Impérial depuis le coup d’envoi de la saison avec l’Union Bordeaux-Bègles, Matthieu Jalibert traverse une période exceptionnelle.

À 27 ans, l’ouvreur girondin semble n’avoir jamais été aussi complet, aussi décisif et aussi influent dans le jeu estime RMC Sport.

Écarté du XV de France depuis la défaite en Angleterre le 8 février dernier, il a, par ses performances, ravivé une question qui enfle semaine après semaine : Matthieu Jalibert peut-il redevenir le numéro 10 des Bleus ?

Une sortie en Bleu douloureuse… mais fondatrice

Pointé du doigt après un revers considéré comme évitable à Twickenham, Jalibert avait quitté la scène internationale dans un climat pesant. Mais loin de s’effacer, le Bordelais a transformé cette mise à l’écart en moteur. Match après match, ses prestations ont gagné en consistance, jusqu’à faire renaître un débat que l’on croyait refermé.

Un attaquant hors norme qui franchit encore un cap

Déjà réputé pour ses qualités offensives depuis ses débuts professionnels en 2017, Matthieu Jalibert semble avoir encore changé de dimension cette saison. Les chiffres parlent pour lui : 19 passes décisives sur l’année civile en Top 14, six essais inscrits, 41 défenseurs battus (record du championnat), deuxième joueur ayant parcouru le plus de mètres ballon en main, meilleur numéro 10 dans plusieurs classements statistiques majeurs.

Pour Christophe Laussucq, membre du staff de l’UBB, le talent offensif de Jalibert est aujourd’hui une référence mondiale. Extrait :

« C’est un superbe attaquant, c’est un joueur qui est porté par l’attaque parce qu’il a un talent énorme dans ce secteur, confirme Christophe Laussucq membre du staff de l’UBB et ancien n°9. C’est peut-être l’un des meilleurs attaquants au monde à ce poste. »

Un leader plus altruiste et plus complet

Au-delà des statistiques, Jalibert impressionne par sa capacité à faire jouer les autres et à dicter le tempo collectif. Une évolution soulignée par son manager.

Christophe Laussucq poursuit en mettant en avant la maturité croissante de son ouvreur dans ses prises de décision. Extrait :

« Il tend vers un jeu un peu plus complet parce qu’il y a des situations où il faut attaquer mais le rugby c’est un jeu de choix, poursuit Laussucq. Les bons joueurs sont justement ceux qui sont capables sur ces dix choix de faire huit fois le bon choix. Et je pense que Matthieu est en train de petit à petit élargir sa palette pour être capable de le faire. Sa qualité à attaquer la ligne, à faire la différence, elle est essentielle et elle nous fait beaucoup de bien. »

Les critiques en Angleterre comme électrochoc

La dernière apparition de Jalibert en Bleu, marquée par une sortie sous tension à Twickenham, a laissé des traces. Mais elle a aussi servi de déclencheur.

Son coéquipier et ami Maxime Lucu revient sur cette période délicate. Extrait :

« J’y suis passé aussi par ces critiques-là, confie son ami et coéquipier Maxime Lucu. Quand il y a des matchs ratés, on est vite dans le viseur en équipe de France. Ça n’a pas été facile à digérer pour Mathieu parce que moi, je bosse au quotidien avec lui. Je sais le travail qu’il met dedans et le joueur que c’est. Il a accepté le fait de passer au travers sur des matchs comme ça. Et d’accepter aussi la critique parce que c’est quelqu’un qui se remet beaucoup en question. »

Vers un retour en Bleu ?

S’il reste encore en retrait de Romain Ntamack sur certains aspects défensifs, Jalibert affiche une progression nette, tant en volume qu’en efficacité. De quoi renforcer sa crédibilité au plus haut niveau.

Lucu nuance mais souligne la réalité du défi. Extrait :

« Il ne fait pas 15 plaquages non plus, précise Lucu. Mais c’est juste que dans sa zone, il veut être intraitable maintenant même si, franchement, on prend des obus lancés, ce sont des joueurs qui viennent à plus de 100 kg dans cette partie du terrain. »

Aujourd’hui, Matthieu Jalibert avance sans bruit mais avec une force évidente. À force d’enchaîner les performances de très haut niveau, l’ouvreur de l’UBB a replacé son nom au cœur du débat.

Et si le numéro 10 du XV de France était déjà sous nos yeux ?