Mourad Boudjellal s’exprime pour Rugby 365

Mourad Boudjellal s’exprime pour Rugby 365

23 décembre 2010 - 9:57

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Mourad Boudjellal, quel sentiment vous procure la première place de Toulon dans la poule 3 en H Cup ?
Elle était improbable après notre défaite au Munster voire même dès le tirage au sort du groupe. Elle n’est pas définitive, on en est conscient, on savoure juste le présent en sachant peut-être que l’avenir ne nous qualifiera pas. On a envie aujourd’hui de se dire qu’on finira l’année 2010 en étant premiers de notre poule. Rien que pour ça, on aurait signé. On n’a plus de pression. Quoi qu’il se passe, l’objectif est atteint. Il fallait rester invaincu à Mayol en H Cup. Si on était resté invaincu à Mayol, on aurait eu 12 points… on en a 13.

Ce succès face aux London Irish (38-17) a-t-il une saveur particulière ?
Oui. On connaissait l’enjeu. Ça nous a confortés dans la valeur du groupe. A chaque match, on fait tourner de façon importante. On avait changé huit joueurs par rapport au match aller. Des joueurs qui étaient au frigo sont quand même là. Vu le calendrier qu’on a avec un déplacement à Bayonne, une réception de Biarritz, un match au Racing et la réception du Munster, on va avoir besoin de tout le monde durant le mois de janvier pour répondre présent. Pendant ce temps, les joueurs du Munster vont préparer le réveillon de Noël, vont partir en vacances et vont regarder le match à la télé. Ils seront frais et dispo.

La guerre psychologique a aussi débuté en coulisses. Gardez-vous une rancœur du match aller ?
J’ai eu beaucoup de respect pour le Munster et le public irlandais. J’ai trouvé très classe le silence pendant les pénalités. Mais j’ai trouvé les déclarations de certains joueurs complètement déplacées (ndlr : Donnacha O’Callaghan avait déclaré que Toulon était une équipe composée de mercenaires). Quand on connaît le niveau de salaire et leur mode de rémunération bien supérieur au nôtre… Ce sont des petits détails. Le Munster est dans une culture renfermée sur lui-même. Je prends pour exemple la réception d’après match. La bière était gratuite et le vin payant. On ne reconnaît pas la culture des autres. Coluche disait : “en Europe, il y a les buveurs de vin et les buveurs de bière“. A Toulon la bière sera gratuite parce qu’on reconnaît la culture des autres. J’ai trouvé ce côté-là un peu outrageant. Pour eux, tout le monde boit de la bière, ce côté “ce qui se passe chez nous se passe dans le monde“. N’en concluez pas que je suis un alcoolique (rires) ! C’est pour le principe.

« Je mérite une médaille de la ville de Bayonne »

Est-ce une manière de faire monter la pression pour ce huitième de finale avant l’heure ?
Il n’y en a pas besoin. Ce qu’on veut avant tout, c’est de montrer au Munster qu’on va bien les recevoir. On va tout mettre en œuvre pour que ce soit une grande fête. On va essayer de faire en sorte que le public de Mayol soit la hauteur du public du Munster sur les pénalités. Ce ne sera pas évident parce qu’on est des Méditerranéens, on ne peut pas aller contre nature. C’est un match de gala pour nous dans un Mayol qui sera normalement archi comble. On veut fêter cet événement comme le retour du RCT au haut niveau qu’il a quitté depuis trop longtemps. Quoi qu’il se passe, on va jouer le Munster pour une éventuelle place en quarts de finale européen. En soit, on a déjà gagné notre pari.

Vivez-vous cette réussite sur le plan européen comme une revanche ?
Les critiques au rugby sont comme les critiques au cinéma. Les meilleurs critiques n’ont jamais fait un bon film ou une bonne équipe. On les écoute mais c’est tout. Ce n’est pas parce qu’on critique qu’on sait faire.

Avez-vous douté il y a un mois et demi après les trois défaites de suite de Toulon ?
Non parce que j’ai vu que le groupe ne vivait pas bien cette mauvaise passe. Je voyais l’état d’esprit du groupe, il voulait réagir. Je connais la valeur de mes joueurs. Mais je ne pensais pas qu’on était capable d’aligner les performances comme ça jusqu’à la fin de l’année. On a un match qui se profile à Bayonne (14eme journée de Top 14). On est « génération Top 14 » avant d’être H Cup. On a envie d’aller à Bayonne pour montrer qu’on est un digne représentant de la France en H Cup et qu’on reste sur un mauvais goût au match aller. Ils nous avaient tapé à Mayol (22-26, 1ere journée). On a une revanche à prendre. Bayonne est une belle équipe, en train de se structurer pour faire partie des leaders du rugby français dans les années à venir. Ça va être une belle fête. C’est la première fois que je vais aller à Bayonne. Je vais prendre plaisir à entendre les chants et voir ce public qu’on cite parmi l’un des meilleurs de France. J’aimerais bien avoir des étrennes de quatre points.

En parlant d’étrennes, la prolongation de contrat de Jonny Wilkinson se précise. Quand sera-t-elle officialisée ?
Si tout va bien, elle sera dans la hotte du père Noël. (Il s’arrête avant de reprendre) Je pensais recevoir la médaille de la ville de Bayonne. J’espère qu’ils me l’ont préparée pour ma venue. En deux journées, on a perdu chez nous face à Bayonne (22-26, 1ere journée de Top 14) avant de gagner à Biarritz (3-13, 2eme journée). Je pensais amplement mériter la médaille de la ville de Bayonne. J’étais très déçu qu’on ne me l’ait pas proposée. J’espère qu’ils auront la délicatesse de me la remettre cette fois.

« Wilkinson est plus toulonnais que n’importe quel Toulonnais »

Revenons à Jonny Wilkinson. Cette prolongation est-elle importante pour vous et pour Toulon ?
Jonny est plus toulonnais que n’importe quel Toulonnais. On a envie de le garder, il a envie de rester. Il y a des choses à régler dans les contrats. Il a son rythme, j’ai le mien. Il est parti mardi en Angleterre pour passer les fêtes là-bas. Dimanche, il sera à l’entraînement à Toulon. Si tout va bien, la semaine prochaine, ce sera un dossier qui fera partie du passé. Si tout va mal, il faudra chercher un autre 10. Il y en a quelques uns qui sont pas mal sur la planète rugby

Le nom du Montpelliérain Julien Tomas revient fréquemment vers Toulon. Est-ce une piste d’actualité ?
Julien Tomas a dit lui-même qu’il avait reçu une offre de Toulon. La seule chose que je peux dire c’est que c’est vrai. C’est un joueur qu’on regarde et qui nous intéresse. Il a aussi une offre de Montpellier qui est un excellent club. Quelque soit sa décision entre Montpellier et Toulon, il fera un excellent choix.

Quid des Australiens (Matt Giteau, Adam Ashley-Cooper, Drew Mitchell) et du troisième ligne de Montpellier Mamuka Gorgodze ?
Il y a des pistes qui sont vraies et d’autres qui sont fausses. On fait partie des trois ou quatre clubs qui veulent se renforcer la saison prochaine. La saison officielle pour la signature des transferts commence le 1er février. Tout le monde sait très bien qu’avant la fin janvier, les meilleurs joueurs seront tous signés. Les tractations commencent de plus en plus tôt. D’autant qu’on est dans une année de Coupe du monde. Les joueurs veulent très vite être fixés sur leur avenir. Je n’ai pas changé de style depuis cinq ans. On est en contacts avec quelques uns des noms redondants de la planète. Quelques uns viendront, d’autres ne viendront pas.

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