Mourad Boudjellal : « On ne pourra pas décevoir tous les ans »

Mourad Boudjellal : « On ne pourra pas décevoir tous les ans »

25 août 2011 - 12:46

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A trois jours de l’ouverture de la saison face à Biarritz, Mourad Boudjellal, le président du RCT, évoque l’échec de la saison dernière, le recrutement, ses espoirs, sa nouvelle vie…
Le traumatisme du match inaugural perdu face à Bayonne, la saison dernière, est-il encore présent dans le groupe ?
Oui, on le sent. On ne l’a pas exorcisé. On l’a porté toute une saison et samedi, tout le monde va y penser. J’appréhende ce match face à Biarritz car le fantôme de Bayonne va planer et puis il y aura d’autres Basques sur la pelouse. Il faut gagner ce premier match pour ne pas repartir dans le même karma que la saison dernière. Nous avons quelques rendez-vous, décidés cette saison entre nous, que nous ne voulons pas louper. Le premier match en fait partie. La seule chose dont on est certain, c’est que l’équipe de Toulon a envie.
Comment sentez-vous cette nouvelle saison ?
Je la sens comme l’année où est venu Umaga (2006-2007, Ndlr). Il y a beaucoup d’excitation et j’ai rarement senti une telle ferveur. Paradoxalement on est tombé très bas dans l’estime des Toulonnais après la défaite de la saison dernière à Montpellier et là, c’est revenu beaucoup plus fort. Dans cette ville, les gens sont fous. Ils sont dans l’excès total.
L’effet Bastareaud, peut-être ?
Ce dossier a pris des proportions assez incroyables, avec les Parisiens contre le Sud, Bernard Laporte et les escrocs canadiens, et le fait que Mathieu Bastareaud maintienne son envie de venir à Toulon. Je pense que cela a été vécu comme une victoire. C’est aussi une grosse plus-value pour le club car Bastareaud n’est pas n’importe quel joueur. Il est sur la bonne voie. Il a perdu du poids. Il tient son challenge et démontre sa volonté.
Le pari est quand même osé car on n’a plus vu le vrai Bastareaud depuis deux ans…
Il y a zéro pari. Bastareaud, c’est un joueur rare. C’est la gueule de demain du rugby français et on ne peut pas le juger sur une saison difficile parce qu’il n’est pas bien dans un club. C’est gagné d’avance. Il faut être aveugle pour ne pas voir son potentiel. Il y a très peu d’équivalent sur la planète rugby. Dans son style, il est unique. Pour moi, au centre aujourd’hui, il y a Sonny Bill Williams et Mathieu Bastareaud.
C’est un beau rêve de président de pouvoir les associer…
Oui. Cela ferait une très belle paire de centres… (il sourit)
Parce que ce dossier a été particulièrement difficile, est-ce le recrutement dont vous êtes le plus fier ?
Non, pour moi, la venue d’Umaga reste plus forte car il est venu en Pro D2, dans un club que personne ne connaissait. D’ailleurs, s’il est venu, c’est que j’avais dû faire en sorte de ne pas lui dire que nous étions en Pro D2. Il a dû le découvrir en route ! Maintenant, je suis fier du recrutement de Bastareaud. Il y a eu des joutes, c’était amusant. C’est peut-être aussi le premier transfert dans l’histoire du rugby.
Estimez-vous que le recrutement 2011-2012 est supérieur à celui de la saison dernière ?
Largement et encore il nous manque deux joueurs qu’on avait signés et qui nous ont fait faut bond : Gorgodze et Cronje. Gorgodze, vous en avez entendu parler, mais on n’a pas voulu ébruiter le cas Cronje, qui a préféré rester au Racing. Maintenant, il y a deux ans, nous sortions d’une année d’euphorie et dans les victoires, on cible mal ses points faibles puisque tout va bien. Au sortir d’une saison difficile, on a pris plus du temps pour le faire. On a bien compensé nos lacunes et constitué un vrai groupe dans lequel on peut interchanger des joueurs sans perdre de la qualité et de la puissance. Dans les matchs serrés, c’est le banc qui fait la différence. Surtout, il y a un bien meilleur état d’esprit que la saison passée.
