Magnétiseur, rebouteur, vétérinaire équin… Ce joueur a tout essayé pour sauver sa carrière !
Magnétiseur, rebouteur, vétérinaire équin… Ce joueur a tout essayé pour sauver sa carrière !
Le lundi 16 juin 2025 à 17:20 par David Demri
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Il rêvait de sommets, il avait le jeu, le mental, la rigueur. Mais le destin de Théo Costossèque, prodige discret du rugby français, s’est heurté à une réalité implacable : un corps trop fragile pour suivre la cadence du haut niveau.
À seulement 25 ans, le trois-quarts centre formé à Peyrehorade, passé par le Racing 92, Bayonne et Vannes, a été contraint de mettre un terme à sa carrière. Un arrêt prématuré, brutal, et surtout, d’une immense injustice.
Un talent brut venu du monde amateur
Originaire d’un petit village landais, Costossèque n’a jamais été formaté pour le rugby pro. Repéré sur les terrains amateurs, il séduit rapidement par son explosivité, sa vista et son instinct offensif. Le Racing 92 flaire le bon coup et l’intègre dans ses rangs. Mais la marche est haute. Trop haute, peut-être. « J’avais le physique de quelqu’un qui n’est pas fini », glisse-t-il aujourd’hui, avec un mélange d’amertume et de lucidité.
Dès son arrivée dans le monde professionnel, son corps encaisse de lourdes charges d’entraînement, sans préparation adaptée. Le mal est sournois : une malformation de la hanche, nommée conflit fémoro-acétabulaire, provoque arthrose et hernies discales dès l’âge de 18 ans. Le début d’un calvaire médical.
Quatre centres de rééducation, des rebouteurs, et un vétérinaire équin
Le jeune joueur n’abdique jamais. Il consulte partout, teste tout. Infiltrations, séjours au CERS de Capbreton, magnétiseurs, rebouteurs, jusqu’à un vétérinaire équin. « Je n’ai jamais vraiment eu ma réponse », confie-t-il. Mais il s’accroche, imposant à son quotidien une discipline de fer : pas une goutte d’alcool pendant deux ans, aucune sortie, aucun excès. Une vie d’ascète pour un espoir constamment freiné par les douleurs.
Deux montées historiques, mais vécues depuis les tribunes
Le paradoxe, c’est que Théo Costossèque performe… dès qu’il joue. Son entraîneur à Vannes, Jean-Noël Spitzer, s’étonne encore via L’équipe : « Il avait une vraie capacité à attaquer fort l’intervalle. Même sans entraînement, il était immédiatement performant, bizarrement. » Mais le sort s’acharne. Il manque la montée de Bayonne en 2022 à cause d’une hernie. Celle de Vannes en 2024, suite à une énième déchirure. « Je le vivais comme si je jouais, mais c’était super dur », reconnaît-il avec pudeur.
Son coéquipier Sacha Valleau, lui aussi abîmé par les blessures, témoigne : « Il était très complet, impressionnant. Dès qu’il jouait, il était performant. C’est un mec bien, un gentil qui n’a jamais triché. Un chien sur le terrain, mais un type top dans la vie. »
L’ultime feu d’artifice… puis le silence
Septembre 2024. Le Top 14 lui ouvre enfin les bras. Contre le Stade Français, il inscrit son premier essai dans l’élite. Une semaine plus tard, à La Rochelle, il illumine le match d’une chistera décisive. Le RCV signe alors sa première victoire à l’extérieur dans l’histoire du Top 14. Mais dans l’euphorie, un signal implacable surgit : son genou enfle. Hématome, ponctions… et l’arrêt.
Le diagnostic est sans appel : poursuivre, c’est risquer une prothèse de hanche avant 30 ans. Il choisit de tout arrêter. « Mon corps m’a dit stop. Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? » lâche-t-il, la gorge serrée.
Un départ sans bruit, mais lourd de sens
Quelques jours encore avant l’annonce de sa retraite, des clubs de Pro D2 continuaient de le solliciter. Désormais, il est retourné vivre chez ses parents, loin des terrains. « Je pense que je vais avoir besoin de couper avec le rugby. Voir les autres jouer, c’est trop dur », admet-il. Son rêve, jouer pour Bayonne, il l’a atteint. Mais l’aventure fut trop courte. Et surtout inachevée.
« C’est tellement atypique, j’avais tout. Quand tu entends ton coach te dire « je n’ai jamais vu un joueur comme toi », et que tu ne peux pas en profiter, c’est dur. Si c’était une question de niveau, bon, t’es pas bon, tu joues pas. Mais là, à chaque fois que j’étais apte, j’étais titulaire. C’est ça le plus cruel », souffle-t-il, les larmes aux yeux.
Cruel, oui. Et profondément injuste.
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