Maxime Lucu explique comment l’UBB a fait basculer la finale Européenne grâce à un changement de stratégie, à la mi-temps
Maxime Lucu explique comment l’UBB a fait basculer la finale Européenne grâce à un changement de stratégie, à la mi-temps
Le samedi 31 mai 2025 à 10:16 par David Demri
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Le demi-de-mêlée de l’UBB, Maxime Lucu est longuement revenu, via Midi Olympique, sur le titre Européen remporté contre Northampton, le week-end dernier.
Le numéro 9 Bordelais explique pourquoi l’UBB a modifié sa stratégie à la mi-temps de la finale. Extrait:
En fait, la dernière action de la première mi-temps nous a montré que Northampton était très dangereux en contre. On avait une touche dans leurs 45 mètres. On ne la joue pas très bien, mais on est dans leur camp. Je pense alors qu’il faut qu’on joue au pied, mais finalement on essaie de jouer ce ballon à la main… Arthur Retière prend le ballon, mais il se le fait gratter. Ils vont en touche et ils marquent sur la pénaltouche qui suit.
À la mi-temps, le staff nous a dit : « Attention à cette équipe, un demi-ballon un peu mal joué, une opportunité de gratter un ballon, ça peut faire sept points. Dans un premier temps, essayez plutôt de les mettre sous pression, chez eux. Essayez de les faire jouer haut, dans leurs 22, 30, ou 40 mètres. Ils seront moins dangereux que s’ils sont dans notre camp. » C’est donc ce qu’on a essayé de faire avec Matthieu (Jalibert), mettre du pied assez loin pour se sentir un peu moins en danger.
Il cite ensuite les gros points forts de cette équipe Anglaise de Northampton. Extrait:
Le système anglais est fort là-dessus. Sur trois, quatre, cinq temps de jeu, ils sont vraiment chirurgicaux. Ils bossent énormément, ils ont des courses qui sont très bonnes. On l’a vu sur l’essai avant la mi-temps, qu’ils construisent en deux temps de jeu pour aller à dame. On avait ciblé ces quatre ou cinq premiers temps de jeu. Il fallait leur résister dans ce laps de temps.
Après, on se disait qu’ils seraient peut-être un peu en difficulté pour déployer leur jeu. C’est ce qui s’est passé. Dès qu’on lâchait les deux premiers temps de jeu, on prenait des franchissements, on subissait des passes ou on prenait des pénalités un peu faciles. Dès qu’on tenait bon en défense et sur plusieurs temps de jeu, on arrivait à les mettre à mal, à récupérer des ballons et des pénalités.
On a vraiment renversé la vapeur, notamment dans l’occupation. On a joué très haut, on a mis beaucoup de pression, notamment avec les chasses où l’on parvenait à isoler assez facilement leurs ailiers et leur arrière. Le fait qu’ils aient perdu leur arrière titulaire et un ailier assez tôt dans le match nous a permis d’avoir en face de nous des gars, notamment Freeman à l’arrière, qui ne jouaient pas forcément à leur poste, donc un peu moins à l’aise..
On a donc essayé de le mettre un peu plus sous pression. On a aussi travaillé le fait de garder le ballon pendant plusieurs temps de jeu. On savait qu’ils étaient assez friables sur les petits côtés. C’est pour cela que nous avons opté pour pas mal de renversements, notamment avec Matthieu (Jalibert) qui lit très bien les défenses. Ainsi, on retombait face à des joueurs un peu moins rapides et un peu moins bons défenseurs. On a essayé de cibler ça en faisant des temps de jeu au milieu du terrain, puis en revenant vers le petit côté. En général, les lancements qu’on avait ciblés ont été plutôt efficaces. Au final ce fut un match assez tactique. Qu’importe : la victoire est au bout.
Dans la foulée, il ne manque pas d’encenser Matthieu Jalibert pour sa prestation XXL. Extrait:
Matthieu, c’est un super attaquant. Quand l’équipe est dans l’avancée, il est difficile à arrêter parce qu’il a une lecture du jeu supérieure à la moyenne. Nous avions ciblé plein d’endroits avec des joueurs « moins bons en défense ». Dès qu’il voyait l’opportunité, il attaquait dessus. En première mi-temps, il nous a débloqués deux ou trois situations qui nous ont permis de prendre le score. En deuxième mi-temps, on a plus occupé. C’est sûr que le public le voyait moins ballon en mains, en train d’attaquer, mais il a très bien rempli ce rôle. Même défensivement, je l’ai trouvé plutôt bon alors que c’était devenu un match un peu différent, dédié à l’occupation et à la défense.
Il explique pourquoi le Top 14 et la Champions Cup sont vraiment deux compétitions très différentes. Extrait:
Je trouve que la Coupe d’Europe permet en général d’avoir des temps de jeu plus élevés. On l’a vu sur la finale, avec un temps de jeu qui approchait les 38-40 minutes. En Top 14, c’est du combat tous les week-ends, c’est un peu plus heurté. Le jeu récompense plus facilement les défenses. Tout ça, ce sont des paramètres qu’il faut prendre en compte. Quand on a un jeu d’attaque comme le nôtre, parfois, on est mis à mal par des équipes qui essaient de ralentir nos rucks, nous mettre la pression sur notre conquête. Ça devient alors plus difficile de libérer les ballons.
Il confirme que la claque reçue contre Toulouse en finale du Top 14, la saison dernière, a été difficile à évacuer. Extrait:
Cette amertume, on l’a beaucoup eue. Cette défaite a été difficile à avaler mais quand vous commencez une nouvelle saison, vous êtes obligés de passer à autre chose. Si vous ressassez, vous faites un début de saison catastrophique. On a donc mis tout ça de côté et on a travaillé mentalement là-dessus, en se disant qu’il fallait choisir ce qu’on veut : soit on se morfond et on galère toute la saison, soit on décide de se servir de cette force-là pour revenir et montrer que ce n’était pas notre vrai visage. On s’est servi de la dynamique qu’on avait en début de saison, et bien sûr de la victoire à Toulouse justement (12-16, le 29 septembre, N.D.L.R.) pour laver un peu l’affront. Ensuite, on s’est lancé dans la Coupe d’Europe avec des résultats positifs. Quand la dynamique se lance, forcément, derrière, on se sent mieux.
Cette phase finale de Coupe d’Europe nous a prouvé qu’on avait grandi, parce qu’on a affronté uniquement des équipes qui avaient déjà gagné cette Coupe d’Europe au moins une fois. De les éliminer nous a fait prendre conscience qu’on était dans la bonne direction. On verra désormais à quelle place on va finir en Top 14 et, ensuite, si on a envie d’aller chercher quelque chose de plus grand encore… En tout cas, la finale de l’année dernière nous a beaucoup servis. On a changé de mentalité, de caractère. « Soit on avance, soit on se morfond et on fait une saison moyenne ». On a choisi.
D’ailleurs, l’image qui lui reste en tête est la victoire contre Toulouse, en demi-finale de la compétition Européenne. Extrait:
La demie contre Toulouse, parce qu’on connaît Toulouse et sa qualité en phase finale. On savait très bien qu’ils venaient en ayant conscience de ce qu’il s’était passé en finale 2024. On avait cette peur-là. Honnêtement, le moment passé à Bordeaux cet après-midi-là, au Matmut Atlantique, a été incroyable. Et on s’est dit : « Putain, on ne peut pas gâcher ce moment-là en perdant en finale ! »
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