Alors que RTL révélait mardi matin que l’agence française de lutte contre le dopage soupçonnait les pharmaciens toulonnais d’approvisionner illégalement des joueurs du RCT, le président Mourad Boudjellal a formellement démenti les faits lors d’une conférence de presse.

Mourad Boudjellal, que savez-vous de cette soi-disant affaire de dopage ?
Selon ce que nous savons, il s’agit d’une affaire d’escroquerie aux caisses d’assurance maladie par des pharmaciens qui étaient dédiés au club. A partir de fausses prescriptions ou de détournements d’ordonnance et de cartes vitales. Et absolument pas d’une affaire de dopage. C’est pourquoi aucun joueur aujourd’hui n’est inquiété, ni par l’AFLD, ni par le parquet. Le club n’a été, à aucun moment, interrogé et donc n’est pas concerné. On est assez éloigné du dopage. Je m’étonne donc des informations qui sont sorties ce matin visant à accuser le club et les joueurs du RCT de dopage organisé. Informations totalement erronées. Jusqu’à preuve du contraire, je tiens à rappeler que nous avons subi de nombreux contrôles antidopage. Nous avons eu deux joueurs soupçonnés, Steffon Armitage et Lewis Robert. Les deux ont été totalement blanchis. Ne serait-ce que le début de la saison dernière, nous avons eu un contrôle antidopage de l’intégralité des joueurs du RCT, le jour de la reprise. Nous sommes un club très contrôlé et il n’y a eu aucun dopage et surtout pas de dopage organisé. Il s’agit d’une escroquerie à la sécurité sociale.

Les pharmaciens inculpés étaient entièrement dédiés au RCT ?
Il y a des pharmacies qui travaillaient avec nous mais qui ne travaillent plus puisque nous étions au courant de cette histoire depuis plus d’un an. Ça ne concerne pas que le club de Toulon mais une trentaine d’entités morales. Il n’y a donc pas que le club sur cette escroquerie aux fausses prescriptions. Vous imaginez bien que si on veut acheter des produits dopants, on va ne pas prendre la carte vitale, aller à la pharmacie et se faire une prescription. Ce serait complètement stupide.

« Un pharmacien qui travaillait avec le club depuis une dizaine d’années »

Ce sont « des » pharmacies ?
Je dis « des » parce que c’est ce que disent les dépêches. Nous avons un pharmacien qui ne travaille plus avec le club depuis qu’on a été au courant de ses agissements. C’est un pharmacien qui travaillait avec le club depuis une dizaine d’années. Il est arrivé à une époque où je n’étais pas le seul président. Et quand on a eu écho de ses informations, on s’en est séparé.

Vous vous en êtes séparé avant qu’il ne soit placé en garde à vue ?
On s’en est séparé, je crois, il y a plus d’un an. On a changé de pharmacien. Ce qui se passe c’est, qu’effectivement, on a un médecin qui laisse, et ça se fait dans tous les clubs, des ordonnances vierges pour gérer les cas d’urgence. On joue le vendredi, on peut avoir des besoins le dimanche. Après, l’utilisation que les gens peuvent en faire, on ne l’a pas contrôlé. Ce que je crois, c’est qu’il y a eu des faux, beaucoup de faux, mais ça ne concerne pas que nous apparemment. Et que je ne sais pas du tout ce qu’il a pu mettre sur ces ordonnances. En tous cas mes joueurs sont sur-contrôlés et, en aucun cas, ils n’ont pris des produits dopants. Quand j’ai eu vent de cette histoire, j’ai demandé à nos avocats si on devait saisir le parquet. On nous a dit « pas pour l’instant ». Donc on n’a pas bougé. Ce pharmacien est arrivé au club en 2006, l’année où je suis arrivé mais moi je ne m’occupais que du sportif. Il a travaillé avec nous pendant des années. Ensuite est arrivée cette histoire mais on n’avait rien vu. Chez nous, on a un contrôle très strict. Bon de commande, bon de livraison. Donc à partir du moment où quelqu’un fait des faux à la place des bons de livraisons ou de commande, on ne peut pas le vérifier.

« On va jusqu’à récupérer les bouteilles dans la salle de musculation pour envoyer au labo »

A quoi attribuez-vous ce décalage entre ce qui sort ce matin dans les médias et votre explication ?
Je pense qu’on a intérêt à salir à l’image du RCT ou d’une personne qui est à la tête du RCT. Il y a peut-être la volonté de nuire à quelqu’un. Mais sur les informations sorties ce matin, qui sont très graves, avec du dopage organisé avec des pharmaciens locaux etc. on se demande comment RTL peut sortir une info comme cela sans la vérifier ? C’est très grave. Je me réserve toute suite à donner à ce genre d’info parce que c’est gravissime. Parler de dopage organisé…

Vous pensez que Bernard Laporte est visé au moment où il lance sa campagne ?
Je ne pense pas que ce soit la standardiste du club. Je pense que la campagne va être très dure. C’est pour ça que je voulais m’en séparer. Ce ne sont que des suppositions. Je n’ai pas de certitude. Mais c’est quand même bizarre que le dossier sorte là. Ça n’a rien à voir avec le fondement du dossier. Pour nous c’était une histoire anecdotique. Il (le pharmacien) a fait une connerie, c’est la justice qui passera et elle verra si ce qu’il a fait est véridique ou pas. Et là, on se retrouve avec une affaire de dopage organisé, avec des cartes vitales chez le médecin, des ordonnances avec des produits illicites. Mais s’il y a un club qui est contrôlé, c’est bien le nôtre. Je réponds de mes joueurs. S’il y a quelque chose qui est dopé ici, c’est le budget.

Quel est votre sentiment sur cette affaire ?
Ça m’embête pour l’image du club parce que je sais qu’on salit, mais qu’il en reste toujours quelque chose. On est concentré sur la saison sportive. Tous les clubs sont très vigilants sur le dopage. On fait tous un travail de prévention, d’information, à la Ligue, à la Fédé. Au RCT, on réalise des faux contrôles en disant aux joueurs que c’est la Ligue qui les demande alors que c’est nous qui nous les faisons. On va jusqu’à récupérer les bouteilles dans la salle de musculation pour envoyer au labo. On fait un vrai travail en interne pour sécuriser l’image du club. On n’est pas des tricheurs !

Source: rugby365.fr