Mourad Boudjellal et Jacky Lorenzetti s’expriment pour le 10 Sport

Mourad Boudjellal et Jacky Lorenzetti s’expriment pour le 10 Sport

28 mars 2010 - 20:47

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aPensez-vous être en passe de réussir ce que vous aviez imaginé quand vous avez pris la tête de votre club ?

Jacky Lorenzetti : La réussite pleine sera le titre de champion de France. Par rapport à la Pro D2, la montée en Top 14 et les performances de cette année, on est dans les clous. Mais il n’y a pas que des objectifs sportifs. Il y a également la construction du club qui comprend les structures et le centre de formation. Et là encore, nous sommes dans les temps.

Mourad Boudjellal : Non! Je fais toujours une différence entre mes rêves et mes ambitions. Mon rêve n’est pas d’être 4e ou 5e du Top 14. Je veux gagner et je n’ai aucune limite. Le titre de champion de France, voir plus!

Le Racing et Toulon sont très critiqués pour les sommes dépensées dans le recrutement. Sentez-vous de la jalousie dans le milieu ?

JL : Nous ne sommes pas encore totalement accepté dans la famille rugby. Mais ma démarche a été celle d’un investisseur plus que celle d’un mécène investissant à fond perdu. L’idée était de redresser le Racing, de le faire remonter en Top 14 et de lui proposer un avenir sportif et financier. Le but est de réussir à équilibrer les finances le plus vite possible et je pense qu’on y arrivera dès l’an prochain sans recourir à mon aide financière.

MB : Je sens un milieu perturbé. J’ai l’impression que depuis que je suis arrivé avec Jacky Lorenzetti, certains se sont rendus compte que le rugby est devenu professionnel. J’ai aussi senti des gens inquiets pour leurs acquis sportifs. En apparence, on disait : « Le Top 14 est chiant, c’est toujours les mêmes qui jouent les demies. » Et quand on est venu pour essayer de le changer, ça a perturbé tout le monde.

Qu’avez-vous envie de répondre à vos détracteurs?

JL : Il n’y a qu’eux qui peuvent croire que l’argent fait le résultat et le bonheur. Je comprends l’inquiétude d’un certain nombre de clubs qui n’ont pas la possibilité et la force que j’ai à Paris de pouvoir m’appuyer sur un bassin économique important. Je comprends que ces clubs historiques essayent de préserver leurs acquis et leur position en Top 14. Même si ça fait un peu mal d’entendre parfois leurs critiques.

MB : Je n’ai plus envie de leur répondre. Serge Blanco dit qu’avant d’ouvrir sa gueule, il faut avoir un palmarès. Il a raison. Mais j’ai eu il y a quelques jours un président de club de Pro D2 au téléphone qui m’a dit qu’il venait de faire un chèque d’un million d’euros pour son club à la DNACG. Et il m’a précisé qu’il avait entamé le capital familial. A celui-là, peut-on lui dire qu’il doit avoir un palmarès pour l’ouvrir ? Je ne crois pas. Quels sont les présidents de club aujourd’hui qui seraient prêts à attaquer leur patrimoine familial pour leur club? Il y en a quelque-uns, mais pas beaucoup. Moi j’en serai capable. J’en connais d’autres qui mettent beaucoup leur coeur en avant mais qui n’attaqueront jamais leur patrimoine familial. Je ne cherche pas le respect. Je veux juste rendre ma ville heureuse à travers la réussite du RCT.

Le Racing-Métro et Toulon se ressemblent-ils ? JL : Oui, les deux clubs ont une ambition commune, celle de gagner le titre. Peut-être que nous sommes iconoclastes chacun à notre façon, mais c’est dans l’esprit du Racing. N’oubliez pas lors du dernier titre en 1990, les joueurs ont sabré le champagne à la mi-temps. Les deux clubs ont un côté espiègle. Après chaque club à sa propre personnalité, son contexte économique, des entraîneurs qui se connaissent bien, mais qui sont différents et un jeu avec une personnalité propre.

MB : Nous avons des problématiques différentes. Déjà, il y a environ 450 millions d’euros qui me séparent de Jacky Lorenzetti, ce n’est pas anecdotique. Ensuite, il est très axé sur le développement de son public. De notre côté, nous devons gérer un acquis avec un historique très fort. Et pour attraper un nouveau public, il faut un peu perturber sa culture. Mais on y arrive tous les deux. Enfin, sur le choix des hommes, nous avons choisi un modèle qui fonctionne. Alors oui il y a des ressemblances, mais le poids de la pression populaire à Toulon n’existe pas aujourd’hui au Racing.

 Dans dix ans, comment voyez-vous le Top 14? J

L : Je suis pour qu’on joue plus! Je pense qu’il faudrait plutôt essayer de s’imaginer comment on pourrait jouer plus plutôt que de savoir comment on pourrait jouer moins. Ça nous permettrait de faire plaisir plus souvent aux gens, de rendre plus attractif notre sport, de discuter mieux avec les annonceurs. C’est pourquoi, dans dix ans, je vois le rugby prendre des parts de marché au foot et devenir le sport emblématique des Français. Le rugby est un sport familial, avec des valeurs. Et le fait que Sébastien Chabal ait été choisi comme le sportif préféré des Français est un signe. Les Français ont besoin de repères. A une époque, c’était Eric Tabarly, un homme solide. Aujourd’hui, il ont choisi un homme qui sent le bon sens, la simplicité et la vérité. C’est ça le rugby, du combat et on ne triche pas!

MB : Je suis également pour qu’on joue plus. Je suis pour un Top 16. Je pense qu’on devrait jouer plusieurs fois deux fois par semaine dans l’année. On a 40 à 45 joueurs par groupe et la moitié reste à la maison chaque week-end. C’est dommage. Là, les entraîneurs auraient le choix de faire jouer les mêmes deux fois par semaine ou pas. Et pour l’équité du championnat, vu que la problématique sera la même pour tous les clubs, ce sera l’évaluation de 14 ou 16 groupes en compétition. Et quand je vois par exemple ce qui se passe au PSG en ce moment, je me dis que le foot nous laisse une autoroute. Aujourd’hui, je me demande qui a envie d’investir sur le football.

Racing-Métro – Toulon peut-il devenir le duel des prochaines années?

JL : J’espère que le Racing sera en haut. Si on trouve Toulon en face de nous, on sera très content car nous avons une histoire commune. On s’est affronter plusieurs fois et il y a une sympathie entre nos supporters.

MB : Oui, le Racing c’est certain. Quand j’entends le président de la Ligue dire qu’il a mis un Salary Cap pour empêcher un milliardaire d’investir dans le rugby, c’est trop tard. Il y en a déjà un! Le Racing peut être le club qui domine les prochaines années. De notre côté, je pense qu’on peut faire quelque chose sur un malentendu ou un gros coup de chance.

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