Vous semblez confiant…
J’ai l’intime conviction que lorsqu’on sera au complet et si on n’est pas en trop mauvaise place au retour des internationaux, ça peut le faire. Je reprends un slogan qui a réussi à quelqu’un d’autre par le passé : cette saison, je ressens une force tranquille qui émane de ce groupe. C’est la première fois que je ressens ce sentiment, malgré mes angoisses d’avant-saison. Je peux me tromper lamentablement, comme ça m’est déjà arrivé, mais il y a une ambiance, les gens bossent et se taisent et puis il y a des signes qui ne trompent pas. Dès que les nouveaux sont arrivés, on a eu le sentiment qu’ils avaient toujours été là. Quand Smith marque son essai face aux Saracens, Bastareaud lui saute dessus comme s’il l’avait toujours connu. Il y a une joie collective qu’il n’y avait pas la saison dernière.
Justement, ressentez-vous de l’amertume par rapport à la saison dernière ?
L’amertume est un sentiment de faible. J’en ai tiré des enseignements, mais pour moi le problème de la saison passée, c’est qu’on n’avait pas faim. On a vécu sur la saison d’avant et on avait le ventre plein. Montpellier avait plus faim que nous. J’ai compris qu’on allait perdre le dernier match après avoir vu un reportage télé où Galthié avait une perruque et imitait Gabi Lovobalavu devant ses joueurs. Ils avaient une énergie, une envie et une folie que nous n’avions pas. Pour gagner, on aura besoin de stars mais aussi de la folie des gamins. C’est le mix des deux qui nous fera gagner.
Vous l’avez compris un peu tard ?
J’observe et j’avance. Je l’ai compris en voyant la perruque de Galthié. Si un jour on est champion, je ne demanderai pas le scooter, mais la perruque de Galthié.
En juin dernier, vous avez revendu Soleil Éditions pour vous consacrer pleinement au RCT. Qu’est ce que ça change dans votre vie ?
J’ai une vision différente du club. Il y a beaucoup de choses que je ne voyais pas avant parce que j’étais dans l’urgence, et dans l’urgence, on fuit les problèmes. J’ai maintenant une ambition nouvelle car je n’ai plus le handicap du temps. Avant j’avais des idées, mais peu de temps pour les mettre en place. Aujourd’hui, c’est l’inverse. Il me faut des idées pour occuper mon temps.
Vous courez après le temps ?
C’est un défi avec le temps, oui. Même si ça ne se voit pas, j’ai passé cinquante ans et là, tu te demandes : c’est quoi la recherche de la jeunesse ? C’est vivre ce que tu n’as pas encore vécu. Quand on est jeune, on vit plein de choses pour la première fois. C’est extraordinaire. Dans l’édition, j’ai tout connu, le succès, les prix, les États-Unis. Quand on commence à revivre les mêmes choses, c’est qu’on est vieux et si je veux encore rester un peu jeune, il faut aller vers des choses que je ne connais pas. Le rugby m’offre ça et, pour l’instant, ça me va bien. Je suis très curieux de connaître la sensation de gagner un titre. On a gagné le Pro D2, mais ce n’était que le Pro D2. C’est donc un choix de vie qui correspond à ma philosophie.
Au niveau économique, vous avez fait passer le budget de 20,5 à 23 millions d’euros, sans être qualifié pour la H Cup. Comment ?
D’abord, l’arrivée de l’équipementier Burrda, qui est un très gros partenaire, amène des moyens nouveaux au club. Ensuite, on a plus d’abonnés (9 880 contre 9 640) et le budget partenariat s’est maintenu alors que c’était inespéré. On a la possibilité de créer assez vite sept ou huit loges supplémentaires en fin de saison car on a une grosse demande. En terme de développement, j’espère finaliser avec un ou deux gros partenaires. Il faut développer les produits dérivés et mieux professionnaliser la structure. Il y a un gros chantier passionnant, mais on est aussi dépendant des résultats sportifs. Pour conserver cet engouement, on ne pourra pas décevoir tous les ans.

