Mathieu Bastareaud : « Je voulais fermer des bouches »

Mathieu Bastareaud : « Je voulais fermer des bouches »

Le jeudi 5 juin 2025 à 12:30 par David Demri

2 Commentaires

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L’ancien trois-quarts centre du Rugby Club Toulonnais, Mathieu Bastareaud s’est longuement confié dans le Podcast FeedBack présenté par Mehdi Mérabet.

Au cours de cet entretien, il est revenu sur sa grave blessure contractée aux deux genoux alors qu’il évoluait avec le LOU Rugby, lors d’un match contre le Rugby Club Toulonnais à Mayol.

Il indique avoir traversé des moments très compliqués puisque tout le monde estimait qu’il n’allait jamais pouvoir effectuer son retour sur les terrains.

A lire ci-dessous :

« J’ai été blessé, je me suis fais les deux genoux, personne ne pensait que j’allais revenir, le téléphone a moins sonné ! Le téléphone sonnait moins, je voyais des titres où on m’annonçait à la retraite alors que je n’avais rien dit. Là, comme je suis encore au club et que j’ai un rôle au club, forcément on m’appelle pour avoir des places (rire). Quand tu as un rôle, ça tourne encore. Mais quand tu es à l’écart, que tu as de longues périodes de blessure, on te met au placard. Des gens m’ont abandonné oui. Et je me suis focalisé sur les personnes qui me donnaient de la force comme ma famille, mon fils à l’époque, Pierre Mignoni qui m’a toujours tendu la main et qui a toujours fait en sorte de m’aider et qui m’a boosté. Lors de la deuxième blessure, pour moi c’est terminé. J’avais les deux jambes en l’air à l’hôpital et il me demande ce que je veux faire ! Je lui ai dit qu’il fallait que je digère et il m’a dit de me dépêcher. »

Il ne le cache pas : quand un joueur est blessé, il est souvent mis à l’écart et son téléphone ne sonne plus. Extrait:

« Quand tu es blessé, tu es souvent mis à l’écart. Donc ça a été compliqué. Et le fait que Pierre Mignoni me laisse toujours la porte ouverte, si un moment j’allais avoir un déclic, je pourrais revenir. Et j’ai eu un déclic. J’ai regardé la finale de la Champions Cup sur mon canapé. Je me suis dit : il est hors de question que je termine sur une blessure comme ça. C’était le premier match que voyait mon fils et il était hors de question que j’arrête. Je me suis mis cela comme challenge. J’avais découpé l’article où il y avait marqué que j’étais en fin de carrière. Je le regardais souvent. Et un jour, j’ai appelé Pierre pour lui dire que je voulais revenir. Il m’a dit : « ah, enfin ! ». J’ai tout mis en œuvre pour que mon retour ne soit pas un feu de paille. On m’a aidé. Le club notamment.

Quand je me blesse je suis à Lyon, en fin de contrat. C’était drôle dans le sens où il y avait une interrogation sur la suite de ma carrière. Quand je rencontre le président de Lyon dans son bureau pour savoir un peu ce que je voulais faire. Et j’apprends juste avant ce rendez-vous qu’ils ont signé un troisième ligne alors que je jouais troisième ligne. Donc c’était réglé ! Il me reçoit, il me parle… J’avais envie de lui dire : dites-moi président réellement ! Dites-moi que vous ne pouvez pas prendre une année pour recruter un mec et c’est réglé, je peux comprendre. Mais ne me fais pas la chanson ! Je n’ai pas 12 ans. Tu me dis les choses, je suis un grand garçon. »

A partir de là, son objectif a été de fermer des bouches, comme il le dit. Extrait:

« A partir de là, j’ai continué et Pierre décide de retourner à Toulon. Il me dit que s’il y a une possibilité pour toi, moi je te garde une place. Maintenant c’est à toi de jouer. On a mis tout en place pour que je revienne. J’ai été carré sur la diététique, la récupération, les étirements… Tout était aligné ! Je voulais fermer des bouches et surtout me prouver à moi, je voulais que mon fils me voit jouer au rugby et qu’il soit fier de voir son papa sur le terrain. C’était mon objectif, c’était une obsession. Le lendemain de mon anniversaire, on joue Clermont à la maison et c’était juste énorme. »

Il raconte ensuite une anecdote intéressante sur son retour à la compétition. Extrait:

« C’est un match que j’ai failli ne pas jouer. Je me fais une luxation ouverte la veille du match, lors du team run, à la dernière action. Pour me rassurer, je demande à Mathieu Smaïli de taper le coup d’envoi, il n’avait pas trop envie donc il m’envoie des saucisses. Je dis qu’on arrête et je lui demande de m’en envoyer une dernière. Elle est trop courte, je vais la chercher, le ballon rebondit et tape sur mon doigt. Je regarde mon doigt et je le vois de travers, ouvert. Il y avait Pierre Mignoni et Franck Azéma juste à côté. Ils me regardent et me demandent si ça va. Je leur ai montré mon doigt ils sont vite détourné le regard (rire). Je dis au docteur de me le remettre en place. Je suis parti à la clinique de la main toute la journée, opération, ils ont regardé si le tendon n’était pas touché. Ils m’ont recousu. Et il m’a dit que je ne jouais pas demain. Donc j’ai dit non.

Je sors de la clinique, j’envoie un message à Pierre et je lui dis que je joue demain. Le lendemain avait déjà envoyé la composition d’équipe et je n’étais pas dedans car il y avait une deadline. Le lendemain j’arrive au rendez-vous et je voulais jouer. Donc on a strappé le doigt et on a testé mon doigt. Pierre me lançait des missiles. Ca a tenu et j’ai joué le match. J’étais tout proche de ne pas jouer. Mais il était hors de question que je ne joue pas ce match ! Avec tout ce que j’avais traversé ces derniers mois, c’était impossible pour moi de ne pas jouer ce match. »

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2 Commentaires

  1. Roldon 5 juin 2025 at 15h- Répondre

    Dingue !
    La volonté…

  2. Eric 5 juin 2025 at 15h- Répondre

    La Gnaque.
    Énorme volonté. Bravo.
    Eric