Dans un long entretien accordé à L’équipe Magazine, le trois-quarts centre Matt Giteau évoque divers sujets à propos de son arrivée au Rugby Club Toulonnais.

Il affirme avoir beaucoup d’estime pour Jonny Wilkinson. Extrait:

« C’est un honneur de joueur aux côtés d’un tel mec. Jonny est totalement dédié à l’équipe. Il donne 110% de lui-même. Il est fiable, fixe des objectifs, nous tire vers le haut. C’est un leader aidé par le fait de maîtriser l’anglais et le français. »

Il évoque par la suite les raisons de sa venue au RCT. Extrait:

« Je voudrais qu’on se souvienne de moi comme d’un homme d’honneur, un mec qui a toujours donné 100% de lui-même pour son club. Je ne pourrais pas me regarder dans une glace si j’étais venu à Toulon juste pour le fric. Je suis venu en France pour vivre une expérience unique et différente. En Australie, j’étais lassé d’une certaine forme de routine. A Toulon, avec les différences de nationalités, de styles, de compétitions avec le Top 14 et la H-Cup, je m’éclate. Et je me sens plus frais que lors de mes dernières année en Australie. »

Il avoue aimer la façon de penser de son coach, Bernard Laporte, même si parfois il pique des crises. Extrait:

« J’aime bien sa façon de penser. Quand il voit un truc qui ne luit plaît pas lors des débriefings, il devient fou, il se met à gueuler. Mais après c’est fini. On a compris. Faut être meilleur. Il est entier. Avec lui, c’est blanc ou noir, il n’y a pas de milieu. C’est clair, on sait si on a été bon ou mauvais. A Agen j’avais raté une pénalité, je crois. Il me disait: Pourquoi tu ne t’entraînes pas comme Jonny ? En moi, je me disais que c’était impossible. De ma vie, je n’ai jamais vu un gars s’entraîner autant. Bernard me gueulait dessus devant toute l’équipe. Je me faisais tout petit. Je n’ai pas compris les gros mots, mais j’ai compris les reproches techniques. Quand Bernard entre en salle de réunion, on dirait Hulk ! On rigole pour décompresser. Ce n’est pas de la peur, plutôt du respect pour ce qu’il a accompli dans sa carrière. Il a des formules du genre: Ma grand-mère qui a 90 ans plaque mieux que toi ! On en pleure de rire. »

Il explique également les bêtises qu’il fait lorsqu’il est en repos. Extrait:

« En novembre, après la tournée des Wallabies en Europe, des potes (Adam Ashley Cooper et Drew Mitchell) sont passés chez moi à Carqueiranne. On s’est retrouvés un soir au bowling. On est tous droitiers, mais on s’est payé un couloir sur lequel on devait jouer en gauchers. Le perdant, Drew Mitchell, a dû effectuer une chorégraphie de Gangnam Style devant tout le monde ! Le bowling était noir de monde, les gens hallucinaient. »

Il évoque comment il est arrivé à jouer au rugby. Extrait:

« J’ai grandi dans la culture du jeu à treize. Mon père était pro. Il jouait centre au Canberra Raiders. Vers l’âge de 10 ans, j’ai eu des soucis à l’école. J’étais influençable et j’avais de mauvaises fréquentations. Alors mes parents m’ont envoyé dans le privé, où le rugby était obligatoire. Le samedi je jouais à treize et le dimanche à quinze. Mais c’est vrai, je détestais le quinze ! Je me disais: c’est quoi ce jeu ? Mon premier entraînement a été une horreur. Je répétais à mes parents que je ne voulais pas jouer au rugby, mais ils ne pouvaient rien y faire, c’était la règle de l’école ! »

Il raconte l’anecdote lorsque Eddie Jones l’a sélectionné pour la première fois avec l’Australie. Extrait:

« J’avais fait la fête la veille, j’avais mal au crâne et la voix cassée. Quand Eddie Jones, le sélectionneur m’a téléphoné le matin, j’ai cru à une blague de mes potes et j’ai raccroché. Le coach a rappelé, j’ai décroché. J’ai filé le combiné à un pote auquel Eddie Jones a dit: « Mets le haut-parleur. » Là, il s’est présenté et m’a annoncé que j’étais sélectionné chez les Wallabies. »

Enfin, il évoque les motivations qui l’ont poussées à jouer au rugby professionnel. Extrait:

« En fait, ce qui m’a toujours motivé, c’est la peur de l’échec. J’étais si petit… Au poste de centre, avec mon 1,78m, j’étais le plus minus de tous et j’étais habité par le sentiment d’avoir à prouver qu’un gabarit comme le mien pouvait jouer ailleurs qu’à la mêlée ou à l’ouverture. Lors des matches internationaux, j’affrontais des vrais balèzes comme Tana Umaga ou Ma’a Nonu. C’est parce qu’il y a une place pour tous que j’adore le rugby aujourd’hui. Tout le monde a des qualités et des défauts, c’est ce que j’aime analyser en préparation des matches. »