange impression qu’il aurait pu prolonger l’effort bien au-delà du coup de sifflet final, sans jamais perdre en intensité. Une constance remarquable, alors que Deflandre ne cesse de porter aux nues son chouchou, dont la prolongation de contrat serait en bonne voie.

Dans le staff, l’admiration est tout aussi manifeste. « On a du grand Botia actuellement. Ça fait cinq, six matchs qu’il montre qu’il n’a pas d’âge. Plus les matchs passent, plus il est fort. Il retrouve son niveau d’il y a quelques années », observe Rémi Talès, l’un des entraîneurs rochelais.

Même son compère Uini Atonio, d’un an son cadet, peine à expliquer cette longévité hors norme. « Toujours en train de faire chier dans les rucks, gratter tous les ballons, plaquer… On dirait qu’il a 22 ans le mec. »

À La Rochelle, Levani Botia continue donc de défier le temps. Inusable, omniprésent, et plus influent que jamais, le Fidjien s’impose comme l’un des symboles forts de ce début de saison. Et cette semaine, l’oscar ne pouvait décemment revenir qu’à lui.