Lors d’un long entretien accordé à Var-matin, le président du Rugby Club Toulonnais, Mourad Boudjellal a évoqué la situation du club de La Seyne, pensionnaire de la Fédérale 1 depuis plusieurs saisons désormais.

Il explique que pour espérer monter en Pro D2, les dirigeants de l’USS devront forcément se décider à recruter des joueurs étrangers, chose qu’ils ont évité jusqu’à présent. Extrait:

« Si on veut monter rapidement, il n’y a pas d’autres solutions. On a besoin d’étrangers. C’est ce que nous avons fait avec Toulon. Il faut savoir que les bons joueurs français ont du mal à jouer en Pro D2, encore moins en Fédérale 1 ! Les étrangers, eux, s’en foutent. Est-ce choquant ? Il y a un débat plus général sur cette question. Est-ce qu’un club est une filiale de la formation française ou une identité à part entière ? S’il était une filiale de la formation, ce serait choquant. Mais à partir du moment où un club a sa propre identité, il a le droit de recruter comme il l’entend. »

Néanmoins, Mourad Boudjellal tient à relever le courage des dirigeants de La Seyne de tout miser sur ses joueurs formés au club pour la plupart. Il explique également souhaiter que le rugby ait un rôle d’intégration et de socialisation à La Seyne. Extrait:

« C’est courageux, mais aussi intéressant car il y a un bon vivier  dans la région. Cela leur a plutôt pas mal réussi jusqu’à présent. Cette année, ils ont plus de difficulté car ils évoluent dans une poule particulièrement relevée avec de nombreux clubs pros. De plus, ils vivent dans l’antichambre du RCT. En PACA, le RCT c’est Attila. En terme de partenariat, la vitrine du RCT n’a pas d’équivalent. Mais il peut y avoir des partenaires qui s’intéressent à La Seyne avec d’autres objectifs que les nôtres, avec des besoins différents. Je trouve que l’USS a aussi un rôle sociétal à jouer. Les stades se situent aux frontières d’une zone urbaine difficile. Ce serait bien que le rugby soit implanté dans ces zones-là. Pourquoi n’y aurait-il que le foot vecteur de socialisation ou d’intégration ? Le rugby prône autant de valeurs. Le RCT a contribué à rendre ce sport aussi populaire que le foot dans le département. Fatalement, les jeunes sont attirés par la balle ovale. Autant en profiter, même si je sais que l’USS travaille déjà dans ce sens. »

Le président Varois est prêt à donner quelques conseils à l’USS pour évoluer. Pour cela, il pense qu’une fusion avec le club de Six-Fours est primordial. Extrait:

« Moi, je pense que le passage obligé c’est la fusion avec Six-Fours. Cela aurait du sens, avec un potentiel économique et démographique supérieur. Le rugby, ce n’est pas le football. Il n’y a pas de secret: quand on fait jouer dix fois des amateurs contre des pros, le résultat est toujours le même. La surprise n’existe pas. »

Mourad Boudjellal verrait d’un très bon œil la montée de La Seyne en Pro D2. En effet, cela permettrait au Rugby Club Toulonnais de prêter ses joueurs à un club limitrophe afin de les récupérer plus tard, une fois aguerris. Extrait:

« Je pense qu’il y a même la place pour une équipe Seynoise en Pro D2 ! Le problème du RCT est d’être totalement isolé. Si on veut prêter un joueur, il va loin. Nous avons le besoin de prêter des joueurs afin qu’ils s’aguerrissent. Certains n’ont plus rien à faire dans le championnat Espoirs. Sauf qu’ils ne sont pas encore prêts pour le Top 14. Je préférerais les voir à La Seyne plutôt qu’en Midi-Pyrénées. La Fédérale 1, en revanche, je dis non. C’est un autre rugby. La Pro D2, ce serait vraiment intéressant pour les deux partis. Sous forme de partenariat comme on l’a déjà fait avec Albi. »

Néanmoins, le président du RCT estime que La Seyne doit évoluer et ne dois plus se concentrer uniquement sur la formation, un domaine qui ne rémunère pas assez. Extrait:

« La formation de La Seyne est leur marque de fabrique. C’est dans leur ADN. Maintenant, il faut que ce club évolue parce que la formation n’est pas très rémunératrice. Je prends l’exemple de Gaël Fickou. Le RCT a touché 75 000 euros alors qu’il y a évolué deux saisons. Et La Seyne, où il y a été formé pendant 10 ans, a touché 600 euros d’après ce que m’a dit Thierry. Vous conviendrez que c’est anormal. »

Pour conclure, il explique être prêt à aider La Seyne en terme de gestion. Néanmoins, il ne souhaite pas investir économiquement. Extrait:

« Économiquement non. Mon club c’est le RCT. Mais si on peut les aider, on le fera. En terme de gestion par exemple, pour faire rapidement des économies, ou de partenariat, avec des délocalisations à Mayol… Ce club n’est pas anecdotique. Chaque fois que je viens au stade, il est plein. Marquet, c’est un petit Mayol. Tous les Seynois sont en tribunes. Le match du dimanche, c’est un événement. Si l’USS venait à disparaître en Fédérale 2 ou 3, ce serait un gros vide. Et pas seulement pour les Seynois. »