Auteur d’une tournée d’automne éclatante, Nicolas Depoortere (22 ans) s’est imposé comme l’une des révélations majeures du XV de France. Quatre essais, une activité débordante et un impact défensif rarement vu à son âge : le centre de l’UBB a marqué de très gros points… au point de s’inviter dans les débats sur le futur milieu de terrain des Bleus.

Une action décisive qui résume son niveau

Face à l’Australie, samedi au Stade de France, une action à l’heure de jeu raconte mieux que les statistiques l’apport du jeune Bordelais.

Alors que le score est encore serré (27-26), Fraser McReight récupère un ballon cafouillé. Depoortere lui rentre dedans sans attendre, plaquage bas, solide, propre, qui renverse la dynamique. La France gratte une pénalité derrière.

Sébastien Calvet, son ancien sélectionneur U20, détaille via L’équipe :

« Sur ce plaquage offensif, Nico, malgré sa taille (1,93 m pour 87 kg), est capable d’avoir un centre de gravité bien bas, les pieds bien plantés au sol, et de le repousser. (…) Il est à la fois très explosif et très physique. Il est grand mais va très vite. »

Une qualité rare chez un joueur aussi longiligne.

À l’UBB, Bru n’est pas surpris

Pour son manager Yannick Bru, Depoortere est simplement en train de montrer à la France ce qu’il montre à Bordeaux depuis cet été :

« Nico ressort de ce match par son énergie et son activité. On voit son punch, il est présent partout. (…) À un moment dans les matchs serrés, on sait qu’il va amener ce supplément d’âme. »

Revenu physiquement après une saison perturbée par les blessures, le centre est devenu indispensable.

Décisif, que ce soit en défense ou dans l’en-but

Contre les Fidji, devant son public, Depoortere avait marqué ses deux premiers essais en bleu.
Face à l’Australie, deux nouveaux essais, plus un troisième finalement annulé sur une interception de 60 mètres.

Ses statistiques du soir impressionnent :

• 6 plaquages, 100 % de réussite
• 26 mètres parcourus ballon en main

Calvet insiste :

« Nico en impose. C’est un combattant, un gars déterminé. (…) Il a un fort impact sur ses coéquipiers. C’est un mec humble. Il parle peu mais est apprécié de tous. Ce n’est pas un hâbleur. »

Un leader naturel malgré son jeune âge

Aligné aux côtés de l’immense Gaël Fickou (98 sélections), Depoortere a donné une impression de tranquillité bluffante. Bru envisage même un rôle plus central dans les années à venir :
« Sans m’avancer, il va falloir compter avec lui au centre de l’équipe de France. (…) Nico a une polyvalence intéressante parce qu’il peut s’adapter. Il est aussi remarquable de maturité. »

Son repositionnement en 12 a élargi son registre, renforçant son profil de centre complet.

Un poste très concurrentiel, mais Depoortere avance vite

Le centre profite aussi de l’absence de Yoram Moefana et de Pierre-Louis Barassi pour s’affirmer. Kalvin Gourgues, Émilien Gailleton ou Fabien Brau-Boirie prétendront eux aussi à ce rôle dans les années à venir, mais Depoortere a pris une longueur d’avance.

Son coach à l’UBB, Noel McNamara, raconte :

« Je lui ai envoyé un message ce matin pour le féliciter. Il m’a répondu qu’il voulait revenir et travailler pour devenir plus fort. Nicolas se demande toujours comment il peut faire mieux. »

Et il voit même un duo prometteur avec Moefana :

« Son association avec Yoram (…) peut vraiment être très intéressante, un peu comme à une époque Conrad Smith-Ma’a Nonu (…) ou D’Arcy-O’Driscoll. »

Une montée en puissance irrésistible

À 22 ans seulement, Depoortere s’installe au cœur du projet tricolore. Entre volume, punch, polyvalence et mentalité exemplaire, le centre coche toutes les cases.
Et s’il continue sur ce rythme, la question ne sera bientôt plus de savoir s’il jouera la Coupe du monde 2027… mais quel rôle il y tiendra.