Matthieu Lartot a organisé un très bel événement pour mettre en lumière les personnes amputées

Matthieu Lartot a organisé un très bel événement pour mettre en lumière les personnes amputées

Le samedi 11 octobre 2025 à 13:46 par David Demri

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Un an après avoir été amputé d’une jambe pour soigner un cancer, Matthieu Lartot, la voix du rugby sur France Télévisions, transforme son combat personnel en engagement collectif. Mercredi soir, à Roland-Garros, il a organisé un défilé de mode inédit pour mettre en lumière les personnes amputées et dénoncer les inégalités d’accès aux prothèses adaptées.

Le Progrès revient sur cet événement.

Des modèles d’un jour, héros d’une soirée

Ils étaient une trentaine, âgés de 9 à 77 ans, à défiler sur la scène du court Philippe-Chatrier. Certains, comme les champions de tennis fauteuil Pauline Déroulède et Stéphane Houdet, sont habitués à la lumière. Pour d’autres, c’était une première, un défi immense.

« On a vu que certains se sont découverts pendant toute l’après-midi. Lors des répétitions, des essayages, on a vu un truc se créer qui s’est restitué sur la scène. C’est ça qui était magique », raconte Matthieu Lartot, encore ému de la soirée.

Sous les yeux de Brigitte Macron et de nombreuses personnalités du sport et de la télévision, ces mannequins d’un jour ont incarné la résilience et la fierté.

“Debout en bouts”, une association née d’un combat personnel

Créée en 2023, Debout en bouts accompagne les personnes amputées dans leur reconstruction physique et morale, en les aidant à obtenir un appareillage sur mesure. L’objectif est simple : que chacun puisse retrouver une vie active et digne.

L’histoire de Marie-Pascale Roth, l’une des participantes, en est l’illustration. Amputée d’une jambe après un cancer, elle témoigne :

« La sécu accepte de me payer six à huit prothèses par an, mais aucune qui me convient. Ce n’est que début 2025 que je suis venue à Paris et que Debout en bouts a accepté de me payer cette jambe, et depuis ma vie a changé. »

Grâce à une prothèse adaptée, Marie-Pascale a retrouvé son autonomie et un emploi :

« Quand j’ai été un petit peu retapée avec ma nouvelle jambe, j’ai envoyé des CV et on m’a proposé un poste de contractuelle comme assistante du maire de Florange. »

Un combat contre les inégalités

Car derrière les sourires du défilé, le message est grave. En France, toutes les personnes amputées ne bénéficient pas du même traitement.

Les victimes d’accidents pris en charge par des assurances peuvent accéder à des prothèses performantes, tandis que les personnes amputées à cause d’une maladie dépendent exclusivement de la Sécurité sociale, dont les remboursements sont souvent insuffisants.

L’événement de Roland-Garros visait à sensibiliser sur ces disparités et à récolter des fonds. Une vente aux enchères a permis de financer de nouvelles prothèses grâce à des dons symboliques : les crampons dédicacés d’Antoine Dupont ou le bonnet de bain de Léon Marchand ont trouvé preneur.

« L’argent reste le nerf de la guerre », résume Marie-Pascale Roth.

Changer les regards, ouvrir les horizons

Mais pour Matthieu Lartot, le véritable enjeu dépasse les chiffres : il s’agit de changer le regard sur le handicap.

« On s’est dit qu’il nous fallait un lieu de prestige comme Roland-Garros pour monter un événement qui mette en lumière des corps souvent invisibilisés », explique le journaliste.
Et de conclure : « Aujourd’hui on priorise les gens qui subissent une double peine : maladie, amputation et mauvais appareillage derrière. Mais à terme, si on se structure convenablement, on pourra élargir un peu le champ de nos actions. »

Fort du succès de cette première édition, Lartot rêve déjà à la suite :

« C’est sûr que l’idée n’était pas de faire un one shot ! On a aussi le projet de faire une marche sur le chemin de Compostelle avec des personnes valides et amputées. »

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