Mathieu Bastareaud évoque son retour en Nouvelle-Zélande

Mathieu Bastareaud évoque son retour en Nouvelle-Zélande

Le lundi 3 juin 2013 à 18:32 par David Demri

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Dans un long entretien accordé à L’équipe, le trois-quarts centre Toulonnais Mathieu Bastareaud évoque son retour en Nouvelle-Zélande après la fameuse affaire de la table de nuit qui a secoué le monde du rugby. Celui revient également sur la finale du Top 14 perdue contre le Castres Olympique. Extrait:

« On a entendu beaucoup de gens dire que vous déclareriez forfait au dernier moment, ce dimanche, que vous ne retourneriez pas en Nouvelle-Zélande…

– On me l’a rapporté, mais pourquoi je déclarerais forfait si je ne suis pas blessé ?

– Le contexte est quand même particulier…

Oui, malgré tout. Oui, oui, oui… ça fait partie de mon histoire, malheureusement, c’est comme ça. Maintenant, c’est derrière moi, mais je savais bien qu’il y aurait un retour en Nouvelle-Zélande, un jour. Je n’ai jamais envisagé de ne pas revenir.

– Cette « affaire Bastareaud », on vous en reparle souvent ?

– En ce moment, comme il y a cette tournée, oui. Mais sinon, pas tant que ça. Moins qu’avant, en tout cas. Je n’y prête pas trop attention, même s’il y a toujours deux-trois personnes qui en parlent dans les stades.

– Cette tournée, c’est une chance, pas une épreuve ?

– Bien sûr que c’est une chance ! On est très peu (35 joueurs), il y a des milliers de personnes qui aimeraient être à ma place. Donc, je ne peux pas dire que je ne suis pas content d’y aller. (Il hésite.) Après, c’est vrai, pour être honnête, j’ai de l’appréhension.

–  Vous avez peur qu’on vous jette des pierres à l’arrivée ?

– (Il rit.) Pas du tout. Mais je suis ­humain et, forcément, je ne m’attends pas à un accueil chaleureux… C’est comme ça. Maintenant, il faut remettre les choses dans leur contexte : l’événement, c’est l’équipe de France qui va en Nouvelle-Zélande, pas moi.

– Mais vous comprenez bien que votre retour est un événement…

– Mais je n’ai pas envie qu’on en fasse un feuilleton ! Ça ne sert à rien. Je vous en parle, là, mais c’est tout. Je le ferai une fois, c’est tout.

 En 2011, pendant la Coupe du monde, on n’a pas du tout entendu parler de vous en Nouvelle-Zélande…

– Je n’y étais pas non plus (il n’a pas été appelé en équipe de France entre le 20 mars 2010 et le 3 février 2013)… Après, on verra bien comment ça se passe. (Il sourit.) J’y serai dans 23 heures. Mais avec la presse, c’est toujours aléatoire…

– Psychologiquement, ne pas retourner à Wellington, est-ce important ?

– Pas du tout. Je ne me suis pas posé ces questions-là.

– À Toulon, vos coéquipiers néo-zélandais vous ont-ils interrogé sur “l’affaire” ?

– Non. Carl (Hayman), Rudi (Wulf) et David (Smith) sont très tolérants et s’en foutent totalement. Ça arrive de faire des conneries, j’en ai fait. Ils ne m’ont jamais jugé. Vous savez, Rudi viendra nous voir à Auckland, Carl à New Plymouth. Il est de là-bas et m’a proposé de rester en vacances. Mais, le lendemain de mon retour en France, le 24 juin, je pars en Guadeloupe pour dix jours. Je visiterai des écoles, des hôpitaux… Il y a beaucoup de sportifs guadeloupéens, il faut rendre aux enfants.

« J’ai fait une connerie de jeunesse, j’ai une deuxième chance »

– Philippe Saint-André disait dans ces colonnes, la semaine dernière, avoir parlé avec vous une fois de ce retour en Nouvelle-Zélande à la fin du Tournoi…

– J’avais trouvé ça super de sa part. On avait discuté, il voulait m’emmener et savoir comment j’étais. Pour moi, c’est un honneur de retourner là-bas, chez les champions du monde. C’est un pays, une équipe que j’ai toujours respectés. J’ai fait une connerie de jeunesse, j’ai une deuxième chance. Je pense être mieux armé pour supporter la pression. Je suis plus grand dans ma tête. J’ai changé de clubs, quatre ou cinq fois de copine (il s’esclaffe)… Beaucoup de choses ont changé, oui. Maintenant, je me connais mieux, je sais mes limites.

