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Mathieu Bastareaud: « Montrer qu’ils allaient passer 40 minutes avec moi sur le dos »

Mathieu Bastareaud: « Montrer qu’ils allaient passer 40 minutes avec moi sur le dos »

Le mardi 18 novembre 2014 à 9:18 par David Demri

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Même derrière ses 120 kg, il a du mal à masquer la confusion de ses sentiments. Matthieu Bastareaud, installé à côté de Fofana depuis de longs mois mais relégué en tribunes cet automne. « On n’est pas propriétaire du maillot », se contente-t-il, évoquant un statut qu’il veut éphémère. Pas besoin de passer aux aveux, l’expression de son visage l’a trahi. Le débit – ou dépit ? – de sa voix aussi.

À Toulon, il est de notoriété intime que laisser Mermoz, Wulf et autres jouir du centre d’affaires varois pendant que lui se ménage plus qu’à l’accoutumée ne lui sied guère. « Pour ceux qui me connaissent, ça ne me plaît pas trop, dit-il sur la limitation à trente matchs pour les internationaux dont il fait partie. Moi, j’ai besoin d’enchaîner les matchs pour me sentir bien et actuellement, ce n’est pas le cas. »

Ses maigres cinq minutes contre les Fidji n’ont pas été de nature à le consoler. Il faut pourtant assumer. Cohésion du groupe oblige : « L’arrivée de jeunes amène de la joie, de la bonne humeur et une concurrence saine. C’est ce qu’il faut à l’équipe de France. » Discours convenable et convenu, même si celle de Dumoulin l’a privé du numéro 13. Du moins en première mi-temps samedi…

Son « titulaire remplaçant » touché à un mollet, Bastareaud a traversé des jours d’indécision. Une semaine dans l’attente. « Alex était incertain mais pour moi, ça n’a rien changé, assure le Toulonnais. Avec l’âge et l’expérience, j’arrive à faire abstraction de tout ça. Je me prépare comme si j’allais faire 80 minutes. On est là pour ça, se doit d’être prêt. Il m’est arrivé de rentrer après dix minutes. Si on a besoin de moi à la 10e ou la 20e, je suis là. » Le sort l’a réclamé à la pause. « En rentrant au vestiaire, Alex est venu me voir directement pour me prévenir que ça n’allait pas trop. » Avant d’en référer au staff. « Je savais que Matthieu était frais et dispo sur le banc, avoue Dumoulin. Je lui ai dit « À mon avis, chauffe car j’ai le mollet qui crie un peu » pour que, mentalement, il soit prêt. » Quelques secondes pour évacuer le spleen et offrir l’idéal. « À cet instant, on bascule vite, souffle « Basta ». Tu te dis que tu n’as pas le droit à l’erreur et ça te met dedans. Plus jeune, j’aurais été un peu surpris. Je me serais demandé ce qu’il se passe. » Plus maintenant. L’homme a troqué la panique contre la pratique.

« JE SAUTERAI EN L’AIR APRÈS L’ARGENTINE »

Quarante minutes pour remonter le temps. Une seule pour se mettre au parfum et traîner deux Australiens. « On fait une annonce, il n’y a rien de technico-tactique, sourit-il enfin, libéré du poids de l’ombre. J’avais envie de montrer que j’étais là et qu’ils allaient passer quarante minutes avec moi sur le dos. » La suite du même acabit, entre sens du sacrifice et soif de revanche. « Je me devais d’apporter quelque chose de positif car Alex avait fait une super première mi-temps, notamment en défense, plaide-t-il. Il faut que tu sois au moins à son niveau. » Sans place pour le doute.

« À la fin, tu n’as plus le temps de réfléchir. C’était plaquer, te relever, plaquer, te relever, courir. » Et rester debout en toutes circonstances.
Digne d’un rôle que le compétiteur exècre. « Matthieu avait des fourmis dans les jambes, j’avais senti dans la semaine son impatience, reconnaît Philippe Saint-André. À partir du moment où Dumoulin était handicapé, il fallait très vite faire appel à lui. Sa puissance et son expérience nous ont été précieuses à un moment clé du match. » Mais quand on fait remarquer au centre, samedi soir, qu’il ne semble pas heureux, encore moins euphorique d’avoir battu l’Australie, il raffûte : « C’est la vieillesse, vous n’avez pas vu les poils blancs dans ma barbe (sourires). Non, je sauterai en l’air après l’Argentine. » Puis de reprendre, ironique : « Ou à 2 heures du matin. Non, je rigole, parce qu’on rentre à Marcoussis. C’est génial, on va s’amuser à Marcoussis, je vais me régaler. » Finalement, les Bleus ont regagné le centre de « Marcatraz » aux alentours de 5 heures. Comme pour prouver à Bastareaud que rien n’est jamais figé.

Source: Midi Olympique

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1 Commentaire

  1. Pomasson 18 novembre 2014 at 10h- Répondre

    Je trouve assez classe et très « collectif » le geste de Dumoulin qui va voir Basta avant de prévenir le staff.
    Il y en a tellement qui ne pensent qu’à leur petite personne…
    Preuve d’un bel état d’esprit en EDF ?