Le Journal du Dimanche nous informe que le président du Rugby Club Toulonnais, Mourad Boudjellal a réalisé un magnifique coup de maître dans son affaire qui l’oppose à l’EPCR, la société organisatrice de la Coupe d’Europe.

Rappel des faits : 

Depuis deux ans, le patron du RCT entretient des relations très tendues avec l’EPCR. Tout a commencé le jour où le trois-quarts centre Mathieu Bastareaud a dérapé lors d’un match contre Trévise au Stade Mayol en insultant un joueur Italien de « fucking faggot », une insulte jugée homophobe par l’EPCR.

Taclé de toute part, Mathieu Bastareaud a rapidement été défendu par son président Mourad Boudjellal, lequel avait alors taclé l’EPCR. Extrait:

« Ce que je crains c’est le côté mormon de l’EPCR, avec les Gallois et les Irlandais. Ce sont des gens qui vendent de la morale alors qu’ils n’en ont pas. Les mêmes qui ont des ministres qui se font fouetter dans le privé mais qui passent pour des mecs ‘cleans’ en public. »

Dans la foulée, vexée par ces propos, la Commission de discipline de l’EPCR décidait de convoquer Mourad Boudjellal pour le sanctionner d’une amende de 75 000 euros et d’un retrait de 5 points au classement de Coupe d’Europe en cas de récidive, durant les trois années qui suivent.

L’affaire n’en est pas restée là puisqu’en mars 2018, Mourad Boudjellal a refusé de régler cette amende. Et en ce début de saison, l’EPCR a tout simplement décidé de prélever 175 000 euros (à savoir 75 000 euros de l’amende initiale + 100 000 euros de frais de justice) du montant global qu’il redistribue chaque année à la Ligue Nationale de Rugby.

Autrement dit, l’EPCR a forcé les choses en retirant 175 000 euros de la somme qu’elle attribue annuellement à la LNR.

Questionné à ce sujet via le JDD, Mourad Boudjellal a donné quelques détails. Extrait:

« Là-dessus, la Ligue a voté un article rétroactif disant que, dans ce cas de figure, si une somme était retirée de la caisse commune, elle l’imputerait sur le club concerné. Mais la rétroactivité en la matière est impossible. »

C’est alors que le président du RCT a eu une idée ingénieuse : il a demandé à la Ligue d’être solidaire avec le club Varois et de payer la somme à sa place.

Pour cela, un vote à bulletin secret a eu lieu lors du Comité directeur de la LNR. Mourad Boudjellal précise. Extrait:

« Un vote à bulletins secrets a été demandé. Ce n’était pas bon signe d’autant que je ne sentais pas les membres du bureau très favorables à ma requête… J’ai été très touché que des présidents de clubs montent au créneau pour me défendre. »

Au final, le résultat était à l’équilibre avec autant de POUR que de CONTRE. Mais le président de la Ligue, Paul Goze a finalement décidé de trancher en faveur de Mourad Boudjellal car le patron du RCT s’est engagé par écrit à reverser la somme à la Ligue s’il n’obtenait pas gain de cause en justice dans le cadre des procédures engagées contre l’EPCR auprès du procureur de la République de Toulon.

Mourad Boudjellal n’a pas manqué d’en rajouter une couche sur l’EPCR. Extrait:

« L’EPCR, c’est comme Groland. C’est une république à elle seule, avec ses lois. Platini disait à propos de la Fifa : ‘Qui sont ces gens pour me juger?’ Quand il est passé devant des juridictions normales, il a été quasiment blanchi. Il faut que, dans le monde du sport, les règlements respectent le droit. Trop de règlements font fi du droit pour une raison simple. La seule question que se posent ceux qui bâtissent ces règlements est : ‘Est-il est attaquable en référé?’ S’il ne l’est pas, ils s’en foutent parce que ça prend des années pour obtenir gain de cause. »

Pour conclure, Mourad Boudjellal annonce que cette affaire n’est – de toute façon – pas terminée. Extrait:

« L’histoire n’est pas terminée parce que maintenant, la vraie justice va parler. Je vais estimer le préjudice que ça m’a causé de recevoir 350 mails en harcèlement et d’être traité d’homophobe vis-à-vis de mes partenaires et de tout le monde. Je travaille maintenant sur ma demande indemnitaire. J’ai attaqué les trois magistrats qui m’ont qualifié d’homophobe dans les attendus du jugement. J’ai aussi attaqué l’EPCR en diffamation et en tentative d’extorsion de fonds. »