– Vous dîtes être un angoissé. Désormais, voyez-vous venir le moment où vous pourriez dérailler ?

– Je veux dire que dans la vie en général je sais quand je suis fatigué, en forme. Je me sens bien dans la vie de tous les jours, à Toulon, dans ma vie personnelle. Pour l’instant, tout roule. Mais on ne sait jamais. J’essaie de profiter de ce que j’ai, de la chance d’être là

– Vous sentez-vous dans la forme de votre vie ?

– Je ne sais pas, je fais tout pour l’être, oui.

– Vous allez nous donner votre poids ou le sujet reste tabou ?

– (Sourire.) Mon poids, c’est 120,7 kg.

– Il n’y a pas longtemps, vous disiez que ça ne regardait que vous…

– C’était surtout devenu un motif de débat et je trouve ça petit, quand même (il avait été critiqué par Marc Lièvremont, l’ancien sélectionneur). Je fais le même poids qu’avant, mais j’ai beaucoup bossé et je suis plus affûté.

« Cette défaite, je la prends pour moi. J’ai pleuré, pleuré… »

 Samedi, sur la pelouse du ­Stade de France, on vous a vu pleurer comme un enfant…

– Le bouclier de Brennus, c’est un rêve de gosse. Et je m’en veux… Si je ne fais pas cette connerie de balancer cette balle sur la touche, on ne prend pas la pénalité et il n’y a pas le drop (de Rémi Tales, pour le 13-9)… Cette défaite, je la prends pour moi. J’ai peut-être tort, mais c’est ce que j’ai pensé sur le moment. J’ai pleuré, pleuré… Et encore ce matin (hier). Quand j’ai vu les mecs partir en bus et moi attendre un taxi pour venir ici… Je suis monté dans le bus pour dire au revoir à tout le monde, je chialais. Je sais par quoi je suis passé ; me lever à six heures du matin pour faire une heure et demie supplémentaire et échouer deux fois en finale de si peu (18-12 contre Toulouse la saison dernière), ça fait mal. Car on ne sait pas quand on reviendra en finale…

 Vous qui avez un gabarit très imposant, du genre des îliens du Pacifique, c’est important d’affronter les All Blacks avec l’idée d’un défi, un peu comme si vous étiez un boxeur ?

– (Attentif.) C’est une très bonne question. Comme pour un boxeur qui irait à Cuba, par exemple, c’est un pays ­mythique. Tout joueur, quand il pense au rugby, il voit les All Blacks. Le premier match que j’ai vu, c’est la finale de Coupe du monde Afrique du Sud-Nouvelle-Zélande, en 1995 (15-12 a.p.). Il y avait Jonah Lomu.

– Vous êtes un enfant de Jonah Lomu ?

– Ah, oui ! J’ai interdit à ma mère de transmettre les photos, mais je me faisais la même coupe de cheveux que lui (éclat de rire). Au rugby, c’est la première personne à laquelle j’ai pu m’identifier, avec Émile Ntamack. Mais Lomu… C’était monstrueux.

– Qu’avez-vous envie de dire juste avant de vous envoler pour la Nouvelle-Zélande?

– Tout simplement que j’y vais pour représenter mon pays, finir une saison qui s’est plutôt bien passée pour moi. Beaucoup de gens pensaient que j’allais cirer le banc et qu’on allait m’enfouir… J’ai envie de dire que mon histoire avec la Nouvelle-Zélande a mal débuté, mais que j’espère que se passera bien cette fois. »

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2 Commentaires

  1. Hayman Melville 3 juin 2013 at 22h- Répondre

    C’est bien, « l’équipe » a évité de titrer : « Nelle-Zélande, Bastareaud se met à table. »

  2. Georges 3 juin 2013 at 22h- Répondre

    😳 🙄 😉 …aucune inquiétude Mathieu….désormais tu observeras les tables de nuit….autrement…..et pis c’est tout !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!…LoooooL….