L’ancien trois-quarts centre du Rugby Club Toulonnais, Mathieu Bastareaud s’est confié via L’équipe.

Ce-dernier est notamment revenu sur son nouveau rôle au RCT, celui de team manager.

Il explique comment il est devenu team manager du Rugby Club Toulonnais. Extrait:

« Ca fait bizarre de passer de l’autre côté car quand on est joueur, à part s’occuper de soit, on n’a pas beaucoup de choses à s’occuper en dehors. Et là, dans mon rôle, je dois m’occuper du bien être des joueurs et du staff. C’est un rôle important mais ça me plait. Je n’étais pas destiné à faire cela au départ. Je voulais continuer à passer mes diplômes et entrainer les jeunes. J’entrainais les moins de 18 lors de ma dernière année de carrière. Mais Pierre Mignoni m’a attrapé par le bout de la chaussette pour rester avec les pro car notre team manager partait.

Je pense que l’enchainement a facilité ce petit deuil de cette fin de carrière car je suis toujours proche de l’équipe, je suis toujours dans une semaine type pour préparer un match, je fais les déplacements, ça ne change pas vraiment mon quotidien sauf que je suis derrière un ordinateur et pas sur le terrain. 

Donc jouer, ça ne me manque pas. Ce qui me manque, c’est l’ambiance du vestiaire ou du fond du bus. On se charrie, on partage les écouteurs pour regarder une série, c’est la solidarité et l’amitié qui me manquent. Mais le jeu en lui même non. Je suis très bien sur le bord du terrain. Mais l’esprit de camaraderie me manque, on le retrouve dans le staff mais c’est différent.

Mais l’adrénaline des matches, c’est encore pire. Quand on est sur le terrain, on est acteurs et on a notre destin entre les mains. Là, je suis spectateur et c’est beaucoup plus difficile. J’ai fait quelques poils blancs et c’est dû à cela. »

Dans la foulée, il explique précisément en quoi consiste son rôle. Extrait:

Mon rôle, c’est de faire en sorte que quand les joueurs arrivent sur le terrain le samedi, ils soient dans les meilleures conditions possibles. Je gère toute la logistique car dans la semaine, les joueurs sont sollicités avec des RP pour des partenaires, ou ils sont sollicités par la région et la ville pour des animations pour les enfants. J’équilibre tout cela pour que ça ne soit pas toujours les mêmes. Il faut que lorsqu’ils arrivent le samedi sur le terrain, ils soient le plus frais possible.

Je suis un peu devenu la nounou des joueurs. Mais ils savent qu’il y a des limites à ne pas dépasser. Quand Pierre Mignoni m’a proposé le poste, je lui ai dit que je ne voulais pas qu’ils m’appellent à 22h car ils ont un toilette bouché ou un robinet qui ne marche pas. A partir de là, il m’a dit de bien réfléchir à une fiche de poste. Il m’a donné la fiche de poste de base et il fallait que je vois le rôle que je voulais avoir. On a tout mis sur papier, on a trouvé un accord. »

Il ne cache pas que ses débuts ont été compliqués. Extrait:

« Le moment le plus dur, ça a été au début, de se familiariser avec tous les protocoles, tous les mails, envoyer les mails… Quand tu es dans un vestiaire, ce sont d’autres codes. S’il faut s’engueuler on s’engueule, il n’y a pas les formes à mettre. J’ai mis six mois à vraiment comprendre comment ça fonctionnait, après ça allait mieux mais j’ai connu six mois compliqués. Je suis arrivé dans un monde qui n’était pas forcément le mien. Eux me voyaient comme un ancien joueur de rugby qui arrivait pas en mode « je suis Mathieu Bastareaud et ça va se passer comme ça ». Non, je suis là pour apprendre. Certaines personnes de l’administratif étaient sur la défense car elles pensaient que j’allais les bouffer de par son caractère.

C’était un peu tendu, surtout qu’avec Pierre on avait certaines idées qui ne collaient pas forcément avec le fonctionnement de ce moment là. J’étais le casque bleu à ce moment et je devais faire en sorte que les choses changent. C’était compliqué car quand les gens prennent des habitudes, c’est difficile. J’étais parfois un peu trop vrai et trop maladroit. Si un truc ne me plait pas, je le disais. Donc j’ai dû être plus mesuré et composer avec chacun.

Avec les joueurs ? Je leur fais des câlins, on s’apprécie. Mais je suis team manager, je suis dans le staff et toi tu es joueur. Chacun reste à sa place. C’était beaucoup plus facile pour eux car j’avais cette figure d’ancien dans le vestiaire lors de ma dernière année. Donc il y avait déjà du respect et c’était plus facile. »