A trois jours de l’ouverture de la saison face à Biarritz, Mourad Boudjellal, le président du RCT, évoque l’échec de la saison dernière, le recrutement, ses espoirs, sa nouvelle vie…

Le traumatisme du match inaugural perdu face à Bayonne, la saison dernière, est-il encore présent dans le groupe ?

Oui, on le sent. On ne l’a pas exorcisé. On l’a porté toute une saison et samedi, tout le monde va y penser. J’appréhende ce match face à Biarritz car le fantôme de Bayonne va planer et puis il y aura d’autres Basques sur la pelouse. Il faut gagner ce premier match pour ne pas repartir dans le même karma que la saison dernière. Nous avons quelques rendez-vous, décidés cette saison entre nous, que nous ne voulons pas louper. Le premier match en fait partie. La seule chose dont on est certain, c’est que l’équipe de Toulon a envie.

Comment sentez-vous cette nouvelle saison ?

Je la sens comme l’année où est venu Umaga (2006-2007, Ndlr). Il y a beaucoup d’excitation et j’ai rarement senti une telle ferveur. Paradoxalement on est tombé très bas dans l’estime des Toulonnais après la défaite de la saison dernière à Montpellier et là, c’est revenu beaucoup plus fort. Dans cette ville, les gens sont fous. Ils sont dans l’excès total.

L’effet Bastareaud, peut-être ?

Ce dossier a pris des proportions assez incroyables, avec les Parisiens contre le Sud, Bernard Laporte et les escrocs canadiens, et le fait que Mathieu Bastareaud maintienne son envie de venir à Toulon. Je pense que cela a été vécu comme une victoire. C’est aussi une grosse plus-value pour le club car Bastareaud n’est pas n’importe quel joueur. Il est sur la bonne voie. Il a perdu du poids. Il tient son challenge et démontre sa volonté.

Le pari est quand même osé car on n’a plus vu le vrai Bastareaud depuis deux ans…

Il y a zéro pari. Bastareaud, c’est un joueur rare. C’est la gueule de demain du rugby français et on ne peut pas le juger sur une saison difficile parce qu’il n’est pas bien dans un club. C’est gagné d’avance. Il faut être aveugle pour ne pas voir son potentiel. Il y a très peu d’équivalent sur la planète rugby. Dans son style, il est unique. Pour moi, au centre aujourd’hui, il y a Sonny Bill Williams et Mathieu Bastareaud.

C’est un beau rêve de président de pouvoir les associer…

Oui. Cela ferait une très belle paire de centres… (il sourit)

Parce que ce dossier a été particulièrement difficile, est-ce le recrutement dont vous êtes le plus fier ?

Non, pour moi, la venue d’Umaga reste plus forte car il est venu en Pro D2, dans un club que personne ne connaissait. D’ailleurs, s’il est venu, c’est que j’avais dû faire en sorte de ne pas lui dire que nous étions en Pro D2. Il a dû le découvrir en route ! Maintenant, je suis fier du recrutement de Bastareaud. Il y a eu des joutes, c’était amusant. C’est peut-être aussi le premier transfert dans l’histoire du rugby.

Estimez-vous que le recrutement 2011-2012 est supérieur à celui de la saison dernière ?

Largement et encore il nous manque deux joueurs qu’on avait signés et qui nous ont fait faut bond : Gorgodze et Cronje. Gorgodze, vous en avez entendu parler, mais on n’a pas voulu ébruiter le cas Cronje, qui a préféré rester au Racing. Maintenant, il y a deux ans, nous sortions d’une année d’euphorie et dans les victoires, on cible mal ses points faibles puisque tout va bien. Au sortir d’une saison difficile, on a pris plus du temps pour le faire. On a bien compensé nos lacunes et constitué un vrai groupe dans lequel on peut interchanger des joueurs sans perdre de la qualité et de la puissance. Dans les matchs serrés, c’est le banc qui fait la différence. Surtout, il y a un bien meilleur état d’esprit que la saison passée.

Vous semblez confiant…

J’ai l’intime conviction que lorsqu’on sera au complet et si on n’est pas en trop mauvaise place au retour des internationaux, ça peut le faire. Je reprends un slogan qui a réussi à quelqu’un d’autre par le passé : cette saison, je ressens une force tranquille qui émane de ce groupe. C’est la première fois que je ressens ce sentiment, malgré mes angoisses d’avant-saison. Je peux me tromper lamentablement, comme ça m’est déjà arrivé, mais il y a une ambiance, les gens bossent et se taisent et puis il y a des signes qui ne trompent pas. Dès que les nouveaux sont arrivés, on a eu le sentiment qu’ils avaient toujours été là. Quand Smith marque son essai face aux Saracens, Bastareaud lui saute dessus comme s’il l’avait toujours connu. Il y a une joie collective qu’il n’y avait pas la saison dernière.

