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Nicolas Sanchez, de Bordeaux à Toulon

Nicolas Sanchez, de Bordeaux à Toulon

Le samedi 21 février 2015 à 10:11 par David Demri

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Il revenait de Nouvelle-Zélande, troisième escale du Four Nations, début septembre. Le téléphone a sonné. « Mon agent m’a dit : il y a un joueur blessé à Toulon. J’ai pris le temps réflexion. »

Juan Martin Fernandez-Lobbe, Varois depuis 2009 et capitaine en sélection argentine, n’était pas loin. « Il m’a dit : C’est un club énorme, viens?. » Et Nicolas Sanchez est devenu toulonnais.

Cinq mois plus tard, il est même bien plus qu’un faire-valoir dans la galaxie locale : 10 matchs dont 9 titularisations depuis ses débuts en novembre (6 de Top 14, 4 de Champions Cup), suffisant pour que le club étudie la prolongation de la pige au-delà du retour à la compétition de Frédéric Michalak. « Normalement, ce sera le cas. J’ai parlé la semaine dernière avec mon agent qui a eu le président. Il m’a dit que je resterai jusqu’à la fin de la saison. J’ai suivi les phases finales à la télé l’an passé, j’espère cette fois les vivre. » Auparavant, le Puma va retrouver une terre plus familière : le stade Chaban-Delmas. Comme titulaire, sa principale revendication durant trois saisons à l’Union Bordeaux-Bègles où il n’a jamais débuté dans l’enceinte. Lui ne voit pas son retour comme ça : « J’ai hâte, ça va être un match différent, surtout car je connais bien l’ambiance. L’UBB joue avec une autre motivation là-bas et ça va être énorme. »

Parti fâché, mais page tournée

La dernière fois, en mai après Biarritz, il avait quitté le lieu, vite et vexé. Touché ne pas avoir été aligné lors de l’ultime journée, celle des adieux. « J’étais déçu, mais c’est normal : tous les joueurs veulent jouer », dit-il. « C’est du sport de compétition, je n’avais pas de cadeaux à faire, dit l’entraîneur des arrières Vincent Etcheto. Rafael Carballo avait beaucoup donné au club et n’avait pas joué non plus. J’espère qu’on se verra, qu’on aura le temps de discuter. »

Fin janvier, à une question fermée en conférence de presse, Sanchez avait évoqué une revanche sur ces trois saisons girondines qui ont tourné à l’envers : quatre coups de pieds décisifs manqués en symbole, mais aussi des blessures venues le faucher dès que ses prestations lui ouvraient des horizons (Castres, Oyonnax la saison dernière), des passages en sélection brillants mais des retours à digérer et la concurrence à surmonter. « S’imposer, ou pas, c’est un équilibre délicat, des circonstances, dit le troisième ligne bordelais Louis-Benoît Madaule. Il est arrivé au moment où Camille (Lopez) a explosé et derrière, il est tombé sur Pierre (Bernard). » « Je n’ai pas su le faire entrer dans le collectif, et lui a parfois été bon mais n’a pas su être assez rassurant dans les moments décisifs, la gestion du money-time, dit Vincent Etcheto. Avec ces absences, les blessures, il n’a jamais eu la continuité pour être en confiance. Et je n’ai jamais reçu non plus de lettres anonymes pour le faire jouer. »

Le bourreau des Bleus en novembre – 15 points dont trois drops qui avaient épaissi le « mystère » pour Raphaël Ibanez – a « tourné la page ». « J’ai beaucoup de respect pour tout le monde à l’UBB, pour Laurent Marti. J’ai rencontré des bons mecs. Je n’oublie pas que c’était mon premier club pro, qui est venu me chercher à Tucuman. Maintenant, je pense à Toulon. »

À Moga, où il est resté en contacts avec pas mal de monde, son rebond a été accueilli avec plus que d’enthousiasme que de dépit ou regrets. L’Argentin s’est installé au bord de la mer à Carqueiranne et s’éclate. « En terme de climat, je dirais que Bordeaux c’est Buenos Aires ; Toulon ressemble plus à chez moi, à Tucuman, avec du soleil et 15 °C tout l’hiver. Je me plais beaucoup. »

« Exigence permanente »

Le vestiaire toulonnais a de quoi intimider, le joyeux Argentin y a vite trouvé sa place. « Ce sont des stars dans le rugby mais des mecs sympas, gentils. Ils m’ont vite accueilli. Après, sur le terrain, il faut montrer à chaque entraînement. C’est une exigence permanente. J’essaie d’apprendre tous les jours. »

En balance avec son compatriote Hernandez en l’absence de Giteau, il ne s’estime « pas différent. À Bordeaux, j’avais beaucoup de concurrence aussi. » « C’est le joueur que je connaissais et que j’aurais aimé voir ici, reprend Vincent Etcheto. Il a toujours ses petits défauts mais beaucoup de qualités : il a des appuis, attaque la ligne, a du pied, est courageux. Avec le RCT, il a dans l’ensemble était très bon. Ça ne m’étonne pas. »

Le camp girondin le connaît par cœur. « J’espère surtout que lui n’anticipera pas ma défense, sourit Louis-Benoît Madaule. Il faudra être attentif. Derrière une équipe qui avance, il met à profit son potentiel, sa folie. Avec le RCT, il y a certains matchs où il a douté mais on sent qu’il est bien. »

Bernard Laporte et le staff varois n’ont pas demandé de tuyaux. « On a surtout parlé de nous, dit l’Argentin. Selon moi, l’UBB a un des deux packs les plus forts du Top 14 avec le Stade Français, a élevé son niveau et fait partie des jeux les plus complets du Top 14. »

Joli clin d’œil, il pourrait pourquoi pas retrouver Lopez et Bernard en quart de finale à la Coupe du Monde. « Il reste cinq mois. Ca, j’y pense tout le temps. »

Source: Sudouest.fr

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