Mathieu Bastareaud : « Brûler des voitures ou casser des commerces, ce n’est pas ça qui change les choses »

Mathieu Bastareaud : « Brûler des voitures ou casser des commerces, ce n’est pas ça qui change les choses »

Le samedi 11 octobre 2025 à 13:59 par David Demri

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Derrière le joueur, il y a aujourd’hui un mentor. Coordinateur au RCT, Mathieu Bastareaud se consacre à l’humain, au partage et à la transmission.

Un témoin engagé

Lors d’un entretien accordé au Midi Olympique, le team manager du Rugby Club Toulonnais a évoqué le problème sociétal :

« Aujourd’hui, quand je retourne dans mon quartier, je comprends les sentiments d’abandon que certains peuvent ressentir. Quand j’étais plus jeune, je ne ressentais pas du tout ça. Les discours aujourd’hui sont loin de la réalité. Il y a encore trop de discriminations, que ce soit dans les CV, dans les regards. Et ça génère de la frustration, de la colère. »

Mais l’ancien Bleu refuse la fatalité :

« Je comprends cette rage, mais je suis aussi convaincu qu’il ne faut pas tomber dans la violence. Brûler des voitures ou casser des commerces, ce n’est pas ça qui change les choses. Au contraire. Je suis plus dans un discours d’apaisement. On vit dans un beau pays, malgré ses défauts. »

Face au racisme, la dignité comme réponse

« Je me rappelle de déplacements avec Massy, où 70 % de l’équipe était composée de joueurs de couleur. Et parfois, on se faisait insulter. Quand tu es adolescent, tu ne comprends pas. Ça te met la haine. Mais la question est “qu’est-ce que tu fais de cette rage ?” Moi, je voulais la transformer. Plutôt que de sauter par-dessus la barrière, je me disais : “Je vais leur mettre trois essais et les regarder dans les yeux.” »

Être un modèle sans le revendiquer

« Je ne sais pas si j’ai été un modèle. Peut-être que certains jeunes ont pu se dire : « Si lui l’a fait, alors pourquoi pas moi ? » Et si c’est le cas, j’en suis très fier. Mais je ne me suis jamais érigé comme un représentant des joueurs des quartiers. Ce que je veux, c’est encourager les jeunes à s’ouvrir. »

Un homme apaisé

Après tant de combats, l’ancien centre du XV de France se concentre sur l’essentiel : sa famille, son équilibre et son bonheur :

« Heureux ? Je vais te répondre que je fais tout pour l’être. Je ne sais pas exactement ce que c’est, être heureux. Peut-être à la naissance de mes enfants, oui, là c’était du 100 %. Mais au quotidien, j’essaie juste de rester au-dessus des 50 %, comme à l’école, pas trop haut, pas trop bas. Je peux dire en revanche que je suis épanoui. »

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