Justement, ressentez-vous de l’amertume par rapport à la saison dernière ?

L’amertume est un sentiment de faible. J’en ai tiré des enseignements, mais pour moi le problème de la saison passée, c’est qu’on n’avait pas faim. On a vécu sur la saison d’avant et on avait le ventre plein. Montpellier avait plus faim que nous. J’ai compris qu’on allait perdre le dernier match après avoir vu un reportage télé où Galthié avait une perruque et imitait Gabi Lovobalavu devant ses joueurs. Ils avaient une énergie, une envie et une folie que nous n’avions pas. Pour gagner, on aura besoin de stars mais aussi de la folie des gamins. C’est le mix des deux qui nous fera gagner.

Vous l’avez compris un peu tard ?

J’observe et j’avance. Je l’ai compris en voyant la perruque de Galthié. Si un jour on est champion, je ne demanderai pas le scooter, mais la perruque de Galthié.

En juin dernier, vous avez revendu Soleil Éditions pour vous consacrer pleinement au RCT. Qu’est ce que ça change dans votre vie ?

J’ai une vision différente du club. Il y a beaucoup de choses que je ne voyais pas avant parce que j’étais dans l’urgence, et dans l’urgence, on fuit les problèmes. J’ai maintenant une ambition nouvelle car je n’ai plus le handicap du temps. Avant j’avais des idées, mais peu de temps pour les mettre en place. Aujourd’hui, c’est l’inverse. Il me faut des idées pour occuper mon temps.

Vous courez après le temps ?

C’est un défi avec le temps, oui. Même si ça ne se voit pas, j’ai passé cinquante ans et là, tu te demandes : c’est quoi la recherche de la jeunesse ? C’est vivre ce que tu n’as pas encore vécu. Quand on est jeune, on vit plein de choses pour la première fois. C’est extraordinaire. Dans l’édition, j’ai tout connu, le succès, les prix, les États-Unis. Quand on commence à revivre les mêmes choses, c’est qu’on est vieux et si je veux encore rester un peu jeune, il faut aller vers des choses que je ne connais pas. Le rugby m’offre ça et, pour l’instant, ça me va bien. Je suis très curieux de connaître la sensation de gagner un titre. On a gagné le Pro D2, mais ce n’était que le Pro D2. C’est donc un choix de vie qui correspond à ma philosophie.

Au niveau économique, vous avez fait passer le budget de 20,5 à 23 millions d’euros, sans être qualifié pour la H Cup. Comment ?

D’abord, l’arrivée de l’équipementier Burrda, qui est un très gros partenaire, amène des moyens nouveaux au club. Ensuite, on a plus d’abonnés (9 880 contre 9 640) et le budget partenariat s’est maintenu alors que c’était inespéré. On a la possibilité de créer assez vite sept ou huit loges supplémentaires en fin de saison car on a une grosse demande. En terme de développement, j’espère finaliser avec un ou deux gros partenaires. Il faut développer les produits dérivés et mieux professionnaliser la structure. Il y a un gros chantier passionnant, mais on est aussi dépendant des résultats sportifs. Pour conserver cet engouement, on ne pourra pas décevoir tous les ans.

Source: varmatin.com

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  1. Milhouse83 25 août 2011 à 13h

    http://www.lequipe.fr/Rugby/breves2011/20110825_1

    Dav lien d'un article sur l'équipe fort intéressant.

    GALTHIE ne dit pas que des conneriesc'est moi ou j'ai l'impression qu'il serait pas contre l'idée de venir entraîner chez nous !

  2. Winawin 25 août 2011 à 14h

    Les mots d'un Prez très réfléchi et visionnaire, qui semble prendre du recul et mieux analyser, en ayant moins le nez dans le guidon. Je l'apprecie de + en + et je le trouve de mieux en mieux taillé pour son nouveau costume de Prez à plein temps. Pilou Pilou!!!!

  3. Georges 25 août 2011 à 14h

    😳 :mrgreen: …Le PREZ….préside…et les coachs..s'ils ne n'en vont pas toutes les saisons…….coachent !!!!!!!!!!!!!!!!! Allez TOULON 🙂

  4. eric.7283 25 août 2011 à 16h

    je crois que mourad n a pas vu jouer manu tuilagui! il est très jeune est certainement aussi bon que sbw et largement plus fort que basta.

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