Battu et bousculé à Édimbourg sous une pluie incessante, le RCT n’a plus vraiment le choix. Avant de recevoir Bath, l’un des favoris de la Champions Cup, les Varois savent qu’ils jouent déjà une partie de leur avenir européen.

Dans ce format impitoyable où chaque faux pas pèse lourd, la défaite en Écosse a laissé des traces : un joker brûlé, des concurrents qui prennent le large… et une infirmerie qui se remplit.

La semaine a d’ailleurs débuté avec un coup dur : la fracture de la main droite de Melvyn Jaminet, absent pour plusieurs semaines. Pendant que le RCT rentrait bredouille, Édimbourg, Bath et Gloucester, eux, ont tous engrangé des victoires bonifiées. De quoi tendre encore un peu plus la situation.

« Ce fut frustrant » : Ludlam sonne la révolte

Dans le vestiaire toulonnais, personne ne cherche d’excuse.

Lewis Ludlam ne mâche pas ses mots via Midi Olympique :

« Ce fut frustrant. Nous voulons être une grande équipe, une équipe qui gagne et nous n’avons pas été assez bons là-bas. On n’a jamais su s’adapter aux horribles conditions. Maintenant, ce n’est pas le moment de s’apitoyer sur notre sort, car la meilleure équipe d’Angleterre nous attend pour un gros combat. »

Ludlam connaît parfaitement cet adversaire : un pack surpuissant, un maître d’orchestre nommé Finn Russell, et une dynamique solide depuis un an.

Pour lui, le plan de match est clair :

« La clef sera de gagner le jeu au sol, en attaque et en défense. Ils ont l’un des paquets d’avants les plus puissants d’Europe. Si on les laisse faire, nous allons passer une mauvaise après-midi, car, derrière, Russell est très à l’aise pour conduire la stratégie. Si tu baisses la garde, que tu ne rivalises pas en conquête, ils te mettent KO. »

Toulon, une équipe métamorphosée à domicile ?

La question revient chaque semaine : ce RCT, capable d’exploser n’importe qui à Mayol mais trop friable loin de ses bases, peut-il se relancer ?

Ludlam, lui, n’a aucun doute sur l’identité du club :

« Mec, nous sommes Toulon. Nous portons le maillot d’un immense club. Nous portons l’espoir d’une ville. Non, il ne s’agit pas de se mettre la tête au fond du seau. Il faut se nourrir de cette frustration. De toute manière, nous sommes toujours différents à domicile. C’est une notion vraiment propre à la France. »

L’Anglais remarque d’ailleurs que cette sensibilité n’existe pas dans son pays.

« Pour les Anglais, un match est un match et Bath l’abordera comme ça. Dans notre ADN, on se surpasse quand on est dos au mur. En France, vous tirez une énergie incroyable du public, comme ici à Toulon. »

Alors, l’ambiance de Mayol va-t-elle suffire pour faire basculer le match ? Pas selon lui :

« Non, car nous sommes professionnels. Nous nous battons toujours pour gagner. À l’extérieur, c’est un problème de confiance. En ce moment, on en parle beaucoup, partout et dans la presse, et ce souci prend de l’ampleur. Il faut oublier tout ça : nous sommes Toulon, chacun est un grand joueur ici. Si chacun a confiance en lui, fait son travail pour le collectif, nous pouvons battre n’importe qui, à Mayol comme à l’extérieur. »

Un match déjà déterminant

Bath débarque dans le Var avec le plein de confiance et une puissance redoutable. Toulon, lui, doit absolument rebondir pour ne pas voir s’échapper toute perspective de qualification. Entre urgence, orgueil et pression du public, ce choc s’annonce électrique.