Lors d’un long entretien accordé au quotidien La Provence, le président du Rugby Club Toulonnais, Mourad Boudjellal a évoqué le discours qu’il aurait prononcé si le club Varois s’était incliné à domicile face à Clermont, il y a un peu plus d’une semaine.

Le patron du RCT ne le cache pas: il se serait éclipsé jusqu’à la fin de la saison. Etant propriétaire du club, il ne peut pas démissionner. Extrait:

« Je serais parti. Etant propriétaire du club, je ne peux pas démissionner. Mais j’aurais annoncé que je disparaissais jusqu’à la fin de la saison. Je ne supporte plus la douleur des matches. J’y mets de ma santé, de mon patrimoine familial. Je ne peux pas pourrir mes enfants. La réaction des joueurs contre Clermont m’a agréablement surprise et j’étais surtout heureux pour Mamuka Gorgodze. Sa venue était un choix personnel: au-delà de son côté un peu brute, je sais qu’il est très sensible. Je pense sincèrement qu’il était heureux d’apporter ça à moi et à l’ensemble du groupe. Cette victoire est peut-être fondatrice car on l’a obtenue dans la difficulté. Ils ont montré en tout cas qu’ils avaient envie et c’est aussi un message pour les entraîneurs parce qu’il faut reconnaître qu’ils font du bricolage. Il nous manque tellement de joueurs… c’est dur. Toulon c’est la réussite d’un modèle économique face à des clubs de milliardaires qui ont un déficit d’exploitation, qui peuvent mettre 8, 10 millions, voire plus par an sans avoir aucun produit par an. La plus grande prouesse que j’ai réussie ces-dernières années, c’est de créer un modèle économique qui les concurrence avec mes cinq petits doigts. »

Mourad Boudjellal précise avoir un engagement vis-à-vis du maire Hubert Falco, des joueurs, des supporters et des partenaires. Mais il affirme qu’il ne peut plus continuer ainsi. Extrait:

« J’ai un engagement moral vis-à-vis d’Hubert Falco car je l’aime beaucoup et il a découvert mes propos dans la presse. Il a toujours été présent, il m’a toujours soutenu. Je ne veux trahir personne. J’ai aussi un engagement moral vis-à-vis des joueurs, du staff, des supporters, des partenaires. Je suis conscient de tout cela. Mais j’ai également un engagement moral vis-à-vis de ma santé. La vie que je mène ne me plait pas. Les matches, ça devient une douleur de plus en plus terrible qui apparaît deux ou trois jours avant. Je dois mettre tout ça en ordre dans ma tête. Je n’ai pas envie de devenir un mec aigri qui dit: « Après moi, le déluge ». Je m’interdis cela. J’ai envie qu’après moi, ce soit mieux. Mais je ne peux plus supporter le harcèlement que nous fait la Ligue. C’est incessant, vous ne pouvez pas imaginer. C’est usant aussi de se faire contrôler sans arrêt quand on sait qu’on n’est pas égaux dans le contrôle, quand on nous explique que l’on ne peut pas contrôler les autres comme nous car ils sont trop gros. On est quand même tous censés être égaux devant la loi. Et ce qui est le plus surprenant, c’est que ça ne dérange personne. »

Pour conclure, Mourad Boudjellal explique avoir hâte de quitter la présidence du RCT pour pouvoir envoyer balader tous ceux qui l’ont persécuté pendant des années. Extrait:

« Tout ça, j’en ai marre. Je rêve du monde où je pourrais leur dire: « Je vous emmerde ». Et ce moment va venir. Vous, vos mails, vos questions à la con sur ma gestion du club… Je vous emmerde. Je gagne de l’argent quand tout le monde en perd, donc posez d’abord les questions à ceux qui perdent du pognon. Ils disent que ma gestion du club n’est pas normale, qu’elle est atypique, mais elle gagne. J’ai le plus grand palmarès du rugby français de ces-dernières années, j’ai le plus grand bilan depuis dix ans. Ma gestion est peut-être atypique mais vous devriez vous en inspirer. Il y a des gens qui n’ont jamais rien fait qui vous explique comment faire ce qu’eux ne feront jamais. J’adore cela. Je peux vous dire que sur les notes de frais, il n’y a pas de salary cap. Ça leur a changé la vie. C’est de tout cela que j’en ai marre, ce n’est pas parce que je ne fais pas partie de leur secte. Il y a un mec que je vise particulièrement à la Ligue, qui est un technocrate, c’est le Cardinal Richelieu. Un mec nuisible. Je rêve aussi du moment où je ne serai plus président de club et où je pourrai m’expliquer face à face avec lui. Ce moment viendra. »